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31 décembre 2006 7 31 /12 /décembre /2006 09:04

SADDAM HUSSEIN EN SCENE: LES RECUPERATEURS ET AUTRES JOURNALISTES SE METTENT EN ORDRE DE BATAILLE...DEMAIN ILS SE METTRONT A TABLE!!!

Ce matin, sur les ondes radio, comme dans la presse écrite, les journalistes se ressaisissent et "comprennent" que cette discrétion contribue un peu trop à la remise en cause de la véracité de cette "exécution".
(cf: le texte de N.I Saddam n'aurait pas été exécuté)

Certains, qui manifestement ont lu le blog de Nosotros.Incontrolados , le premier à soulever le "lièvre du  falsifier-vrai" de cette mascarade qui d'instants en instants se confirme et se renforce,  entreprirent même de relayer points par points, et dans l'ordre même, nos hypothèses et de nos arguments, naturellement en ne nous citant pas, ce dont nous n'avons rien à foutre au demeurant. 

Certes, c'est à peine un murmure, mais ça tient la route!

Toutefois nous ne jugeons pas de notre "lucidité" à l'aune des média, ce serait un comble; nous constatons seulement que ces média se voient contraintes d'évoquer cette thèse du mensonge spectaculaire, ne serait-ce que à la seule fin d'en court-circuiter la pertinence en se la réappropriant; voila tout!
Stephane kerfanto pour:
Nosotros.incontrolados
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31 décembre 2006 7 31 /12 /décembre /2006 08:14
> Petit relevé de commentaires divers et varies concernant  nos considérations publiées sous le titre:
SADDAM HUSSEIN PROBABLEMENT PAS PENDU....
 
> SADDAM HUSSEIN PROBABLEMENT PAS PENDU.... 

En tout cas, les versions données de ces "dernières paroles" divergent...

Ici : http://www.lexpress.fr/info/infojour/reuters.asp ?id=34312

"Saddam Hussein a dit la profession de foi des musulmans - il n'y a d'autre dieu qu'Allah et Mohamed est son prophète - mais n'a prononcé aucune autre parole. Le code pénal irakien l'aurait autorisé à prononcer une ultime déclaration s'il l'avait voulu."

Là : http://www.tsr.ch/tsr/index.html ?siteSect=200001&sid=7391252

"Ses dernières paroles, selon le juge Mounir Haddad, ont été : « J’espère que vous resterez unis et je vous mets en garde : ne faites pas confiance à la coalition iranienne, ces gens sont dangereux »

Le Juge Mounir Haddad n'aime pas l'Iran ?




le 30/12/2006 à 19h20
> SADDAM HUSSEIN PROBABLEMENT PAS PENDU.... 

Oui, moi je sais, c'est fantomas qu'ils ont pendu.Il avait fait des affaires avec benLaden au détriment du père bouche. C'est Louis de funès qui me l'a dit par une lettre prémonitoire laissée à paco raban à mon intention.

AuteurE : adolf, alias george.
___________________________________________________
 
Commentaire du quebec, par Michael lessard:

Je ne suis pas une instance de la communauté (autorité) internationale, pourtant moi aussi j'ai ignoré Saddam Hussein et ce « tribunal » :o)

Vu nos innombrables frères et soeurs de l'humanité qui souffrent d'injustices cruelles et violentes, je ne vais certainement pas prendre du temps pour parler de Saddam Hussein... C'est le genre de cas où, de un, tu ne peux rien y changer (le gouvernement étatsunien n'écoute aucunement) et où il vaut mieux laisser «l'univers» gérer l'âme de Saddam...

Évidemment, il faut collectivement, dans nos paroles de tous les jours, refuser ce type de fausse justice impériale et constater que sa mort n'apportera rien de bien mieux: elle n'arrête pas la guerre.

Il faut choisir ses batailles et, après mettre dévoué à l'Irak de 1997 à 2003*, je ne crois pas pouvoir aider les peuples de l'Irak, qui vont se libérer au sens large.

EDIT: M'enfin, ce n'est pas le commentaire le plus intéressant de ma vie ;o) J'en ai écrit un plus intéressant je crois aujourd'hui en anglais, aussi sur le CMAQ...

ciao,
Michaël Lessard [me laisser un message]

* Mon essai sur l'illégalité de «l'embargo» imposé contre l'ensemble du peuple irakien de 1990-2003.



le 30/12/2006 à 19h56
> SADDAM HUSSEIN PROBABLEMENT PAS PENDU.... 

Saddam n'est pas mort parce qu'il vit encore dans nos coeurs. C'est pour toi Saddam, ton agonie est ton triomphe.



le 30/12/2006 à 20h21
> SADDAM HUSSEIN PROBABLEMENT PAS PENDU.... 

Ben voyons, un tyran sanguinaire a été crevé, suite à une parodie de "procès" qui se déroulait sous la pression permanente des américains. A ajouter aussi que depuis le début de l'intervention en Irak plus de 650.000 civils sont morts, toujours aucune trace des "armes de destruction massive" si ce n'est dans le camps de l'agresseur, sans compter l'intox incroyable que représente le 11 septembre 2001. Saddam est bel et bien mort, à part quelques illuminés personne ne regrette sa disparition.



le 30/12/2006 à 20h35
> SADDAM HUSSEIN PROBABLEMENT PAS PENDU.... 

sauf les Kurdes qui n'ont pu "bénéficier" d'un procès et pendre Saddam le jour de l'Aïd, c'est une pure provoc



le 30/12/2006 à 21h48
> SADDAM HUSSEIN PROBABLEMENT PAS PENDU.... 

Je suis pas mort et je serais demain matin a auchan pour acheter des huitres pour passer le réveillon avec mes deux fils.

AuteurE : Saddam Hussein

le 31/12/2006 à 02h19
> SADDAM HUSSEIN PROBABLEMENT PAS PENDU.... 

_______________________les amis du negatif à l'oeuvre_________________

Saddam En Scène :

ce qui apparait le plus dans cette "discretion"

c'est la mise en spectacle de cette discretion elle même !


Là : y en a grand malheur ! Les commentaires relevés sur IndyMediaToulouse et ailleurs concernant le texte relatif aux doutes légitimes que suscite l'étonnante orchestration de l'éxécution de Saddam témoignent de l'incapacité notoire de la plupart de leurs auteurs qui lisent tout de travers !

L'un croit que nous pleurons Saddam, un autre que nous le croyons dévotement "vivant dans nos coeurs", un autre ironise sur l'ensemble de ces mêmes registres...

Nous mettions en parallelle la société du spectacle et ses accointances mercantiles et meurtrières/génocidaires avec tous les tyrans, et à tout le moins avec les imbéciles qui des sommets inégalés de leur bêtise cautionnent tout faute de pouvoir ou vouloir critiquer quoique ce soi, à commencer par les évidences même.

Et dire que sur indy on appelle celà des "contributions" !


C'est à se taper le cul par terre de rire !

Pas l'ombre de la plus petite reflexion critique face au spectacle de cette exécution, sur cette étonnante "discrétion", y compris celle des funérailles en catimini, en pleine nuit...

Non, pas l'ombre du premier étonnement si ce n'est celui de l'auteur(se) du premier commentaire suivant ce texte... qui constitue pour le moment la seule authentique contribution!


Les autres sont sidérants !


Nosotros.incontrolados

Saddam En Scène : ce qui apparait le plus dans cette "discretion" c'est la mise en spectacle de cette discretion elle même !

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30 décembre 2006 6 30 /12 /décembre /2006 13:45

UNE NOUVELLE IDENTITE POUR SADDAM HUSSEIN :

NICOLAE CEAUSESCU

______________________________

 

Etrange et précipitée « exécution » du Khalife de Bagdad. La société du spectacle nous avait habitués à bien plus de tonitruances , d’autres mises en scène plus ou moins « vaseuses » concernant la mort des tyrans qui crèvent toujours dans leur lit comme le souligne assez bien l’adage confirmé par les faits.

Du successeur de Nixon à Pinochet, du Shat d’Iran à Khomeiny, de Staline à Mao, de Honecker, de Pétain à De Gaulle, …Et la liste n’est pas exhaustive : Tous crevés tranquillement au fond de leur pajot et dans des draps de soie !

 

Cette fois-ci, la mise en scène et en images de l’exécution du vieil « ami » des démocraties occidentales n’a pas connu les ratés vidéo unanimement remarqués lors de l’exécution prétendue de Nicolae et de Helena Ceausescu par un peloton improbable  et grotesque à Tirana…

Là, on ne verra pas » l’introuvable » sosie de Saddam qui, reprenant du service, « gidouillerait »  au bout d’une corde… Cette fois, on ne prend pas de risque !

L’Irak en la matière n’a jamais fait montre de grande vertu, de retenue ou de pudeur…

Et pourtant !

SADDAM HUSSEIN N’AURAIT PEUT-ETRE  PAS ETE EXECUTE

 

Ici le Spectacle sera de « l’Anti-Spectacle »lui même : aucun « américain » pour assister à « l’exécution », c'est-à-dire, à contrario, comme dans tout le déroulement du « procès », des « américains omniprésents » et partout…

« Saddam Ceausescu » a bien négocié sa sortie du théâtre sanglant Irakien au cours de cette parodie de procès qui devait tenir lieu d’épilogue au scénario « américain » destiné à couvrir les exactions occidentales dans la région.

Depuis les trafics d’armes et autres « petits arrangements « entres amis » comme le silence sur les crimes perpétrés par Saddam contre les Chiites ou les Kurdes pour plaire à la fois aux tenants du régime fasciste Turc qui abritait et abrite toujours de grandes bases militaires U.S, pour contenir la « révolution Iranienne » massacrée par les mollahs, pour continuer de« commercer » avec les autres puissances occidentales naguère tellement bienveillantes…pour continuer à servir d’alibi repoussoir au surarmement Israélien doté depuis longtemps de la bombe »H »…secret de polichinelle !   

Saddam  sauve sa tête, évite d’autres procès et en échange garde un silence remarqué sur l’essentiel au milieu de gesticulations verbales creuses du type de celles d’un « Monsieur Loyal » à l’entrée d’une foire ou d’un cabaret de seconde zone.

Le fait même qu’aucune voix ne se soit élevée dans l’impressionnant concert des réactions internationales transpirant d’une timidité unanime  pour émettre  le plus petit doute concernant cette « exécution » est assez éloquent en soi et nous conforte dans la plupart de nos hypothèses.

 

Jusqu’à plus amples informés, nous nous en tiendrons là.

Les amis du négatif à l’œuvre.

http://nosotros.incontrolados.over-blog.com


 

 

  

 

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29 décembre 2006 5 29 /12 /décembre /2006 09:45

vendredi, août 04, 2006

Reflexions sur le mouvement anti-CPE en France
REFLEXIONS SUR LE SOULEVEMENT EN FRANCE (remarques par Ken Knabb sur le mouvement anti-CPE)
>http://www.bopsecrets.org/French/france2006.htm

La France vient de connaître un mouvement radical nouveau, et original par bien des aspects. Débutant en février par une protestation contre le CPE, une loi qui permettait de licencier plus facilement les jeunes travailleurs, il a pris rapidement la forme d’une contestation bien plus large. Dans les deux mois qui ont suivi, des millions de personnes ont pris part aux manifestations, aux occupations de bâtiments scolaires et universitaires et autres lieux publics. Des gares, des autoroutes ont été bloquées, et des milliers de personnes arrêtées. Un compromis présenté par le président Chirac le 31 mars fut rejeté par presque tout le monde. Le 10 avril, le gouvernement recula et retira le CPE.

Les médias nord-américains ont réagi de manière encore plus abrutie que d’habitude, accusant solennellement la jeunesse française de “refuser le progrès” et la “modernisation”, c’est-à-dire de ne pas vouloir comprendre qu’une “saine économie” nécessite que nous revenions aux conditions de servage qui régnaient sur le “marché libre” du 19° siècle. Mais derrière les grognements des commentateurs, on pouvait percevoir leur embarras: le système américain de “marché libre” est un modèle qui n’a pas tant de succès, et les États-Unis sont loin derrière la France et bien d’autres pays en matière de sécurité sociale, de sécurité de l’emploi et autres protections sociales.

