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1 avril 2013 1 01 /04 /avril /2013 23:37

1 avril 2013 |

 

(Suite de Extrême-droite hongroise 5: La «révolution triste»)

Avec la participation de Sam et Steph

En 1990, c’est la deuxième fois que les forces de droite et de centre-droite sortent vainqueurs. Elles sont composées de 3 forces: le Forum démocratique hongrois, le Parti chrétien-démocrate et le Parti des petits propriétaires qui est un parti historique; c’est un parti agrarien un peu nostalgique car il y a de moins en moins de paysans dans le pays hongrois. Donc ces partis sont nés un peu à la hâte, en deux ans, entre 1988 et 1990, et la maturité politique reste à venir.

http://lesazas.files.wordpress.com/2013/03/curka_pile.png?w=820

C’est là qu’entre en scène un certain István Csurka.


 

Mais qui est donc vraiment ce gai luron de Csurka?!


Un nom que l’on ne va pas retenir, mais qui est un personnage qui vaut le détour.

Il était une fois, le 27 mars 1934, un bébé qui naquit et qui tint déjà des propos antisémites. Ce bébé fut nommé István et prit le patronyme de son papa: Csurka. Rien de très nouveau donc sous le soleil du patriarcat. Voyons la chuite en attendant la chute…

En 1956, Istvàn, alors que le jeune homme n’a que…22 ans, participe à la révolte étudiante, se ramasse six mois de camp de travail obligatoire dans les dents, et, arrivé au bout de sa peine qu’on imagine assez horrible, il rallie de facto le régime de Kàdàr (le régime qui l’a puni, donc!) avec lequel il va devenir le «Csurka, István Csurka 007» («Mais qu’est-ce que ça me faisait mal au coeur de faire ça!» dira-t-il par la suite…facile!) en échange de l’appartement d’István Angyal, un autre héros de 1956 qui fut arrêté et exécuté. (Alors là, on pourra examiner cette façon de faire pour obtenir un appart sur l’Arc lémanique…)

Diplômé en dramaturgie de l’école de théâtre et de cinéma de Budapest en 1957, István Csurka est l’un des dramaturges plus connus de Hongrie. Ses premières oeuvrettes analysent le tissu social, la vie des intellectuels et les différents aspects de la responsabilité collective. Il obtient d’ailleurs le prix de littérature Jozsef Attila en 1969 et en 1980. (C’est là que l’histoire rattrape le contemporain et mérite une petite parenthèse assez rigolote. Les Huns,désignation ethnologique(Voire ce que cette « science séparée » a de suspect et inquiétant?) peuple d’origine des steppes, voire de Chine, d’Asie centrale quoi, envahirent l’Occident dans les années 300-400 après JC, sous l’égide de divers commandants dont l’hun s’appelle Attila. Hungary tire son nom de l’empire hunnique.(Ne pas confondre avec Stirner« L’Unique et sa propriété… ».Lequel Sirner n’a demandé ni obtenu le prix « machin-choze »]. Les Huns étant présupposément un peuple nomade turc. Mais là, il y a polémique parce qu’évidemment, ça ne plaît pas à tout le monde et notamment à un ancien président français qui n’est plus sous les projecteurs, mais plutôt à l’ombre.(Petit clin d’oeil à Cerversia, un internaute pressé de nous voir  parler de Sarkozy qui pourtant lui casse les coudes, tout comme à nous. Ben voilà: c’est fait!))

Dès 1972, le personnage a été censuré par le pouvoir communiste pour ses propos antisémites en public. «Beurkk (rot), vous me voyez navré, mais quand je bois, je n’arrive pas à me retenir. Il faut que j’envoie des vannes aux youpins!»- La classe et l’élégance de la crasse en plus, quoi..!!!

Ce qui ne l’empêchera pas de travailler comme journaliste au Magyar Nemzet, quotidien conservateur de 1973 et 1986 avant d’être nommé «membre du bureau de l’Union des écrivains hongrois.»

Ensuite en 1987, il se lance dans la politique et est un des vice-présidents cofondateurs du premier parti post-communiste, le MDF (Forum démocratique hongrois) qui gagne les premières élections démocratiques après le changement du régime en 1989.

C’est ainsi qu’en 1990, on retrouve Csurka comme député.

Il n’empêche que István Csurka a une forte personnalité et relativement rapidement, le MDF va le foutre dehors après qu’il en ait trop fait, qu’il ait tenu des propos violemment antisémites, qu’il ait fait des remarques de plus en plus acerbes sur le déroulement de la transition démocratique, qu’il attaque personnellement le Premier ministre Jòzsef Antall qui est tout maladou, mais qui trouve quand même la force d’expulser le malotrou du Parti en 1993. Mais la raison initiale qui a créé cette rupture avec le gouvernement a été la ratification de l’accord bilatéral ukraino-hongrois le 6 décembre 1991 et dans lequel il est stipulé que le gouvernement hongrois renonce à modifier ses frontières au profit de son pays voisin. (il en sera de même avec la Slovakie en 1995 et la Roumanie le 16 septembre 1996).

