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Articles RÉCents

16 juin 2013 7 16 /06 /juin /2013 11:21

 

 

16 juin 2013

 

Une nuit épouvantable à Istanbul

 

 

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J’avais commencé à écrire cet article hier matin (le 15 juin) alors que tout était encore calme et que le collectif Solidarité Taksim avait décidé de continuer de rester dans le camp parce que leurs demandes n’avaient pas été satisfaites par le gouvernement. Mais cette résistance continuerait symboliquement dans le parc Gezi pour suivre les décisions du gouvernement. Pourtant dans la journée, après que le Premier ministre turc Tayyip Erdogan ait prononcé un discours haineux lors d’un meeting de l’AKP près d’Ankara, devant plusieurs dizaines de milliers de ses partisans, le climat a réchauffé Istanbul. Le chef du gouvernement a ordonné à la police de disperser les manifestants alors que la majorité d’entre eux étaient prêts à passer leur dernière nuit dans le parc Gezi. La police a pénétré dans le parc et l’a vidé de tous ses occupants par des tirs de grenades lacrymogènes. De nombreuses tentes ont été détruites lors de cette intervention barbaresque. Il faut bien noter que les manifestants n’étaient pas seuls dans ce parc, des centaines des familles y passaient aussi leur soirée. En fin de compte, plusieurs manifestants ont été arrêtés.


Il est probable que l’on verra une longue liste de matériaux trouvés dans les tentes, comme des cocktails Molotov, des armes, des documents illégaux, le tout relayé par les masses médias (à la solde d’Erdogan). Car la police n’a pas laissé entrer les journalistes dans le parc pendant que les tentes ont été fouillées et enlevées. Il faut se préparer à entendre une grande désinformation contre les occupants du parc Gezi pour manipuler les gens pro-Erdogan peu concernés par l’affaire.


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L’intervention est survenue alors que personne ne s’y attendait. En effet, la police a évacué les occupants alors que ces derniers avaient trouvé un compromis avec Erdogan et que ce dernier leur avait donné un ultimatum au dimanche 16 juin au soir. Les occupants et la plate-forme ont cru les mensonges d’Erdogan. L’intervention du parc Gazi a d’autant plus choqué les opposants qui s’étaient calmés après deux semaines de confrontations. Des centaines de milliers personnes ont essayé de rejoindre la place Taksim, mais tous les accès avaient déjà été bloqués. Le gouvernement turc a apparemment trompé les manifestants. Partout à Istanbul, les opposants se sont à nouveau réunis, tout comme à Izmir et à Ankara. Pour comprendre, le collectif Solidarité Taksim avaient appelé les opposants à venir sur la Place Taksim à midi (16 juin) après avoir rencontré le premier ministre qui n’a pas voulu entendre leur requête et les avait copieusement insultés après avoir quitté la table de négociations et claqué la porte au nez du collectif. Ces derniers ont même préféré taire certains propos de Tayip lors de leur retour à Istanbul et n’avaient, dans leur dossier, qu’un ultimatum expirant le 16 juin au soir. Or c’était mal connaître la Bête et dès qu’Erdogan eut tenu son discours devant les partisans (dont une partie a été payée), il a lancé l’assaut afin que ses opposants ne puissent pas se rassembler le lendemain midi à la place Taksim et ce, fusse-t-il à n’importe quel prix. (Ceci sans compter les fort nombreuses arrestations!)


Toute la nuit, des confrontations ont eu lieu entre la police – la gendarmerie (envoyée à la ville par le gouvernement, la première fois depuis le coup d’Etat en 1980) –  et les opposants. On a déclaré des centaines de blessés dont 25 grièvement. Depuis le début des manifestations, 4 personnes ont été tuées par la police et plus de 7000 ont été blessées dont 130 ont perdu les yeux.