Mais en France comme ailleurs la protection sociale s’est effritée ces dernières années à mesure que les propriétaires de la société grignotaient les réformes qu’ils avaient été obligés de concéder au siècle dernier (sécurité sociale, garantie de l’emploi, droits des travailleurs, et autres programmes plus ou moins socio-démocrates). Le CPE (Contrat Première Embauche) était un pas de plus en arrière. Il aurait permis aux patrons de licencier tout travailleur de moins de 26 ans n’importe quand durant les deux premières années d’emploi sans avoir à donner de justification de ce licenciement et sans payer d’indemnités. La pseudo-logique de cette mesure étant que cette plus grande “flexibilité” inciterait les patrons à embaucher plus volontiers des jeunes, diminuant ainsi le chômage (selon un raisonnement du même genre que celui qui prétend que le meilleur moyen de répandre le bien-être consiste à réduire les impôts des riches, en supposant que l’augmentation de leurs profits va finalement se déverser au bénéfice des pauvres). En réalité, le CPE aurait permis de licencier des gens dont la race ou le sexe ne plaisaient pas, ou parce qu’ils s’étaient engagés dans une forme de résistance, ou simplement parce qu’ils étaient sur le point de franchir le seuil des deux ans et qu’il serait moins cher de les remplacer par de nouveaux “apprentis”. Chacun avait senti que si le patronat pouvait installer ça, le pire suivrait. C’était une gifle, la manifestation trop évidente du mépris dans lequel le capitalisme tient les gens. “Ils veulent pouvoir nous jeter comme des vieux Kleenex”. “Si tu acceptes ce genre de contrat, le prochain employeur le verra sur ton CV et ne t’embauchera pas autrement. Tu seras coincé dans un cycle de précarité. Déjà les jeunes ne peuvent pas trouver à se loger parce que les propriétaires demandent de justifier d’un salaire d’au moins trois fois le prix du loyer. Personne ne pourra trouver à se loger avec un CPE.” “Mais je ne me résigne pas. Ce qui se passe touche à bien plus que le CPE. Il y a un malaise général. On en a marre d'être la génération Kleenex, les jeunes corvéables, qui se font chier dessus par les patrons et baiser par le gouvernement. Il faut un changement de régime complet en France: la fin de la cinquième république. Elle crève devant nos yeux.”

Bien que le mouvement ait été déclenché par le CPE, ce qui le stimulait était le refus d’une précarité bien plus importante: celle de l’incertitude générée par le démantèlement des protections sociales, des peurs et suspicions réciproques engendrées par un système de compétition effrénée, des attaques croissantes contre les libertés civiques et les droits de l’homme, des tensions physiques et mentales provoquées par la destruction des communautés et la dégradation de l’environnement, et la menace ultime d’une apocalypse nucléaire ou écologique. (On fait paniquer les gens en brandissant les menaces que représenteraient les “terroristes”, les “détraqués sexuels”, les immigrés, les minorités raciales et autres boucs émissaires, précisément pour distraire leur attention de ces menaces bien plus importantes générées par le système.) L’insécurité de l’emploi n’est qu’un aspect de cette insécurité plus générale, mais elle est celle à laquelle les gens se heurtent le plus immédiatement à mesure que des portions de plus en plus larges de la population se voient reléguées au statut de précaires: travailleurs à temps partiel, intérimaires, saisonniers, migrants, travailleurs au noir, stagiaires et apprentis sous-payés ou non payés, et autres en toutes sortes d’emplois précaires. Ce “précariat” est un nouveau genre de sous-prolétariat qui non seulement “n’a rien d’autre à vendre que sa force de travail” mais se trouve même souvent dans l’impossibilité de le faire; toute une catégorie de population coincée dans un labyrinthe de boulots temporaires sous-payés, d’indemnités de chômage ou de RMI passagers, de trafics, de prostitution ou de petite truanderie quand les indemnités ne suffisent plus ou s’arrêtent, et de là vers l’internement dans l’industrie carcérale des prisons où le système applique sa “solution finale” au problème du chômage: le retour à l’esclavage.

(Le “problème de l’emploi” est évidemment purement artificiel. Dans une société saine, le fait qu’il y ait moins de travail à faire serait plutôt cause de joie dans la mesure où le travail nécessaire serait partagé équitablement entre chacun, réduisant les obligations de tous. Mais le capitalisme, qui a développé des capacités technologiques telles qu’elles pourraient aisément réduire le travail nécessaire à presque rien, maintient son existence en supprimant cette possibilité, et en forçant les individus à se livrer à des tâches absurdes dans le seul but d’obtenir les bouts de papier magique qu’ils pourront échanger contre les choses dont ils ont besoin. Voir à ce propos: “Nous ne voulons pas le plein emploi, mais une vie pleine!”)

Le recul gouvernemental du 10 avril fut une victoire morale gratifiante pour les insurgés, mais en même temps il leur coupa l’herbe sous les pieds. Le large soutien populaire s’affaiblit et les occupations d’établissements scolaires s’arrêtèrent. (Les étudiants de la faculté de Rennes 2, qui avaient été les premiers à occuper et bloquer l’université, à partir du 7 février, eurent l’honneur d’être les derniers à abandonner, le 18 avril.) Néanmoins, des milliers de gens ont poursuivi la lutte de diverses manières, demandant le retrait d’autres lois similaires au CPE et de lois particulièrement mauvaises pour les immigrés, et exigeant la libération des personnes arrêtées au cours de ce conflit ainsi qu’au cours des émeutes du mois de novembre précédent. Si le mouvement est suspendu, il n’a pas été battu. L’esprit de rébellion est toujours très présent, bien que la plupart de ceux qui ont participé à ce soulèvement prennent le temps de respirer et de considérer vers quoi aller maintenant.

Certains radicaux ont reproché à ce mouvement d’être “réformiste” parce qu’il se concentrait sur le refus de certaines lois et ne faisait pas une critique plus explicite du capitalisme et du salariat. Cette objection est inappropriée pour au moins deux raisons. D’abord, il est tout à fait naturel que des gens réagissent contre des méfaits particuliers sans attendre qu’il soit possible d’envisager des changements sociaux plus fondamentaux. (De plus, il est peu probable qu’ils arrivent jamais à ce stade développé s’ils n’ont jamais testé leur force ou exercé leurs capacités dans des luttes ponctuelles.) Ensuite: bien des participants à cette rébellion exprimaient assez clairement leur opposition à l’ensemble du système, même s’ils n’avaient pas adopté la manie de ceux qui les critiquent consistant à répéter de manière pédante les mêmes platitudes radicales à tout propos. Parmi toutes les affiches, tracts et déclarations, on aurait bien du mal à en trouver un seul qui fasse l’éloge du salariat. Les manifestants ne disaient pas “S’il vous plaît, donnez-nous du travail, nous serons satisfaits”. Ils disaient: “Nous sommes dans une situation intolérable. Ceux qui gouvernent cette société sont responsables de cette situation. C’est à eux de faire quelque chose pour qu’elle cesse. Ce que ce doit être est leur problème. Nous maintiendrons la pression jusqu’à ce qu’ils s’en occupent. S’ils s'en avèrent incapables, nous chercherons d’autres moyens.” Il me semble qu’on ne peut guère attendre plus d’un mouvement social dans la situation actuelle.

D’autres ont regardé ce mouvement de haut comme étant une rébellion de jeunes bourgeois “privilégiés” destinés à devenir les élites de cette société. Il est vrai que les étudiants ont été la colonne vertébrale de ce mouvement. Mais les élèves des universités françaises ne peuvent guère être considérés aujourd’hui comme étant une élite (les vraies élites du futur vont dans de très sélectes Grandes écoles). Une portion toujours croissante d’entre eux vient d’un milieu d’ouvriers et de petits employés, et même ceux qui sont issus de la petite bourgeoisie sont bien forcés de se rendre compte que leur futur est loin d’être garanti. De plus, les lycéens, qui sont représentatifs d’une population encore plus variée, ont participé au mouvement de manière plus importante que les étudiants. Il y eut aussi une considérable participation des “banlieusards”, cette jeunesse d’origine immigrée des ghettos suburbains qui s’était lancée dans l’émeute si furieusement et désespérément en novembre, bien qu’il faille reconnaître que des divisions et des tensions se soient maintenues (Il y eut quelques cas où des gangs de jeunes “banlieusards” attaquèrent les jeunes manifestants, sans que la police n’intervienne. Ce qui fit naître la suspicion d’un deal entre la police et ces gangs. Mais ces incidents ont été assez exceptionnels.)

De toutes manières, au lieu de chicaner en soulignant les différences de classes comme si elles représentaient une sorte de destin mécanique, il est plus judicieux de regarder ce que les insurgés ont fait. Une bonne partie des assemblées générales se tenant dans les bâtiments scolaires occupés était ouverte à la population, ce qui a facilité le dialogue et la collaboration avec des travailleurs, des retraités, des immigrés, des chômeurs et des précaires. Les étudiants étaient peu intéressés par les questions strictement “étudiantes” et donnaient l’impression de s’être libérés de bien des défauts pour lesquels leurs prédécesseurs avaient été critiqués de manière fort caustique dans le pamphlet situationniste De la misère en milieu étudiant (1966). Si leur programme était plutôt ad hoc, ils semblaient néanmoins avoir assimilé de nombreuses leçons tirées des luttes radicales précédentes. Dans les assemblées générales ils ont mis sur la touche les bureaucraties syndicales et ont imposé la démocratie directe. Ils ont pratiqué le libre débat, le vote sur toutes les questions importantes et se sont coordonnés avec les autres assemblées du pays au moyen de délégués strictement mandatés (Cette insistance concernant l’application de procédures strictement démocratiques, qui avait été une exigence peu écoutée des situationnistes et de quelques autres radicaux en Mai 1968, était là une pratique qui semblait tellement évidente qu’il n’y avait pas lieu d’en débattre.) La coordination nationale n’a en aucune manière empiété sur la décentralisation du mouvement. Les gens dans les différentes villes se sont servis de leur propre imagination pour mener à bien une remarquable variété d’actions expérimentales de leur propre initiative, sans attendre que quelqu’un leur dise de le faire. Il n’y avait pas de leaders — ou des milliers de leaders, selon ce qu’on entend par ce mot. (Personne n’a prêté attention aux pathétiques tentatives des médias pour désigner le président du syndicat étudiant comme le leader du mouvement.) Dans les manifestations ils ont su résister aux tentatives d’être conduits comme des moutons sur des trajets prévus par la police ou les services d’ordre des syndicats, s’échappant souvent du flot pour réaliser toutes sortes d’actions. Ils ont rejeté les tentatives de diviser le mouvement en “casseurs” violents et manifestants “responsables”, restant fixés sur leur objectif tout en acceptant une variété de tendances et de tactiques pour y parvenir. Tout en détestant les partis de la droite au pouvoir, ils n'ont pas été moins méprisants pour les partis de gauche. Si certains d’entre eux finissent par voter dans quelques temps pour un moindre mal ce sera sans grandes illusions. Ils ont appris par leur propre expérience que l’action directe est plus efficace (ainsi que bien plus libératrice et agréable).

En mai 1968, la contagion d’une révolte de la jeunesse amena la première grande grève générale sauvage de France, 11 millions de travailleurs occupant les usines et entreprises du pays. La possibilité que ce scénario se répète était dans de nombreuses têtes au fur et à mesure que de nombreux travailleurs commencèrent à rejoindre la lutte. Mais les mêmes syndicats qui avaient saboté la révolte de 1968 ont une fois de plus réussi à contenir les efforts verts une grève générale. La participation des travailleurs au mouvement a été importante, mais elle est restée enfermée dans le cadre de manifestations contrôlées et de brefs arrêts de travail purement symboliques. Il semble assez probable qu'une des raisons ayant conduit le gouvernement à lâcher du lest est le fait que certaines formes d’actions des travailleurs commençaient à échapper au carcan syndical. Ces actions cessèrent lorsque les syndicats purent applaudir la “victoire” du 10 avril.