Et puis bon, il y a quand même environ 150’000 Hongrois de souche qui vivent en Ukraine, ce qu’István Csurka considère comme un renoncement aux anciens territoires hongrois. Il rejoint donc le Parti d’extrême-droite hongroise pour la justice et le Parti de la vie, le MIEP, fondé en 1993 (par… ahh noon!..Zoltàn Fenyvessy), et dont il deviendra le président en octobre 1994 et qu’il l’alimentera pendant plus de 10 ans sur la scène politique par des propos nationalistes et radicaux.

István Csurka est un militant de la cause des minorités magyares, séparées de la mère patrie par le «Traité de Trianon»  imposé à la fin de la première guerre mondiale…en 1920, qui a connu un succès indéniable. Mais le fait de parler de Trianon en Hongrie ne veut pas dire qu’on veut forcément une révision des frontières, ce n’est pas la priorité des Hongrois, mais les priorités sont la crise économique, le boulot, la surtaxation etc…Mais Trianon donne une forme telle une casquette pour couvrir toutes sortes de maux. Une solidité historique en quelque sorte, et c’est le nom de tous les maux qui sont arrivés, le ciment de toute une dépression. Et on ne peut parler de feu István Csurka sans parler du MIEP. Le MIEP, qui lui a assure une tribune où il se distingue par ses tirades antisémites, tout comme dans l’hebdomadaire qu’il anime, le «Magyar Forum».

Or ce «Parti hongrois pour la justice et la vie», (déjà une dénomination complètement con pour un parti d’extrême-droite!), fera alliance avec le Jobbik (Mouvement pour une meilleure Hongrie (décidémment, toujours un nom à la con pour un parti fasciste, raciste and Cons)), et créera ainsi une formation politique enregistrée comme «Alliance Miep-Jobbik Troisième Voie des Parties» (?) qui parlera au nom des chrétiens et luttera contre le crime comme Mac Vador! Leur slogan: «É viva l’antisémitisme!», car visiblement, István Csurka traînera toute sa vie un judéo-complexe! (Le Parti Jobbik sera traité comme il se doit dans un autre article.)

En 1998, lors des élections législatives le parti MIEP dépasse le seuil de 5% de suffrages, nécessaires pour pouvoir entrer au parlement: un résultat spectaculaire à l’époque!

Mais en 2002, le parti ne parvient pas à maintenir ce score et essuie une bâche. Désormais, le MIEP ne fera plus partie de l’élite politique et devient un petit Parti marginal, toujours sous la direction de Csurka.

Dans les années 2000, la «Radio Pannon» est une radio privée proche de István Csurka, qui a deux missions:

Ètre la 1ère radio qui ne diffuse que de la musique rock et pop hongroises et non des musiques étrangères.

Mixé à cela leurs émissions thématiques du parti qui prend position contre la privatisation, contre un certain complot de Tel Aviv-New-York-Paris, donc un complot sioniste, contre les romanichelles, contre les homosexuels, pour la haine raciale et tout le toutim.

Mais leur succès principal est d’introduire le rock national, un rock d’extrême-droite qui, dans les années 2000, sont des piliers importants dans toute cette sous-culture de cette 2ème génération d’extrême-droite. Radio Pannon a lancé un nombre impressionnants de groupes rock d’extrême-droite ou carrément d’extrême-droite, qui font des ventes honorables encore aujourd’hui. Les gens, et surtout les jeunes écoutent ces groupes dont les thématiques consistent à enrôler le plus de personnes possibles. Cette radio a cessé d’émettre dans les années 2002, suite à des plaintes répétitives de la Commission nationale de la radio et de la télévision.

Le 26 octobre 2001, la NRTC (National Radio and Television Commission) a adressé un premier avertissement écrit à Radio Pannon, une station commerciale locale, concernant son émission intitulée Standard. [...]

En septembre 2001, au cours de l’une de ses émissions, Radio Pannon avait relu en direct le texte complet d’un article déjà publié, rédigé par le vice-président du parti HJLP (parti hongrois pour la justice et la vie), également député au Parlement. [...] De plus, une enquête judiciaire menée en marge de ce texte avait déjà été lancée par le bureau central du procureur pour incitation à la haine à l’encontre d’une partie de la population.