La nuit passée était différente. Les forces d’Etat ont mené une action très violente, et une telle violence ne peut paraître que dans un régime fasciste. L’Association Médicale Turque a déclaré que c’est la nuit la plus noire dans l’histoire de la Turquie. Les hommes d’Erdogan voulaient tuer les manifestants et les ont attaqués d’une façon fascisante. Ils poursuivaient les manifestants, fussent-ils blessés. Des centaines des manifestants se réfugiaient dans les hôtels et dans les hôpitaux du quartier. Ce qui n’a pas empêché la police d’intervenir dans ces mêmes hôtels, (comme le Hilton) et dans les hôpitaux puis d’y tirer des grenades de gaz lacrymogènes.


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Les gens disent de ne jamais oublier ce qui a fait Erdogan et il va le payer cher...


J’aimerais bien revenir à ce qui s’est passé depuis trois jours; probablement beaucoup de gens partageraient la même idée que moi. Je pense que peu importe comment les manifestations nées autour du parc Gezi se terminent. Le gouvernement turc, voire Erdogan, a envisagé une défaite historique. Le leader de l’AKP étant au pouvoir depuis plus que dix ans avait reculé pour la première fois. Pensez qu’on parle d’un homme qui a repris la main sur l’armée, sur la justice et sur la bureaucratie. Il semble que la conséquence la plus importante soit que le mur de la peur se soit fissuré. Les nouvelles générations, les jeunes appelés apolitiques, se sont mis à apprécier la liberté. Le premier ministre turc a finalement accueilli les représentants pour mettre un point final à ces manifestations. Mais le premier tour n’a été qu’une déception. Il a préféré parler avec ceux qui soutiennent le pouvoir et qui ne sont jamais allés au parc lors des manifestations. Comme disait Christian Amanpour, c’est comme si Barack Obama parlait avec Jennifer Lopez sur le problème «occupy wallstreet». Bref, au deuxième tour, la rencontre avec les représentants de la plate-forme Gezi, qui a eu lieu jeudi 13 juin, est en effet plus légitime que celle de la veille. La nouvelle proposition déclarée après cette rencontre est la suspension des travaux de démolition du parc jusqu’à ce que la cour prenne une décision définitive. Si la cour refuse la démolition du parc, le projet de construction sur le parc Gezi sera abandonné. Mais si la cour accepte le projet, ce dernier sera soumis au plébiscite et donc les habitants d’Istanbul pourront voter.


Si j’étais un dictateur, je ne ferais jamais un plébiscite (référendum banalisé)


Probablement Erdogan et ses conseillers n’ont jamais entendu parler des plébiscites lancés par Hitler et par Mussolini. Il doit lire un petit peu l’histoire. En Allemagne, Hitler s’est fait plébisciter comme président en 1934, puis Führer («guide»). On a vu plusieurs fois, sous De Gaulle, des plébiscites organisés. Il est clair que Tayyip Erdogan ne sera pas le premier dictateur plébiscité. Le premier ministre turc pense que la démocratie n’est que la majorité. Si on vivait à l’époque Hellénistique, il aurait évidemment raison. Aujourd’hui, l’un des ennemis les plus dangereux de la démocratie est sans doute la tyrannie de la majorité.


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Ils ont bu de l’alcool dans la mosquée


Comme disait Goebbels ; «Plus le mensonge est gros, plus il passe»


Il est très triste de voir qu’un premier ministre mente pour montrer des manifestants coupables aux yeux de la société. Les premiers jours des affrontements entre la police et les manifestants ont eu lieu près du bureau d’Erdogan à Istanbul. Une mosquée s’est transformée en centre de soins par des médecins qui soutenaient la révolte, où des militants blessés étaient reçus pour y être soignés. Le Premier ministre et les journaux pro-Erdoganiste accusent les manifestant blessés de ne pas respecter l’aspect sacré du lieu; ils sont même allés plus loin en accusant les militants d’y boire de l’alcool et d’y faire l’amour. Les journaux ont diffusés quelques photos prises après cette nuit atroce montrant des canettes de bière jonchant le parterre de la mosquée. Bien évidemment ces images ont été manipulées, et ces canettes ont été déposées par des pro-Erdoganistes pour que les islamistes se rassemblent plus fort que jamais autour d’Erdogan. Deux jour après, l’imam de la mosquée, qui a observé l’évènement pendant la nuit, a déclaré que les manifestants n’ont rien fait pour déranger la mosquée. Mais Erdogan et ses amis continuent à mentir pour manipuler leurs militants et malheureusement ils ont réussi.