Mais les jeunes rebelles ne faisaient pas une fixation sur les grèves ou les occupations d’usines, et n’attendaient pas passivement qu’elles se développent. Ils allaient de l’avant et menaient leurs propres blocages et occupations. D’abord sur leurs lieux d’études puis en toutes sortes d’autres lieux. Pour donner une idée de l’étonnante quantité et variété d’actions de ce genre, voici un extrait d’une dépêche de l’Agence France Presse pour une seule journée.

Série d’actions éclair anti-CPE à travers la France.
À Paris, après la gare de l’Est dans la matinée, au moins un millier de lycéens et étudiants ont brièvement envahi les voies de la gare Saint-Lazare, puis pendant une heure et demie celles de la gare du Nord, interrompant la circulation des trains. À la gare du Nord, des manifestants ont jeté des pierres en direction des forces de l’ordre. Puis les jeunes manifestants ont tenté de pénétrer sur le périphérique, dont l’accès était barré par les forces de l’ordre. Porte de la Chapelle, certains manifestants se sont servis d’un bus vide comme bélier pour percuter des cars de gendarmerie.
Les voies d’accès à l’aéroport d’Orly avaient également été perturbées dans la matinée par des manifestants.
A Toulouse, plusieurs centaines de personnes ont envahi les voies ferrées en plusieurs points de la ville. Cinq étudiants et un fonctionnaire de police ont été légèrement blessés, selon les pompiers, lors de l’évacuation musclée des voies de la gare Matabiau, bloquée pendant près de deux heures. Dans la banlieue toulousaine, des étudiants et des syndicalistes ont bloqué plusieurs accès des usines Airbus à Colomiers et Saint-Martin-du-Touch.
Toujours dans le Sud-Ouest, la police de Narbonne a dispersé une manifestation sur les voies ferrées. Onze personnes ont été interpellées. Le matin, une opération “péage gratuit” avait été menée au péage de Narbonne-est.
Dans le Nord, de 500 à un millier de manifestants ont occupé pendant moins d’une heure les voies ferrées près de la gare Lille-Flandres, retardant plusieurs trains. À Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), des étudiants et lycéens ont bloqué pendant deux heures les accès routiers à la zone industrielle du port.
Dans le Grand Ouest, pionnier dans la mobilisation, les manifestants ont bloqué des axes routiers à Nantes, Rennes, Lorient et Quimper. À Rennes, des centaines d’étudiants ont envahi la faculté de Droit, qui n’est pas en grève, et saccagé le local du syndicat étudiant UNI, proche de l’UMP et favorable au CPE.
Devant la cathédrale de Rouen, un lycéen de Grand-Couronne, âgé de 18 ans, fait depuis huit jours la grève de la faim contre le CPE.
À côté du campus universitaire de Grenoble, une petite centaine d’étudiants, munis de nez de clowns et avec des codes barres dessinés sur la peau, ont envahi un supermarché pendant une heure, aux cris de “consommez, consommez, nous, on nous a soldés”.
Environ 150 lycéens et étudiants ont bloqué durant plus d’une heure et demie le pont de l’Europe, sur le Rhin, entre Strasbourg et Kehl (Allemagne).
Dans la banlieue de Nancy, une cinquantaine d’étudiants en médecine ont bloqué l’autoroute pendant 40 minutes. Près de Reims, sur l’autoroute A4, plusieurs dizaines de lycéens ont mené une opération “péage gratuit” de 08h00 à 10h00.
À Clermont-Ferrand, une cinquantaine d’étudiants ont mis en place un barrage filtrant pendant une heure. Une manifestation d’opposants au CPE s’est déroulée sans heurt dans le centre de Lyon. La circulation a été paralysée à Limoges une bonne partie de la journée par des barrages.
Dans le centre de Caen, des affrontements, intervenus en début de soirée entre les forces de l’ordre et plusieurs centaines de jeunes qui manifestaient, ont fait plusieurs blessés.
[AFP, 6 avril 2006, augmenté de quelques phrases d’une version légèrement différente parue dans Libération.]

Ce rapport a été pris au hasard: pratiquement n’importe quel autre jour de mars ou de début avril aurait présenté un même foisonnement d’actions. Et celles-ci étaient bien sûr celles dont les journalistes de l’AFP étaient informés et qu’ils estimaient “médiatisables”: beaucoup d’autres actions moins visibles ou de dimensions plus modestes étaient menées à bien dans des dizaines de villes dans tout le pays. D’autres luttes récentes, telle la révolte des chômeurs de 1998, avaient déjà développé des actions similaires, mais l’importance et la variété de celles que ce mouvement a réalisées dépassent toutes les précédentes.

Certaines de ces actions étaient annoncées à l’avance et rassemblaient des milliers de personnes. Mais beaucoup d’autres furent engagées sur l’inspiration du moment par de plus petits groupes. Ces actions coup de poing et raids éclairs sont de toute évidence l’aspect le plus original et le plus prometteur de ce mouvement. Quelques dizaines ou quelques centaines de personnes convergeaient soudainement en un lieu précis, agissaient, et se dispersaient aussi vite pour éviter ou minimiser les arrestations. L’objectif était souvent tenu secret jusqu’à la dernière minute, de manière à ce que la police ne sache pas où envoyer ses troupes. Dans de nombreuses occasions, le but était l’invasion d’un bâtiment, un supermarché, les bureaux d’un journal, une station de radio ou de télé, un centre de tri postal, une ANPE, une boite d’intérim, une agence immobilière, les bureaux d’une Chambre de commerce, ou le siège d’un parti politique. Dans d’autres cas il s’agissait de bloquer un point névralgique de la circulation: une gare, un carrefour, une autoroute, un pont, une gare routière ou un aéroport. Parfois, le blocage restait partiel, comme lors d’opérations escargot ou de barrières filtrantes (bloquant les rues de manière à ce que les voitures ne puissent passer que tout doucement afin que chaque conducteur puisse recevoir un tract, ou bloquant les entrées d’un immeuble afin qu’il soit possible de parler à chaque individu entrant ou sortant).

À la perturbation du fonctionnement normal des affaires, les “perturbateurs” ajoutaient souvent des éléments créatifs ou éducatifs: graffitis, installation de panneaux ou de banderoles souvent grandes et difficiles à enlever (la gagnante étant sûrement la banderole de plus de 30 mètres de haut fixée sur une grue à Dijon), distribution de tracts expliquant et contestant le rôle social de l’institution qu’ils étaient en train de perturber, discussions avec les travailleurs et les passants, ou mise en place de formes variées de théâtre de rue. Fréquemment, les raids étaient organisés en série, avec des destinations alternatives au cas ou l’objectif premier s’avérerait trop bien gardé. Et, ce qui était plutôt nouveau en France (qui était un peu en retard sur d’autres pays à ce propos) beaucoup de ces actions étaient organisées à l’aide de réseaux sur internet qui, immédiatement après, communiquaient en ligne sur ce qui venait d’être fait, envoyant des textes, des photos et même des vidéos, facilitant la coordination des actions et permettant à d’autres dans le pays, ou dans les autres pays, de comparer et évaluer les différentes tactiques pouvant être mises en œuvre.

Comme ces raids étaient menés de manière indépendante par de nombreux groupes de gens très différents, les résultats étaient eux aussi variés. Certains furent peu intéressants et d’autres furent de parfaits ratages. Mais si l’on regarde certains des plus originaux, on peut voir qu’une pratique radicale nouvelle et originale a pris forme à ce moment, une pratique qui n’a pas encore été clairement reconnue ou théorisée. Mais il faut espérer que les acteurs de ces interventions nous fourniront de nombreux récits détaillés de leurs expériences, ainsi que des analyses de ce qui était visé et de ce qui fut réalisé, ou raté. Pour le moment, il peut être utile de comparer les actions les plus réussies avec d’autres formes d’ “agitprop” (c’est-à-dire des actions dont le but est d’éduquer radicalement ou d’inspirer les gens ou de les pousser à la subversion).

Les actions “témoins” non-violentes ont le mérite d’enseigner le calme et de dénouer les nœuds de haine, mais leur peur d’offenser quelqu’un les empêche souvent de savoir prendre l’offensive. Les raids sont une forme d’action plus agressive (bien que restant, la plupart du temps, non-violents) qui perturbent plus les institutions et les représentants de l’ordre régnant. Les fêtes de la contre-culture peuvent être très plaisantes, mais elles ont tendance à comporter pas mal d’autosatisfaction, “célébrant” avec complaisance tel ou tel rôle social. Les raids ont aussi ce côté joueur et bordélique mais ceux qui y prennent part ne perdent pas de vue leurs griefs et ne cultivent pas d’illusions sur la situation dans laquelle ils se trouvent. Leur convergence soudaine sur un lieu particulier rappelle les foules éclair [flash mobs] (et peut en avoir été partiellement inspirée) mais lorsque ces foules arrivent à destination, leur activité est en général plutôt inoffensive, alors que les raids ont pour but explicite d’attaquer leurs objectifs. Les manifestations de masse ont la force du nombre, mais il leur manque la souplesse qui permet aux raids de se déplacer rapidement, et de se disperser et regrouper selon les besoins. Ceci fut la raison principale du développement des tactiques de “black blocs” ces dernières années. Mais les black blocs sont souvent englués dans des fantasmes stupides de combats de rues ou de guérilla urbaine. Les raids cherchent à éviter de se confronter là où le système est fort et cherchent à exploiter ses faiblesses. Ils le combattent autant sur le terrain des idées et des sentiments que sur celui de la force physique. Alors que les actions des black blocs ont tendance à être impulsives, purement destructrices et se prenant grossièrement au sérieux, les raids contiennent plus d’éléments de calcul, de créativité et d’humour. Le théâtre de guérilla a le mérite d’abandonner la scène traditionnelle et de porter son message au monde, mais une certaine séparation acteur/spectateur y subsiste: la leçon radicale reste présentée à une audience. Les raids rendent leur leçon exemplaire par la perturbation de l’institution qu’ils critiquent, dérangeant ainsi plus sûrement la passivité de l’ “audience” présente sur les lieux. Certaines de leurs actions ont quelque chose de surréaliste. Une des plus populaires consistait à envahir un bâtiment officiel et simplement sortir tous les meubles sur le trottoir. C’était, ostensiblement, une sorte d’expulsion symbolique destinée à rappeler que de vraies expulsions ont lieu constamment. Mais le réarrangement bizarre que cela donnait était plus étonnant (tout en étant moins risqué légalement) que si tout avait été saccagé. Et cela avait aussi sans nul doute un effet désorientant plus efficace que les réalisations de certains artistes conceptuels qui obtiennent la permission officielle de modifier temporairement le paysage urbain. Au mieux, certains raids ont quelque chose qui rappelle le style des perturbations réalisées par les situationnistes dans la période qui a mené à Mai 1968. Jusqu’à présent, aucun de ces raids n’a été aussi lucide et précis que les scandales situationnistes, mais — grâce au nombre bien plus important de ceux qui y ont participé — ils ont été bien plus nombreux et bien plus physiquement agressifs.

Inutile de dire qu’il faut considérer ces catégorisations de manière plutôt ouverte. Elles survolent un grand nombre d’actions, certaines étant plus précises que d’autres, certaines se mêlant avec d’autres. Par exemple, certains courants non-violents ont pris l’offensive; certains flash mobs ont eu un aspect critique; et certaines actions des black blocs ont ressemblé à des raids (en fait, les raids sont probablement en partie une évolution des black blocs auxquels l’expérience a enseigné à devenir plus conscients et à préciser leurs cibles). Ces comparaisons ne sont qu’une première tentative pour mettre les raids en perspective; préciser ce qu’ils sont et pourraient être.