Selon la NRTC, le fait de lire cet article à l’antenne au cours de l’émission Standard était constitutif d’incitation à la haine contre des minorités. Toutefois, ses membres avaient décidé à la majorité de ne pas poursuivre Radio Pannon au pénal pour avoir diffusé le contenu de l’article incriminé.

Dans le même temps, la NRTC a reporté l’examen d’une analyse approfondie des émissions diffusées par Radio Pannon. [...]. Selon ce document, Radio Pannon émet régulièrement des propos négatifs à l’encontre des minorités juive, romanichelle et homosexuelle en employant des expressions humiliantes et vulgaires. [...]

Selon l’article 112, paragraphe 4, alinéa c) de la loi I de 1996 sur la radio et la télévision (appelée « loi des médias »), la NRTC peut infliger des amendes à deux reprises successives ou adresser un avertissement écrit au diffuseur concerné l’informant de la violation de la loi sur les médias. Après le deuxième avertissement écrit, la NRTC doit annuler la licence du diffuseur.

Dix ans plus tard, l’heure a de nouveau sonné pour le leader négligé et ce, suite à une décision ferme et inattendue de la part d’Istvàn Tarlos, maire de la ville de Budapest, proche de Fidesz. En effet, en octobre 2011, le fameux maire de Budapest nomme un acteur raté-ringard, György Dörner, un jobbikien, (qui se considère comme un génie incompris et que ses malheurs sont le fruit de complots juifs, et le pire, c’est que ce n’est pas des conneries!!!) comme nouveau directeur du Nouveau Théâtre de Budapest. Quatre mois plus tard, en février 2012, Dörner nomme István Csurka comme administrateur avec lequel ils assureront la direction de l’établissement culturel en duo.

http://lesazas.files.wordpress.com/2013/03/donner_kebab.png?w=819

Dörner_Kebab

György Dörner veut faire de ce Théâtre, un Théâtre du Terroir qui pue des pieds, avec des pièces qui mettront en valeur la nation magyare, la «vraie Hongrie», la «Hongrie profonde», tout un programme. Il compte sur István Csurka et ses plumes pour réserver son répertoire aux drames hongrois, branche théâtrale très négligée selon lui. Il veut rompre avec la culture libérale de la nation et favoriser les vraies valeurs historiques, souvent considérées comme nationalistes. Son souhait: renommer le théâtre (Alors là, attention les vélos…) «Hàtorszàg Szinhäz» (ou «Arrière Pays») Ce qui est littéralement débordant d’imagination novatrice!

Voir affiche

http://lesazas.files.wordpress.com/2013/03/theatre_budapest.png?w=820

Cette décision contestée provoque de nombreuses critiques tant au niveau national, qu’international. Mais si Istvàn Tarlos, (maire de la ville de Budapest pour celles et ceux qui ne s’en souviennent déjà plus), c’est que cette décision viendrait de plus haut et peut être interprétée comme un geste symbolique du FIDESz, qui montre ainsi que les partis d’extrême-droite peuvent faire confiance en Victor Orban pour pratiquer easy ce qui va être appelé: «la politique des incultes»!

Ohhh, bien sûr, des citoyens d’honneur ainsi que des personnalités populaires affichent leur désaccord: «On ne peut tolérer l’existence d’un théâtre antisémite en plein coeur de Budapest, à deux pas de l’Opéra». Et des manifestations opposeront la «Fédération Hongroise des Forces de Résistances et Antifascists», (MEASZ) contre des forces d’extrême-droite comme la (pfff) «Üj Magyar Gàrda», la «Magyar Nemzeti Garda» et la «Betyarsereg» et quelque 200 policiers qui se tournent les pouces!

Istvan Csurka travaillait sur une pièce bien controversée puisqu’il concerne l’ancien premier ministre socialiste Ferenc Gyurcsány, une des bêtes noires du gouvernement en place, qui vient d’être inculpé de corruption au profit d’un investisseur israélien, mais qui se présente en victime d’une chasse aux sorcières. Mais la grande faucheuse l’emporte le 4 février 2012. (Encore un coup des juifs?! sussureront les fachos du coin!)

Il sera enterré en VIP dans le carré réservés aux héros de 1956, dans un cimetière Kerekesi (genre Père Lachaise hongrois), devant un tableau romanesque de tout ce qui compte de personnalités politiques du FIDESz et de l’extrême-droite hongroise.

Istvan Csurka devient une figure emblématique de la nation hongroise.

Quant au MIEP, ce parti vivote toujours, mais ses partisans fondent comme neige au soleil, ou vont rejoindre les rangs du parti Jobbik, le parti que nous allons voir tout soudain…

Fin de ce 6 ème épisode absolument fantsmagorique!

Tous les épisodes déjà écrits sur l’onglet AZATHÈMES

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