 

 

 

 

 

Erdogan tient à parler de «complot international»

 

Depuis le début des manifestations, Erdogan a dénoncé des complots d’intérêts politiques et économiques derrière ces manifestations. Après avoir reçu le feu vert, les médias d’Erdogan ont commencé à chercher les complots internationaux. Jusqu’à présent, on a eu le plaisir d’avoir entendu un grand groupe, comprenant tous les pays depuis Israël jusqu’à l’Iran en passant l’EU et les USA, qui veut arrêter la marche des Turcs vers le leadership mondial.

Le Premier ministre Erdogan a perdu la tête et n’hésite pas à jeter le pays dans la guerre civile. On s’est toujours attendu à ce que la Turquie se diviserait en deux à cause du conflit Kurde. Toutefois, la Turquie est divisée en deux camps; les islamistes et les laïcs. C’est une guerre des cultures. Le "Kulturkampf" n’a jamais été aussi profonde qu’aujourd’hui. L’Histoire nous montre que les dictateurs font de la force le seul instrument de la grandeur. Mais ils sont condamnés à perdre tôt ou tard. Tayyip Erdogan va aussi perdre. Tous les gens de la Turquie doivent se battre contre cette tyrannie coûte que coûte!

 

 

gene

 

Croire que Tayyip Recep tienne ses promesses était, ma fois, un peu naïf. Connaissant le bouillant personnage par ses frasques intempestives, il n’allait pas attendre la fin de cette journée pour évacuer les lieux. Et alors que toutes les caméras étaient tournées vers l’élection présidentielle de l’Iran, (alors que le président est "un homme de paille" et c’est encore les mollahs qui décident, faut pas nous la faire!), l’occasion était rêvée pour que le premier ministre turc lance un assaut barbare contre des manifestants pacifiques et n’ayant pour armes que leurs banderoles et leurs revendications.


Cette nouvelle fait l’effet d’un entre-filet de poisson dans les presses occidentales qui préfèrent encore une fois détourner les yeux devant une abomination qui a été faite cette nuit. Un coup de l’Etat contre ses propres citoyens.


On ne peut qu’espérer que les Turc-ques ne vont pas abandonner, car la police secrète a déjà les noms, les photos et les adresses de toutes celles et ceux qui ont participé de près ou de loin à ces manifestations. Et si ces dernières cessent, les purges vont commencer. Non, le peuple turc se trouve seul face à ses problèmes et ne sera pas soutenu par l’Occident qui voit en Erdogan un allié contre la Syrie. Il doit continué sa lutte et nous faire parvenir un maximum d’informations afin que nous puissions les relayer et leur montrer que nous ne les oublions pas et que nous les soutenons contre ce dictateur qui veut faire du parc Gezi un nouveau Erdoganpolis…


A tous les Turcs-ques, chaleureusement

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commentaires

S
<br /> Bravo pour l' article!!! Voilà de la chronique comme j' aimerais en lire sur les papiers pompeusement appelés journaux et qui ne sont que des supports publicitaires avec de la reprise d' info à<br /> droite à gauche qui n' ont qu' un but: NE PAS DEPLAIRE AUX ANNONCEURS....afin que ceux-ci VENDENT LEUR DAUBE....<br /> <br /> <br /> PLOUTOCRATES QUE MORTS!!!!!<br /> <br /> <br /> Sam T<br />
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