Alors que la plupart des raids français visaient à bloquer ou arrêter le “business as usual”, certains prirent un aspect opposé, ouvrant les choses: ouvrant les portes des stations de métro et permettant à chacun de voyager gratuitement; envahissant les postes de péages et laissant les voitures passer sans payer; ou permettant aux gens d’entrer gratuitement dans un musée ou à un concert. Ce genre d’action ne peut qu’être chaudement recommandé. Elles se rapprochent de, et pourraient inspirer, cette tactique encore plus exemplaire: la grève sociale ou la “grève distributive” par laquelle les travailleurs poursuivent leur activité mais d’une manière qui casse le carcan de l’économie de marché — des caissiers de magasins ne faisant pas payer les clients; des travailleurs donnant ce qu’ils ont produit ou refusant de faire payer pour le service qu’ils rendent. Le problème des grèves purement négatives et des blocages est qu’ils gênent souvent plus le public que les dirigeants. Quand les employés des transports publics arrêtent le trafic, ils ont souvent le soutien du public au début, mais celui-ci se lasse vite. Cependant si ces employés continuent leur travail en laissant tout le monde voyager gratuitement, le public adore ça et se moque que ça dure, au contraire. C’est le genre d’action qui fait sourire tout le monde, sauf les patrons, et esquisse la manière dont une société libérée pourrait fonctionner. Et c’est difficile à arrêter, surtout si ça se répand. Car il est pratiquement impossible de remplacer des masses de travailleurs occupant des secteurs clés de l’économie.

Ceci souligne les limites des raids. Des groupes venant de l’extérieur peuvent bloquer ou perturber temporairement un site, mais ils ne peuvent pas mener une grève, et moins encore une grève distributive. La grande masse des travailleurs reste la seule force capable non seulement de bloquer le système mais aussi de faire redémarrer les choses d’une manière fondamentalement différente.

Le soulèvement français a néanmoins montré à quel point le système peut être secoué, même par ceux qui ont très peu de poids économique ou politique. Si les insurgés n’ont pas réussi à provoquer une grève générale, ils ont néanmoins fait bien plus que ce que chacun, y compris eux-mêmes, avait imaginé. Ce qui compte dans de telles luttes, ce n’est pas seulement le résultat immédiat, mais les riches leçons de l’expérience qu’elles amènent.

Ce fut un de ces rares moments où le changement qualitatif devient vraiment possible; quand toutes les possibilités sont dans l’air et les raisonnements habituels ne s’appliquent plus; quand les gens sont arrachés à leur stupeur habituelle, entretenue par le spectacle, et touchent un bout de vraie vie, de la vie comme elle pourrait être si nous n’étions pas coincés dans ce système absurde. Un obstacle renversé conduit à en renverser un autre, puis un autre. Tant que ça se produit, les participants du mouvement peuvent à peine croire ce qu’ils supportaient les jours d’ “avant”. Lorsque ça se termine et qu’ils sombrent à nouveau dans un état d’esprit “normal”, ils restent stupéfaits de ce qu’ils ont osé faire durant cet entracte magique.

Ça ne dure pas longtemps — quelques heures, quelques jours, quelques semaines au mieux. Menacé de destruction, l’ordre régnant met toutes ses forces en jeu. Non seulement ses évidentes forces de répression physique, mais aussi tout un vaste arsenal de méthodes plus subtiles qui lui permettent de créer la confusion, de distraire et diviser et affaiblir ceux qui s’opposent à lui. Face à une telle pression, une révolte ne peut pas faire du surplace. Sa seule chance est de continuer à s’étendre et innover. Sa seule possibilité de se défendre c’est de se développer.

Mais même si le mouvement actuel ne va pas plus loin, il a déjà remporté deux victoires. La première est d’avoir forcé le gouvernement à reculer. La seconde, bien plus importante, est l’expérience du mouvement lui-même. Le fait qu’il ait existé est une réfutation de la trompeuse “sagesse” conventionnelle qui a si longtemps prévalu: “La révolution est obsolète. Il n’y a pas d’alternative au système régnant. Il n’y a rien que nous puissions faire à part mendier quelques réformes. Ne soyez pas trop radicaux où vous dresserez les gens contre vous.” Le soulèvement en France a démoli ces mythes. En l’espace de quelques semaines toute une génération a été politisée. Ceux qui ont participé à cela ne seront plus jamais les mêmes qu’avant, et leur créativité et leur audace inspireront les peuples du monde dans les années à venir.

BUREAU DES SECRETS PUBLICS
22 mai 2006

>Version française de Reflections on the Uprising in France
[http://www.bopsecrets.org/recent/france2006.htm]. Traduit de l’américain par
Gérard Lambert et Ken Knabb.
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25 décembre 2006 1 25 /12 /décembre /2006 10:02
Bien le bonjour d'Oaxaca
Par george, Friday, Dec. 22, 2006 at 7:00 AM
Le Conseil "estatal" de l’Assemblée des peuples d’Oaxaca continue son chemin, les commissions arrivent à se réunir en prenant quelques précautions élémentaires.

Bien le bonjour,

Le Conseil "estatal" de l’Assemblée des peuples d’Oaxaca continue son
chemin, les commissions arrivent à se réunir en prenant quelques
précautions élémentaires. Comme vous avez dû le savoir, le Conseil pour la
Vallée centrale s’est réuni dans la nuit du 12 décembre en session
plénière ; au cours de cette réunion, de nouvelles actions de protestation
ont été décidées en vue de la destitution du gouverneur honni, le départ
de la Police fédérale préventive et la libération "des prisonniers
politiques et de conscience". Faisant preuve d’une grande imagination, le
Conseil a décidé une nouvelle manifestation pour dimanche prochain à
laquelle participera la COMO (Coordinadora de Mujeres Oaxaqueñas Primero
de Agosto). Cette manifestation partira de la fontaine des Sept-Régions
pour se rendre à la place de la Danza. En général, les femmes d’Oaxaca,
"las cacerolas" qui ont pris le siège de la radiotélévision locale Canal 9
le 1er août, ont des idées, je me souviens que, lors d’une manifestation
de rejet de la police fédérale accusée de violence sexuelle, elles avaient
levé des miroirs face à la rangée de flics afin qu’ils puissent se voir,
et lire, écrit sur les miroirs : "violadores". Cette fois, elles parlent
de s’enchaîner et de se bâillonner. Cela dit, cette succession de
manifestations est importante, c’est une façon de maintenir en ces moments
difficiles l’unité du mouvement et la mobilisation des esprits en vue des
échéances à atteindre. Hier, vendredi 15, ce sont les étudiants qui ont
manifesté avec les familles des disparus et des prisonniers, ils ont
surpris la PFP, qui dut prendre des mesures de protection dans la
précipitation quand ils sont passés à proximité du zócalo.

Durant cette session, les conseillers ont aussi résolu de se joindre à la
grande mobilisation convoquée par les zapatistes le 22 décembre prochain
pour le neuvième anniversaire du massacre d’Acteal, avec des
manifestations dans les principales villes de l’Etat et dans la capitale.
"Il y a toujours un état d’exception de fait afin d’intimider le peuple et
qu’il s’écarte du mouvement", précise le porte-parole de l’APPO et il
souligne que "la lutte du peuple" va bien au-delà des objectifs immédiats
mis en avant au cours des manifestations publiques et qu’elle poursuit une
profonde transformation de la vie sociale et politique de l’Etat à travers
une nouvelle constitution. 150 membres sur plus de 200 ont participé à ce
Conseil "estatal" de l’APPO. J’ajouterai à ce court exposé sur l’activité
du Conseil que la plupart de nos amis de la Coalition des maîtres d’école
indigène, de l’Autre Campagne et des barricades sont surtout occupés à
défendre les prisonniers, à soutenir les familles et à échapper aux flics.
La réponse à la répression n’est pas un retour au "chacun pour soi" comme
l’espérait l’Etat, mais une réponse collective. Pendant un moment, nous
avons pu croire que certaines familles, d’obédience priiste par exemple,
allaient faire bande à part et chercher à négocier la liberté de leurs
prisonniers avec le gouvernement en se dédouanant sur le dos des autres.
Ce ne fut pas le cas, la défense reste collective et l’expression de la
solidarité de tous.

Je viens d’apprendre que 43 prisonniers de Nayarit viennent d’être libérés
sous caution, de manière tout aussi arbitraire que celle qui avait présidé
à leur enfermement ; personne ne sait ici qui a bien pu payer la caution.
Le syndicat de l’éducation nationale ? Le fait du prince ? Et les autres ?
Mesure d’apaisement ou de division ? Je pencherai pour la seconde
hypothèse : quand les familles ont appris la nouvelle cet après-midi,
certaines ont crié leur joie, d’autres leur désespoir, toujours le fait du
prince. Les gens sont arrêtés sur décisions supérieures, les accusations
ayant été préfabriquées de longue date, ils plongent alors dans les
méandres kafkaïens d’une justice aux ordres et les procès vont pendant des
années s’enliser, s’engloutir dans les sables mouvants de l’impuissance
jusqu’au moment où l’Etat, lassé par le bruit, décidera de leur sort.
C’est ce qui s’est passé pour les torturés de Loxicha, ce qui se passe
pour les suppliciés d’Atenco et maintenant pour ceux d’Oaxaca. La passion,
la frénésie avec laquelle les Mexicains se lancent tête baissée dans le
juridique tout en sachant au fond d’eux-mêmes toute la vanité de leurs
efforts insensés me surprendra toujours. C’est la passion pour le juste,
une soif de justice qui est d’autant plus forte qu’elle n’est jamais
étanchée. Aux dernières nouvelles, Ulises Ruiz aurait négocié avec Rueda
Pacheco, du comité "estatal" de la section 22 du syndicat enseignant, la
libération des maîtres d’école ; en effet, pratiquement tous les instits
vont retrouver la liberté, 17 sur 22, il manque à l’appel tout de même un
maître d’école et trois éducatrices indiennes. Le comité directeur du
syndicat cherche à apaiser sa base, qui est particulièrement remontée
contre lui, et le gouverneur ne veut pas se retrouver avec une nouvelle
grève du corps enseignant sur les bras au moment où la police fédérale se
retire du centre-ville pour laisser la place aux touristes, Oaxaca est
très prisée, l’hiver, par les touristes nord-américains.

Je reviens de la manif des femmes. Le lieu de rendez-vous était bourré de
flics. On nous a fait remarqué que c’étaient des flics ministériels
déguisés en policiers fédéraux : "Regarde, certains ont des moustaches,
d’autres une panse qui déborde du ceinturon, ce n’est pas le corps
d’élite, bien entraîné de la PFP !" Je crois bien qu’ils ont raison. Pour
les premières au rendez-vous, ce déploiement de force est impressionnant
et il faut un certain courage pour rester à l’ombre et attendre l’arrivée
des autres afin que le nombre fasse une masse plus compacte à opposer à
cette présence dissuasive. Ils sont venus pour protéger, je pense, la
fontaine des Sept-Régions restaurée et enlaidie par le gouverneur.
Finalement, nous marchons jusqu’au parc Madero à la sortie de la ville en
direction de Mexico. Là, nous attendons l’arrivée des 43 prisonniers
récemment libérés. L’attente est longue sous le soleil de midi, mais, ici,
les gens ont la patience du Grand Sud. Ils ont fait venir une troupe de
musiciens pour accueillir les ex-détenus. La "banda" joue par
intermittence et sans grande conviction, les heures passent et rien à
l’horizon, les musiciens, qui ont rempli leur contrat et ont d’autres
échéances, partent, on tente de les retenir, de les convaincre de rester,
en vain, ils se sauvent, il ne reste que le trombone, son instrument est
trop lourd pour qu’il puisse prendre la fuite, les autres sont déjà loin,
il n’y a rien à faire… et c’est à ce moment qu’arrivent les cars tant
attendus. Il n’y a pas de musique, qu’importe, nous allons chanter et
c’est en chantant en chœur ("Vence-re-mos! Vence-re-mos, al Estado
sabremos vencer, vence-re-mos, vence-re-mos... a luchar, a luchar... el
campesinos, maestros, obreros, la mujer de la casa también todos juntos a
luchar, a luchar!"), et sous les applaudissements, que la foule accueille
les déportés. C’est un moment de grande émotion, cette effusion collective
à cœur et bras ouverts.

La prochaine échéance importante à mon sens sera la convocation de
l’Assemblée populaire des peuples d’Oaxaca. Elle ne se fera pas dans
l’immédiat, je pense ; d’une part, à la suite de la bataille du 25, une
reconstitution silencieuse des forces est nécessaire ; d’autre part, cette
assemblée plénière des peuples devrait être l’aboutissement des assemblées
communales et régionales, qui devraient se tenir successivement dans tout
l’Etat d’Oaxaca.

C’est le moment de reprendre notre souffle et d’analyser entre mythe et
réalité les lignes de force de cette "Commune d’Oaxaca". Tenter de donner
une signification à un ensemble d’événements, c’est déjà interpréter la
réalité. La différence entre le travail d’un historien et le mythe tient à
peu de chose. Le mythe comme le travail de l’historien est "un discours
qui révèle le réel", pour reprendre une définition de Hegel sur le mythe.
Seulement alors que le travail de l’historien reste l’expression d’une
pensée individuelle, ce qu’on appelle une thèse, le mythe est l’expression
d’une pensée collective, c’est le sens attribué collectivement, après
coup, à un événement historique, qui apparaît alors comme un événement
civilisateur, marquant un point de départ. Le mythe est la "vérité" de
l’histoire, du moins la vérité qu’en tire un groupe social, une communauté
de pensée. Quand, le 2 novembre, la locutrice de la radio universitaire,
la docteur Bertha dite Escopeta, nous appelait à venir défendre la radio,
elle nous engageait clairement à entrer dans l’histoire, autant dire dans
le mythe : "C’est une journée historique, ne restez pas chez vous, venez
défendre votre radio, entrez dans l’histoire, c’est un moment historique
que nous vivons, ne restez pas à la maison..." Et, dans un certain sens,
elle avait raison, la victoire du 2 novembre des habitants d’Oaxaca sur
les forces fédérales va marquer les esprits et son souvenir alimenter la
légende de la "Commune d’Oaxaca".

"C’était la première révolution dans laquelle la classe ouvrière était
ouvertement reconnue comme la seule qui fût encore capable d’initiative
sociale, même pour la grande masse de la classe moyenne de Paris,
boutiquiers, commerçants, négociants – les riches capitalistes étaient les
seuls exceptés [...] La grande mesure sociale de la Commune, ce furent sa
propre existence et son action. Ses mesures particulières ne pouvaient
qu’indiquer la tendance d’un gouvernement du peuple par le peuple." Cette
réflexion de Marx au sujet de la Commune de Paris (cf. "La Guerre civile
en France") peut nous aider à mieux cerner les caractères de la Commune
d’Oaxaca. Disons tout de suite que la mesure sociale de la Commune
d’Oaxaca, comme pour celle de Paris, est sa propre existence. C’est par
son propre développement, en imposant son propre style de relations, sa
cosmovision, par le rôle majeur et déterminant que tient l’assemblée, que
la Commune parvient ou peut parvenir à transformer en profondeur toute la
vie politique et sociale : "Nous avons la mission d’accomplir la
révolution moderne la plus large et la plus féconde de toutes celles qui
ont illuminé l’histoire", disaient déjà les partisans de la Commune de
Paris. Toutes les deux sont ennemies de la guerre civile et cherchent à
l’éviter. Dans les deux cas, les femmes ne sont pas exclues et participent
à égalité avec la gente masculine à la construction d’une nouvelle
organisation sociale, tout en ayant leur propre association : l’Union des
femmes pour la défense de Paris et le secours aux blessés, d’un côté ; la
Coordinadora de Mujeres Oaxaqueñas Primero de Agosto, de l’autre.

Deux différences importantes. Première différence : la Commune de Paris a
réellement gouverné la capitale et c’est en tant que gouvernement légitime
issu du peuple de Paris, des comités de quartiers et d’arrondissements,
qu’elle s’est opposée au gouvernement versaillais, rien de tel ici, à
Oaxaca, où elle est restée un mouvement d’opposition exigeant la
destitution du gouverneur, ce qui supposait de nouvelles élections, sans
chercher à se substituer à lui en tant que nouveau gouvernement de l’Etat
d’Oaxaca. En empêchant Ulises Ruiz de gouverner, elle a créé un vide, elle
a organisé une vacance du pouvoir, ce qu’on a appelé la disparition des
pouvoirs. C’est cette disparition qu’elle cherchait à faire reconnaître
par l’Etat central, sans y réussir. Elle n’a pas cherché à remplir ce
vide. Cependant, elle n’allait pas en rester là et elle n’en reste pas là.
Du fait de son mode d’organisation, la Commune d’Oaxaca est porteuse d’un
projet politique et social, elle appelle à une Constituante pour
l’élaboration d’un nouveau contrat social. En fin de compte, elle se
présente aux yeux de la société comme un commencement, comme le point de
départ d’un dialogue entre les différents secteurs pour une nouvelle
constitution, qui reconnaîtrait, par exemple, l’assemblée communautaire
comme l’élément fondateur de la vie politique.

Deuxième différence : le monde ouvrier, bien présent à travers les
sections de l’Internationale, les chambres syndicales et les coopératives
dans la Commune de Paris, brille par son absence dans la Commune d’Oaxaca.
Les catégories sociales dont parle Karl Marx sont présentes, boutiquiers,
petits commerçants, artisans, maçons, menuisiers, mécaniciens, manœuvres,
journaliers, portefaix, musiciens, serruriers, tout le monde des petits
métiers, qui constitue la population des colonies et des quartiers
pauvres, participent ou ont participé à divers degrés à ce mouvement
social, mais pas les ouvriers conscients d’appartenir à une classe
particulière, disons le prolétariat, travaillant dans les mines,
l’industrie et les manufactures. Il y a bien hors de la ville ce que le
gouvernement nomme pompeusement une zone industrielle où se trouvent
quelques maquiladoras, les syndicats y sont bannis et, à ma connaissance,
les gens qui y travaillent ne se sont jamais manifestés à l’assemblée
comme travailleurs ou travailleuses organisés, s’ils ont pu un jour faire
partie de l’APPO. Il y a bien, comme dans la France du XIXe siècle un
exode important des campagnes, mais c’est pour aller travailler dans le
pays voisin ou dans les plantations de tomates de Sonora, ou pour venir
dans la ville exercer les petits métiers cités plus haut. En aucun cas,
nous pouvons dire au sujet d’Oaxaca ce qu’écrit Marx au sujet de Paris,
que "c’était la première révolution dans laquelle la classe ouvrière était
ouvertement reconnue comme la seule qui fût encore capable d’initiative
sociale". Si les habitants des colonies ont pu jouer un rôle important,
c’est surtout comme communauté de voisinage, et non en tant qu’ouvriers
organisés.

Deux groupes sociaux jouent (ont joué et vont jouer) un rôle déterminant
dans l’Assemblée populaire des peuples d’Oaxaca : le corps enseignant et
le monde indigène. Comme vous avez pu vous en rendre compte, le courant
passe difficilement entre les deux, en général les communautés
villageoises reprochent aux maîtres d’école le fait de participer très peu
à la vie sociale du village. Souvent, il y a eu, au cours du mouvement,
mésentente entre la population et les enseignants, et la raison en est
très simple : les maîtres d’école ont dédaigné aviser de leur lutte les
habitants du village. "A travers la rumeur, nous avons eu connaissance des
problèmes avec le gouvernement, mais les éducateurs n’ont pas eu la
courtoisie de nous dire en assemblée comment se présentait l’affaire", dit
un habitant de la région mixtèque. Cet hiatus, nous l’avons ressenti aussi
dans la ville même, où la communication passait mal non seulement entre
les enseignants et une partie de l’assemblée mais aussi entre l’APPO,
dominée par le corps enseignant, et les colonies, les quartiers et les
barricades, au point d’ailleurs où certains jeunes des barricades ont
failli rompre avec l’assemblée. Pas toujours, il faut aussi signaler que
dans certaines municipalités ou colonies le lien était étroit et très fort
entre les maîtres d’école, les parents d’élèves et la municipalité, ce
sont dans ces communes ou dans ces quartiers que le mouvement populaire
était, et reste, le plus puissant. Revenons à ces deux pôles de
l’Assemblée populaire des peuples d’Oaxaca et commençons par le corps
enseignant, qui a fourni ce que j’appellerai les cadres politiques de
l’APPO.

Le Syndicat national des travailleurs de l’éducation (SNTE) a été fondé en
1943 et il est divisé en 58 sections (il y a des Etats qui ont deux
sections comme l’Etat du Chiapas, la section 7 et la section 40). La
section 22 correspond à l’Etat d’Oaxaca. Le syndicat, comme tous les
syndicats mexicains, est contrôlé au niveau national par le Parti
révolutionnaire institutionnel qui était, il y a peu le parti d’Etat, ou
parti unique. Par exemple, Esther Gordillo, l’actuelle secrétaire
nationale, a été placée à la tête du SNTE par le président de la
République, Salinas de Gortari en 1989, elle y est encore. En 1979 est
apparu au sein du SNTE un courant démocratique critique de la bureaucratie
syndicale restée entièrement sous la coupe du parti d’Etat. Ce courant est
apparu pour la première fois au Chiapas en décembre 1979 où il est resté
minoritaire, il a un nom, c’est la Coordination nationale des travailleurs
de l’éducation – Coordinadora Nacional de los Trabajadores de la Educación
– ou CNTE. Elle est minoritaire au Guerrero, Michoacán, District fédéral,
pratiquement inexistante ailleurs. Elle est majoritaire dans un seul Etat,
celui d’Oaxaca. Cette tendance, après une lutte féroce contre la
bureaucratie avec son cortège d’assassinats, de grèves et de répressions
sanglantes, a pris le contrôle de la section 22 en 1982. Elle a glissé sa
propre organisation à l’intérieur du SNTE et elle a en quelque sorte
inversé le sens des prises de décision. A la base se trouvent les
délégations (plus de 40 personnes) et les centres de travail (moins de 40
personnes) en fonction de la concentration des écoles ; il y a 570
délégations et plus de 200 centres de travail. Les délégations et les
centres de travail désignent leurs délégués, deux par délégation et un par
centre de travail, qui formeront les comités ou coordinadoras de secteur
(37) et de régions (7), ils sont désignés pour deux ans et continuent à
travailler. L’assemblée générale des travailleurs de l’éducation a lieu
chaque mois, c’est l’organe suprême, c’est elle qui désigne les membres de
la direction collective ou comité "estatal" chargés de l’application des
décisions prises en assemblée et de coordonner à travers les comités de
région et de secteur les plans d’action. Les membres du comité au niveau
de l’Etat sont des permanents nommés pour trois ans. C’est à ce niveau que
le bât blesse actuellement, puisque les permanents comme Rueda Pacheco
semblent agir à leur guise, pour un intérêt étranger à la volonté de
l’ensemble, ils ont réussi à falsifier les votes et à manipuler les gens,
provoquant une colère qui n’attend que la prochaine assemblée pour
s’exprimer. Ce n’est pas nouveau, depuis quelques années déjà s’était peu
à peu reconstituée une bureaucratie syndicale qui, avec l’aide des partis
politiques, cherchait à prendre le contrôle de la section 22. C’est le
comité "estatal" qui doit convoquer tous les mois l’assemblée et pour
l’instant, sachant ce qui l’attend, il en repousse indéfiniment
l’échéance.

L’APPO est calquée en grande partie sur l’organisation de la section 22,
elle a eu la sagesse de former un conseil, el Consejo estatal, comme
direction collective (plutôt qu’un comité directeur) dont les membres sont
bénévoles et nommés pour deux ans (plutôt que salariés et nommés pour
trois ans), ajoutons que les conseillers sont révocables à tout instant
par l’assemblée s’ils accomplissent de travers la mission qui leur a été
confiée. Cela dit, le problème qui est apparu au sein du syndicat
enseignant ne disparaîtra pas pour autant au sein de l’APPO, c’est à
l’assemblée à se montrer vigilante quant au choix de ses délégués. Pour
l’instant, la grande partie des conseillers, sous diverses casquettes,
délégués de quartiers, de groupes politiques et d'associations civiles, de
municipalités, en plus des quarante sièges qui ont été réservés à la
section syndicale, sont membres du corps enseignant, ce sont eux, avec les
militants des différentes organisations politiques et civiles (le PRD et
Flavio Sosa, par exemple), qui leur sont assez proches en pensée, qui
forment le corps politique de l’APPO. La plupart sont issus de la gauche
traditionnelle marxiste-léniniste avec une grande expérience de la lutte
syndicale et fort jaloux de la démocratie assembléiste à laquelle ils
étaient parvenus. Pourtant, leur formation intellectuelle et politique,
l’idéologie qui les anime, les a parfois éloignés de la vie sociale
proprement dite des quartiers, des colonies et des communautés. Ils
luttent pour ce qu’ils appellent d’un terme générique "le peuple", pour
"un gouvernement du peuple par le peuple", disent-ils, tout en éprouvant
quelques difficultés de communication avec ce fameux peuple, dont ils se
sont trouvés, par la force des circonstances et de l’idéologie, séparés.
Pour l’Etat, ils représentent la partie visible et la mieux connue de
l’APPO ; fils rebelles et prodigues de l’Etat, ils sont en première ligne
et forment les cibles privilégiées de la répression et du châtiment.

Pour Ulises Ruiz et ses comparses de l’Etat fédéral, dont Esther Gordillo,
la section 22 du syndicat des enseignants reste l’ennemi à abattre,
l’ennemi déclaré, l’ennemi numéro 1, et ils cherchent par tous les moyens
à la défaire, à rompre l’unité qui faisait sa force, à y apporter la
division. Rappelons pour mémoire que la section Oaxaca compte 70 000
adhérents et que l’assemblée a un pouvoir de convocation et de
mobilisation exceptionnel. Le jeu ambigu des dirigeants aide le
gouvernement d’Ulises Ruiz dans sa tâche de démolition. Un coup de force,
en quelque sorte un coup d’Etat, se prépare au sein de la section 22 ; il
est désormais urgent pour le pouvoir de reprendre le contrôle de cette
section syndicale avec l’appui des permanents du comité directeur :
"Ont-ils été menacés ? Ont-ils été achetés ? Ou les deux à la fois ?"
s’interrogeait dernièrement un syndicaliste de base. C’est dans cette
perspective d’un coup de force du pouvoir qu’il faut comprendre la
non-convocation de l’assemblée des syndiqués et la libération récente de
17 instits négociée avec Ulises Ruiz. Défaire le syndicat, c’est aussi
rompre l’unité, à l’intérieur de l’APPO, entre les maîtres d’école et le
reste de la population. Une première tentative de division avait eu lieu,
on s’en souvient, avec la reprise des classes votée d’une façon suspecte
fin octobre. Cette première division avait été surmontée grâce à la
population et à l’attitude de certaines délégations qui, contre l’avis du
comité central, avaient poursuivi la grève et l’occupation de Santo
Domingo. Nous sommes face à une deuxième tentative de trahison. Affaire à
suivre, donc.

Pourtant, ce puissant mouvement social, parti d’un soutien apporté par la
population à la lutte des maîtres d’école, bouleverse bien des données ;
dans le feu du débat et de la critique effective d’un monde, des
positions, que l’on croyait immuables, sont en train de changer. Dans le
cours de ce mouvement est apparu un acteur omniprésent et pourtant
difficilement saisissable dans les termes convenus et rigides de
l’idéologie, la population pauvre de la ville et de l’ensemble de la
région. C’est elle qui a résisté à l’avancée des troupes fédérales, qui a
protégé la radio universitaire avec un courage et une détermination
admirable, c’est elle qui est descendue dans les rues pour manifester dans
les moments difficiles son rejet d’un état d’exception et son soutien aux
maîtres d’école puis à l’APPO, c’est elle enfin qui s’est organisée autour
des barricades, établissant des tours de garde, faisant la cuisine,
apportant le café dans les heures froides de la nuit ; les "chavos bandas"
y côtoyaient l’étudiant ; l’institutrice, le maçon ou le charpentier ; les
mères de famille, le casseur. Cette population pouvait paraître
hétéroclite, elle ne l’est pas, un dénominateur commun unissait tous ces
gens, l’attachement à un savoir-vivre. C’était sans doute la même
population qui se trouvait sur les barricades de la Commune de Paris,
attachée, elle aussi, à un savoir-vivre, qui avait ses racines dans les
traditions ancestrales des peuples originaires. Les colonies qui ont
soutenu le plus fort des combats furent celles où la proportion des
immigrés indigènes, Zapotèques, Mixtèques, Mixes, Triquis, était la plus
forte.

Au début, cette population n’était pas présente ni représentée, dans
l’APPO. Quand l’Assemblée du peuple d’Oaxaca fut créée, le 20 juin, elle
n’avait d’autre fonction que celle d’appuyer la lutte des enseignants.
Elle était surtout composée des formations politiques issues d’un même
courant de pensée (marxiste-léniniste) auxquelles se sont incorporés par
la suite des dirigeants de diverses organisations. L’APPO se présentait
alors comme une coalition de dirigeants sociaux et politiques articulée
par un comité provisoire de 30 personnes. Peu à peu, au cours des mois qui
suivirent, sous la poussée de cette base sociale, cette partie immergée de
l’iceberg, une mutation a commencé à se produire. Après avoir hésité, les
peuples indiens de la Sierra Norte ont décidé de participer à l’assemblée
au cours du congrès constituant des 10, 11, 12 et 13 novembre.
Actuellement, les conseillers continuent à se rencontrer et à se réunir au
niveau local et régional. Dans la région de Villa Alta, par exemple, au
cœur de la montagne Juarez, les habitants ont décidé de fermer la
délégation gouvernementale de la commune de Lachirioag, ils ont poursuivi
et chassé le fonctionnaire du gouvernement. Un ami, qui a dû se réfugier
quelque temps dans les cañadas, m’a rapporté que la résistance restait
très forte dans bien des villages. C’est un travail de l’ombre, qui
inquiète le gouvernement, il a bien l’intuition que tout un pan du
mouvement échappe à sa vigilance, il a dû tout dernièrement arrêter trois
membres de l’APPO, leur poser des questions sous la torture pour tenter de
savoir ce qui se passe, pour ensuite les relâcher. Ce travail de l’ombre
échappe aussi en partie aux militants d’extrême gauche qui, de leur côté,
sont amenés à prendre des initiatives au nom de l’APPO sans toujours
rendre des comptes. Le 27 décembre aura lieu une assemblée plénière à
l’échelle de l’Etat d’Oaxaca du Conseil, nous n’y verrons sans doute pas
plus clair. Je pense que l’Assemblée populaire des peuples comme le
Conseil sont des instruments d’unification des luttes sociales, cette
unification ne va pas se faire du jour au lendemain, mais l’outil est là
ainsi que la volonté de s’en servir. La société est bien consciente de la
faillite d’un système, elle se rend compte de la dégradation de ses
conditions de vie, de l’épuisement des formes traditionnelles de
résistance et de la nécessité où elle se trouve d’inventer d’autres voies
de survie.

Oaxaca, le 19 décembre 2006.

George Lapierre


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23 décembre 2006 6 23 /12 /décembre /2006 19:59

 

LA "FOI" EST UN TERRIBLE MOMENT DU FRAIS

REPONSE A UNE DECUE DES PERSPECTIVES ELECTORALES RAPEES DES

ANTILIBERAUX DE GOCHE

Par Hachmed Honsmahrr

 

Assez intéressante ton analyse pitoyablement larmoyante qui de surcroit ne manque pas d'humour ...ni de  spontanéité ou encore d'une certaine et déconcertante "naïveté"...

 

Bon, et bien puisque c'est ainsi, avec toi nous disons:

Qu'ils aillent tous et toutes se faire voir où bon leur semblera, là où sans doute (si… avec quelques doutes) on pourrait avoir le goût incertain et douteux de les contempler.

 

Les singes, éléphants, groscodiles, petits codiles, girafes à cols courts, à cols montés, les Bonobos, les dauphins, les féroces rynosrynos, les astucieuses autruches-hors-sable, les cacatoes, les cacatoutchiants, les cacaboudins, associés à toutes les espèces "çavauriennes" se sont opposés à leurs venues comprises comme un rackett sur le montant des entréees au...parc zoologique d'une conscience de bazar...

 

Un bonobo averti nous a laissé entendre qu'il se pourrait bien que tous ces salopards-là trouveraient dans leur déconfiture le moyen de se faire de nouvelles tartines au beurre de cacahuettes, à bon compte...

Le pacifique bonobo aurait ajouté, comme emporté : «  je nike, je nike, mais là je leur pête la tronche!... » Et il n’avait pas l’air de rigoler, même avec sa bite (impressionnante) à  la main…

Comme quoi, même le pacifisme a ses limites!

 

Puisse ce témoignage de la faune sauvage hélas  en captivité mais au combien éloquente inciter à l'abstention révolutionnaire, c'est à dire à la pratique de la théorie dans les quartiers, la zone, et ailleurs...

Amicalement.

Ton besoin de consolation étant sans doute aussi infini qu’ insoutenable, nous ne te ferons pas l'affront de prétendre le pouvoir « soutenir » ou y compatir  alors que ce n'est pas le cas.

 

1) Tu serais déçue.

2) Nous n'avons que peu de goût pour cela.

3) A force de devenir révolutionnaire, tu finirais par reprocher aux réformistes de ton entourage d'être ce qu'ils sont; des ordures, des ploutocrates planqués, des charognards humanistes, des « faux nez » en tous genres !

 

Ce qui ne pourrait que t'attirer des inimitiés inattendues...

Non, Non et Non! Nous ne prendrons pas un tel risque moral…

 

ACCROCHE-TOI ET  VOTE..., COMME D’HABITUDE !

Gauche/Droite/Centre/ ext-Gauche/extr-Droite, et même pour le fond  de culotte d'un Nicolas ou d'un autre Nicolas… car ils sont tous tellement interchangeables qu’en votant pour l’un tu réussiras en definitiveà voter pour les deux...

et dans le même "Elan" pour tous les autres à la « foi » :

c’est du pareil au même et tu le sais ! 

 __________________________

Puisque tu sais déjà que cela ne sert à rien, là au moins, tu ne seras pas déçue!

Et bonnes fientes de fin d'achmée...

 

Nosotros.incontrolados/les amis du négatif à l'oeuvre

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23 décembre 2006 6 23 /12 /décembre /2006 14:28
MESSAGE IMPORTANT 

La nouvelle Charte d’Indymedia Toulouse

« AUX MODERATEURS,

PRENEZ DONC LA MEME DÉCISION QUE SUR INDYMARSEILLE. LE COLLECTIF SUPPRIME TOUT ARTICLE SUJET A INSULTES, DONC TOUT CE QUI CONCERNE ISRAËL/PALESTINE. »

AuteurE : ras le bol

le 5/03/2006 à 22h45

A Indymedia Toulouse, c’est devenu officiel : on peut parler de TOUT sauf du nettoyage ethnique des Palestiniens.

Les articles qui font peur à Indy Toulouse :

"AU COUDE À COUDE, COMME DU BÉTAIL", par Gideon Levy

ÉLECTIONS ANTICIPÉES EN PALESTINE : LE NOUVEAU "JEU DE QUI GAGNE PERD" INVENTÉ PAR LES ISRAÉLIENS ?

Le piège de la reconnaissance d’Israël, par Jonathan Cook

Le Hamas et le "droit à exister" d’Israël, par Virginia Tilley

Interview de Khaled Meshall

Les Arabes d’Israël demandent le retour dans les villages abandonnés

Diviser pour conquérir

Génocide, négationnisme et Israël, Par Alain Gresh

Les Arabes d’Israël demandent le retour dans les villages abandonnés, parYoav Stern

LE HAMAS PRÊT À UNE sCOEXISTENCE PACIFIQUE AVEC ISRAËL DANS LES FRONTIÈRES DE 1967

L'ensemble des textes traitant de cette question signés 

des amis du négatif à l'oeuvre/nosotros.incontrolados

La liste n’est pas exhaustive.

Pour que notre belle jeunesse ne puisse pas être pervertie par des choses qu’elle n’a pas besoin de savoir, les articles ne sont plus REFUSÉS, ils sont NIÉS.

Mais ça va être vachement dur de faire l’impasse sur un des plus grands crimes D’AUJOURD’HUI et d’en donner une explication CRÉDIBLE.

Bon courage !

P.S. Je ne saurais trop recommander aux lecteurs attentifs de sauvegarder systématiquement les articles et commentaires qui ne sont pas dans la ligne de la pensée dominante. Ils disparaissent sans laisser de traces.

Indymedia Toulouse étant le seul Indy où toute trace d’une position dérangeante est systématiquement effacée, j’ai bien peur que l’étape suivante ne soit une RÉÉCRITURE des archives.

VIGILANCE - ENREGISTREZ TOUT !


AuteurE : Anastasia

l

Réponse succincte à ANASTASIA par Les amis du négatif à l'oeuvre


Les divers "indy" se sont sauvagement attelés aux traits des "vieux chevaux de retour" tels la censure et le "bien pensé" ou encore "le politiquement correct"...


Il fallait s'y attendre : lorsque la critique devient, dans la pensée "activiste" (Bouh, qu'on déteste ce terme là !) l'ennemie de la continuité, il y a fort à parier que la continuité devienne une "rétro-activité" pour ne pas dire une activité singulièrement rétro. Ce qui se fige pourrit !

Les moultes observations de N.I relativement à la censure des IMC n'ont jamais eu pour objet de saboter IMC comme nous en fûmes parfois accusés, mais bien de réunir les conditions nécessaires devant en limiter la "dérive droitiere" de plus en plus constatée et unanimement contestée, ont tout d'abord rencontré la négation :" C'est pas vrai ! on censure pas,on s'explique..." puis, le mécontentement grandissant, les excuses bidons disparurent tout simplement au profit de :" Si t'es pas content va voir ailleurs !"... Et maintenant c'est devenu au travers de :" Ecrivez et dites ce que vous voulez, on s'en tape pourvu que vous ne critiquiez RIEN"...

La démocratie de IMC serait-elle devenue à ce point aussi visiblement ce qui les contenait à être essentiellement : "La dictature c'est ferme ta gueule enfin", juste après le fameux "la démocratie c'est cause toujours, tu nous interesses" !


Ne nous faisant aucune illusion désormais, IM est pour nous un substrat d'outil qui peut fort bien se passer de nos avis dans leur refus d'évoluer, dans leur souci constant d'involuer.

Bientôt nous serons - avec quelques autres-  "éjectés" de tous les sites IMC, cette perspective de la censure en actes, en se généralisant, fixe en même temps les limites d'un avenir devenu soudainement singulièrement bref!


Et plus les IM s'auto-congratulent dans l'illusion qu'ils entretiennent  de constituer le 1er média "activiste" du monde, plus leurs pratiques les dénoncent comme ressemblant de plus en plus à leur concurrents censeurs et conformistes...

"Miroir, miroir dis moi...."


Dommages colatéraux !


BELLACIAO, AGORA VOX et INDYMEDIA  SE RALLIENT AU RACKETT POLITIQUE ET RELIGIEUX  DES VALETS AU SERVICE DU CRAPAUD DE NAZARETH:
LA TRISTE RANCON DU SUCCES!!!
 

http://nosotros.incontrolados.over-blog.com
AuteurE : nosotros.incontrolados/les amis du négatif à l'oeuvre
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23 décembre 2006 6 23 /12 /décembre /2006 09:43
 
Solidarité directe avec les oppriméEs et exploitéEs de Oaxaca
et du monde, pas avec l’APPO et ses leaders corrompus

A la lecture des communiqués de l’APPO et d’autres organisations, collectifs et individus qui aujourd’hui lui servent de figurants, y compris certainEs compagnonNEs anarchistes naïvement à la remorque de ce tas de fumier bourgeois et autoritaire, nous nous demandons sincèrement si nous parlons de la même chose ou, pire encore, si nous habitons le même pays, ou bien si ce qu’ils nous racontent se passe sur une lointaine galaxie.

Sans doute, la révolte excite la petite bourgeoisie et celle-ci ne pense qu’à apporter de l’eau à son moulin, en utilisant les oppriméEs et exploitéEs comme chair à canon dans les guerres de pouvoir intestines que se livrent ses différentes factions.

Il est certain que tout a commencé début mai avec la mobilisation combative des travailleurs de l’éducation pour des revendications salariales et que cela s’est ensuite étendu considérablement grâce à la solidarité de larges secteurs des oppriméEs, puis face à la répression de la Police d’Etat le 14 juin. Mais il est tout aussi certain que la création de ce qu’on appelle l’Assemblée Populaire des Peuples de Oaxaca (APPO) est UNIQUEMENT à mettre au compte de l’opportunisme des leaders corrompus d’une douzaine d’organisations clientélistes, mécontentes des coupes budgétaires relevant du gouverneur Ulizes Ruiz, celui-là même qui les allaitait depuis des temps immémoriaux.

C’est précisément l’opportunisme de ces organisations clientélistes, de même que les intérêts et les croche-pattes syndicaux (de l’officialiste Syndicat de Travailleurs de l’Education avec à sa tête la chef gangster Elba Esther Gordillo, comme de la soi-disant Coordination Démocratique et du Conseil Central de Lutte) lors de l’“émergence” de l’APPO, qui a donné le coup de grâce au mouvement révolutionnaire naissant à Oaxaca.

Loin de ce qu’elle veut faire croire et malgré le discours “radical” avec lequel elle tente de semer la confusion en appelant à défendre la “commune d’Oaxaca”, l’APPO n’est rien d’autre que la sépulture officielle de la contestation sociale, non seulement au sud, dans l’Etat de Oaxaca, mais sur tout le territoire mexicain. Derrière ces sigles se cachent les intérêts économiques et politiques de la gauche du Capital et pullulent les léninistes de toutes couleurs (staliniens, maoïstes, trotskistes) comme, bien évidemment, la social-démocratie et autre bourgeoisie “propre”, sous couvert du projet pejelagardista d’un capitalisme “plus humain”. Son objectif principal est d’améliorer l’ordre démocratique bourgeois par des réformes d’Etat et en remplaçant un rat de gouvernant par un autre, disposé à distribuer les miettes du gâteau.

De cette manière, l’APPO et ses dirigeants corrompus, cachant les vrais intérêts de la fraction en lutte qui leur correspond, sont venus neutraliser l’autogestion de la lutte. Ils ont ainsi détourné et canalisé la désobéissance et la contestation sociale vers des suppliques démocratiques et la défense de l’ordre bourgeois. Ils ont utilisé à leurs fins politiques toutes les personnes sincèrement en lutte qui ont rejoint la solidarité en toute conscience et se sont confrontées aux chiens en uniforme de l’Etat-Capital.

Mais ces dirigeants corrompus qui servent aujourd’hui la gauche du Capital et asphyxient la révolte des oppriméEs et exploitéEs pour apporter de l’eau à leur moulin, ont des visages, des noms et des prénoms et nous avons bonne mémoire dans notre antagonisme à l’Etat-Capital.

Ce nid de leaders corrompus qui constituent l’APPO ont déjà une longue histoire à la gauche du Capital, ce sont les gens à la botte de Flavio Sosa, anciennement député du PRD qui rejoindra plus tard la campagne de Vicente Fox, pour former ensuite le parti Unidad Popular d’Oaxaca (avec d’autres éléments du Frente Popular Revolucionario), le même qui a favorisé le PRI dans les commissions qui ont amené Ulizes Ruiz au gouvernement de l’Etat d’Oaxaca (Revue Proceso 1560, 24.09.06)..
On peut citer aussi des staliniens comme Rogelio Pensamiento, leader du MULT (Mouvement d’Unification de la Lutte Triqui), groupe le plus représenté au sein de l’APPO avec le Front Populaire Révolutionnaire dont font partie presque tous les dirigeants actuels), connu, selon les déclarations de Ochoa Lara (avocat de l’APPO) pour ses “accords avec les gouvernements du PRI”. Ou encore des mythomanes et profiteurs de l’acabit de Raul Gatica, leader du clientéliste Conseil Indigène Populaire d’Oaxaca Ricardo Florès Magon (CIPO-RFM), cynique au point de se présenter sous le drapeau autonome et anarchiste afin de collecter des fonds pour son “exil” doré au Canada et à Barcelone. Que dire en outre de l’arrivée parmi ces dirigeants de Zenen Bravo Castellanos, Erangelio Mendoza et du stalinien octogénaire Felipe Martinez Soriano, ex-recteur de l’Université Autonome de Oaxaca Benito Juarez et militant de l’organisation de guérilla PROCUP-PDLP, aujourd’hui intégrée dans l’EPR ? Sans parler de l’arrangement en sous-main (sur le dos de la base) avec la partitocratie de gauche et de tout le fric qu’ils reçoivent de sénateurs et de députés, voire directement des coffres du PRD (Parti de la Révolution Démocratique, opposition “de gôche”). Ni de l’annonce faite par les dirigeants de l’APPO, selon laquelle une délégation émanant de celle-ci se rendra le 20 décembre prochain à Mexico pour participer à la protestation de Andres Manuel Lopez Obrador, mais seulement comme expression de la lutte pour la démocratie, et pour empêcher que Felipe Calderón ne proteste, si Ulizes Ruiz ne démissionne pas ou demande à être démis de ses fonctions avant le premier décembre.

CompagnonNEs, si nous mettons les points sur les ”i” et nous dénonçons toute cette pourriture qui vise à détourner et à mettre fin à la lutte contestataire qui, aujourd’hui, reprend des forces dans différentes régions du monde, et si nous exposons les véritables intérêts que la gauche du Capital occulte quand elle manipule les mobilisations et la révolte, ce n’est pas pour enlever de l’importance aux manifestations de combativité révolutionnaire et anti-autoritaires qui sont notamment apparues au cours des affrontements contre les chiens de garde de l’Etat-Capital. C’est encore moins pour appeler à abandonner l’insurrection. Au contraire, nous sommes à la recherche de la réflexion consciente qui nous permette de dépasser ces groupes clientélistes et tout ce ramassis de leaders corrompus, et d’étendre la guerre sociale par l’insurrection généralisée.

Anarchistes insurrectionnalistes, nous avons le devoir et la responsabilité de signaler (comme nous l’avons déjà fait à l’époque où la bourgeoisie de gauche appelait à voter pour l’AMLO) que cette guerre de rapine entre fractions de la bourgeoisie N’EST PAS NOTRE GUERRE.

Nous ne livrons pas la guerre sociale pour un capitalisme plus humain ou pour maquiller l’exploitation et l’oppression. Nous ne nous battons pas pour améliorer l’ordre bourgeois, ni pour l’alternance dans la partitocratie. Nous ne visons pas à destituer un gouverneur satrape pour en mettre un autre à la place, à faire partir Fecal et la mafia du YUNKE du siège présidentiel pour les remplacer par Bejarano et sa bande de dealers et de spéculateurs du “logement digne”. NON, notre guerre vise à la destruction de l’Etat-Capital, pour le Communisme, pour l’Anarchie. Et ceci n’est possible que par l’autogestion de la lutte, par la splendeur du feu antagoniste, rejetant le discours de contention des syndicats, des partis et les appels à “la sagesse” de ces patriarches profiteurs des organisations clientélistes qu’on appelle par euphémisme “organisations sociales”.

Dans la guerre sociale, la droite et la gauche du Capital (qu’elle soit social-démocrate ou stalinienne) sont tout autant les ennemies des oppriméEs et exploitéEs et cela, les protagonistes anti-autoritaires et libertaires des luttes d’Oaxaca le savent bien.

Aujourd’hui, l’insurrection redevient l’arme sans pareille des oppriméEs et exploitéEs, à la surprise amorphe des maquilleurs de la société du spectacle, des spécialistes en occultation et camouflage de la réalité, des vendeurs d’illusions et d’espoirs. Une fois de plus, les montreurs de marionnettes n’ont pas réussi à manipuler à temps les fils cachés pour freiner les désirs insurrectionnels des oppriméEs. C’est pour cela qu’ils crient hystériquement aux “complots d’extrême-droite” lorsque tonnent les engins explosifs (1).

L’extension de la lutte et sa potentialité montrent une nouvelle fois que l’insurrection libertaire n’appartient pas au passé et qu’on peut sortir de la résignation, de l’aliénation et de l’attente du “paradis promis” pour devenir le pire cauchemar du pouvoir, la joyeuse dynamite qui, ici et maintenant, fait exploser l’Etat-Capital.

C’est pourquoi, en appelant à la solidarité avec le peuple de Oaxaca, nous appelons à étendre la guerre sociale, à abandonner le pacifisme réformiste, les manifestations moutonnières et les bouts de papier des pétitions.

Nous sommes anarchistes insurrectionnalistes et nous savons que nous devons détruire totalement l’Etat-Capital. Nous invitons et incitons pour cela à dépasser le discours réformiste qui demande la destitution d’un fonctionnaire et réclame la “démocratie”. Nous exhortons aussi à attaquer frontalement tout ce qui nous opprime.

Vive la splendeur du feu antagoniste, la joie du vol indomptable des cocktails molotov, la jouissance des machettes insurrectionnelles au vent, les détonations festives des bazookas en PVC, le charme du bourdonnement joyeux des pierres rebondissant sur les boucliers et les casques des laquais gardiens de l’Etat-Capital !

Coordinadora Insurreccional Anarquista
Mexico, Planète Terre, le 16 novembre 2006
insurreccion_acrata@yahoo.com.mx

Pour les personnes emprisonnées à Oaxaca et tous les prisonnierEs “politiques” et “sociaux” du monde.
Pour l’extension de la guerre sociale.
Pour l’insurrection généralisée.
Pour la destruction de l’Etat-Capital !


Ndt:
1. Le 6 novembre 2006 au matin, trois engins explosifs sautaient à Mexico contre le Trife (le tribunal électoral), le quartier général du PRI et la banque canadienne Scotiabank. Cinq mouvements de guérilla ont revendiqué cette attaque le lendemain, demandant la démission d’Ulises Ruiz et le retrait des forces fédérales de Oaxaca. Flavio Sosa, l’un des leaders de l’APPO, a aussitôt déclaré : “nous n’avons rien à voir avec cela. Notre combat est pacifique et démocratique”.

[Traduit de l’espagnol. Publié sur Klinamen.org, le 21 novembre 2006]
[Extrait de "Cette Semaine" n°91, décembre 2006, pp.30-31]

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NOTES DE NOSOTROS.INCONTROLADOS/
Ce texte nous a été communiqué par: Attilà Jorn.

On retrouve dans ce texte un ton triomphaliste propre à un enthousiasme bien compréhensible au regard de la situation en OAXACA mais également critiqué dans le texte "TIR FIXE" en cours d'édition sur ce site.

Il est évident qu'il convient de dénoncer la main mise des apprentis maffieux sur le mouvement en cours et sa recherche d'une cohérence théorique qui se situerait justement au delà de la seule dénonciation de "L'Etat-Capital" dans un discours réduisant des évidences élémentaires en poncifs généralement reconnus de presque tous.

Toutefois, bien qu'il apparaisse en clair que l'ensemble du mouvement libertaire soit considérablement divisé sur le sujet comme dans les assemblées, que le tout d'une réalité révolutionnaire court indiscutablement le risque de s'éloigner dans une représentation qui, en véhiculant des cohortes de proclamations péremptoires confinant à l'auto-satisfaction, génère avec elle - parcequ'elle ne dénonce en rien la profondeur de l'INSATISFACTION QUI GRONDE - la faiblesse inquiétante de ceux et celle qui s'affichent comme en étant la force et la dynamique exemplaires, nous soutiendrons dans l'ensemble les initiaives rebelles non sans observer autant faire que se peut une distance critique aussi nécéssaire que l'exige le refus de toute complaisance.

La faiblesse de tout mouvement révolutionnaire réside dans les difficultés qu'il a à affirmer son expression qualitative autonome dans l'indispensable remise en cause de la place qu'il occupe dans le Spectacle   qui sait si bien le flatter dans ses profondeurs "juvénilement narcissiques", et ainsi le phagocyte!

Toute dénonciation parcellaire qui ne sait partir d'elle même conduit à renforcer en creux la domination  qu'elle prétend vouloir atteindre.

Nonobstant, nous avons fait le choix de soutenir et de diffuser aussi largement que possible toutes les  communications visant au moins à déstabiliser  les forces  fascistes  qui écrasent les populations en lutte au risque de paraître quelque fois contradictoires.

Une synthèse critique et contributive  des éléments à notre disposition est en cours de rédaction par N.I,  elle devrait être mise en ligne dans les prochains jours pourvu  qu'on ai réussi à s'entendre  sur le fond  particulièrement complexe et difficilement saisissable des evenements en cours, vu d'ici (France) et compte tenu des pièges à déjouer en ce qui concerne la désinformation aussi puissante que le silence qui entoure cette insurrection magnifique qui connait aussi ses revers et ses tragédies.(Arrestations, torture, exécutions, déportations, violences et brutalités inouies  de la répression, and son on).

"Les individus sont tels qu'ils manifestent leur vie et ce qu'ils sont coincide donc avec ce qu'ils produisent et comment ils le produisent" (K.MARX)

Il conviendra alors de s'interroger sur la nature profonde des "communiqués" délivrés par les acteurs même de cette insurrection et conséquement de la part "affaiblissante" qu'ils contiennent:
le "triomphalisme désespéré"  des libertaires et des anarchistes comme la "néo-pensée unique"  développée par la clique des "néo-démocrades" et relayées indistinctement au centre d'une confusion globale risquent bien de concourir, main dans la main, à l'écrasement sanglant de ce qui se joue là!
Stephane Kerfanto pour N.I
http://nosotros.incontrolados.over-blog.com


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22 décembre 2006 5 22 /12 /décembre /2006 11:47
Alors que je reprenais en "saisie" le texte "TIR FIXE", un problème tecnique est survenu...Je n'ai tjrs pas trouvé le moyen de le résoudre...
Le texte est donc publié seulement au 2/3.... Et encore! Après des heures de remise en page, ce texte apparaît dans un indescriptible désordre qui en rend la lecture pénible...
En visionnant le texte, vous verrez  brutalement le dérouleur vierge de tout texte, jusqu'au texte suivant...
Qu'est-ce à dire?
Il semblerait qu'un virus du type de celui qui a bloqué IMP paris soit à l'origine de cela...Il sagirait d'une initiative d'un groupe de hackers qui a juré de démolir tous les sites s'attaquant peu ou prou à la politique sioniste ...Inutile de dire que nous sommes bien placés dans la ligne de mire des UZI (mitraillettes) informatiques... le communiqué - à prendre avec des pincettes bien sûr- de ces lurons-là est lisible sur indy sous le titre: Pourquoi et comment nous avons fait tomber IndyParis...", par un commando se definissant judeo-anti-libertaires, suivent toutes les menaces....Crédibles?
On ne sait????Si ça se trouve, c'est encore un coup de "Briseur d'idoles" ou du même:" DANIEL MILAN"...allez savoir!
N.I

ANTI-FA ----------------

Pourquoi nous avons fait tombé Indy Paris. Par ce qu'Indy paris encourage un antisionisme fasciste dans la droite ligne du gouvernement Iranien. Nous sommes un groupe de judéo- hacker, anti-fasciste, anticolonialiste, anticapitaliste. Nous nous sommes attacké au site des intégristes du hamas du hezbolah aussi bien qu'au site de l'extreme droite francaise anglaise allemande qu'israélienne, nous combattons l'intégrisme religieux et/ou idéologique au nom d'un idéal cyber-libertaire au moyen du Hacking. A ce titre nous utilisons le réseau indy media dans le monde. Nous ne pouvons laisser passé le fait qu'a l'interieur meme du mouvement alter et sur certain indy's des traîtres utilisent ce réseau d'information libre pour distiller de la haine antisioniste- antisémite et islamiste dans la ligne de penser des fascistes intégristes du gouvernement iranien. C'est pour cette raison que nous maintenons la pression sur indy paris avec notre hacking et avec des pannes du site depuis plusieurs semaines. Nous espérons votre compréhension… et un changement de l'équipe des modés d'indy paris. Nous ferons sortir les VER du fruit.

HACK AGAINST FA THIS IS POWER OF PEACE

Ortographiste Degeneré V4 (6) au nom de l' ILP

ID : 98)9Ki=

 
 jeudi 21 décembre 2006

 
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21 décembre 2006 4 21 /12 /décembre /2006 10:19


TIR FIXE
Réflexions et analyses

ABSENCE DE RÉVOLUTION, AMPLEUR DES MUTATIONS



ABSENCE DE RÉVOLUTION, AMPLEUR DES MUTATIONS :

La tiédeur des tièdes : Le Couac et Normand Baillargeon
À quoi sert le Couac ?
Itinéraires et valorisation « Fondé en 1997 par Pierre de Bellefeuille et Jean-françois Nadeau, le Couac est un journal satirique, libre et indépendant. Il propose tous les mois un regard critique sur notre société avec l’humour grinçant qui lui a valu son surnom de « canard qui a des dents »… » C’est ainsi que Le Couac se présente sur son site http://www.lecouac.org/

Qui en sont les fondateurs ? Pierre de Bellefeuille est un distingué parlementaire qui défend des thèses indépendantistes et nationalistes québécoises.
Jean François Nadeau est surtout connu pour avoir fondé les éditions Comeau & Nadeau qui publiaient des essais et des textes situés à gauche considérés comme d’inspiration citoyenne réformistes et nationalistes et pour être le directeur littéraire des éditions de l’Hexagone chez VLB au sein de Ville-Marie Littérature, filiale de Sogides racheté par Québécor il y a peu. Devenu depuis Lux éditeur, Comeau & Nadeau, publie, tout comme Le Couac, aussi bien des thèses souverainistes que des essais d’inspiration lointainement anarchiste et des titres dangereusement proches de la revue altermondialiste À bâbord, sorte de melting pot théorique du citoyennisme.

Nous pouvons ici décoder, à travers Le Couac, le profil d’une gauche pseudo anarchiste
québécoise et osons le mot, nationale, qui se réclame d’une vague mémoire des luttes anarchistes, nécessaire caution radicale bonne pour les bourgeois. Le Couac a une ambition :
il entend montrer le mouvement réel de la contestation au Québec et ailleurs. Cependant cela n’est pas seulement affaire de volonté, il y faut une réelle conscience de l’histoire, des idées claires, des désirs nouveaux.
Prisonnier de sa dynamique propre et de son auto aveuglement, ce journal dessine non la réalité vivante d’un mouvement social qui se cherche mais incarne simplement le sort d’une critique convertie en une idéologie de la confusion.
Survivance Journaliste et chroniqueur parlementaire au journal le Droit d'Ottawa de 1945 à 1951. Chef des
services de rédaction, puis directeur de la distribution française à l'Office national du film de 1951 à 1960. Rédacteur en chef au magazine Maclea de 1960 à 1964. Directeur des exposants pour Expo 67 de 1964 à 1968. Journaliste indépendant, conseiller en information et interprète de 1968 à 1976.
Collabora à plusieurs émissions de télévision et de radio diffusées à Radio-Canada, notamment la télésérie la Part du lion en 1969 et 1970 et l'émission radiophonique la Révolution tranquille en 1971
et 1972. Codirecteur de la maison Inter-Info Associés, interprètes et traducteurs-conseils. Directeur de
la collection « Cité de l'homme » aux éditions Leméac. Membre du Conseil de presse du Québec et
président de la Société historique de Deux-Montagnes de 1974 à 1976. Membre de la Ligue des droits de l'homme. Président de l'Institut canadien des affaires publiques. Vice-président de l'Union canadienne des journalistes de langue française.
Ancien président du Syndicat des journalistes d'Ottawa
(CTCC) et du Cercle des journalistes d'Ottawa. Coauteur de la Bataille du livre au Québec (1972) et auteur de Sauf votre respect - Lettre à René Lévesque (1984) et l'Ennemi intime (1992). Candidat du Nouveau Parti démocratique défait dans Ahuntsic aux élections fédérales de 1972.
Élu député du Parti québécois à l'Assemblée nationale dans Deux-Montagnes en 1976. Réélu en 1981. Adjoint parlementaire du ministre des Affaires culturelles du 1er décembre 1976 au 1er mars 1978. Adjoint parlementaire du ministre des Affaires intergouvernementales du 1er mars 1978 au 5 mars 1984 et du ministre des Relations internationales du 5 mars au 20 novembre 1984. Démissionna comme député du Parti québécois et siégea comme indépendant à partir du 20 novembre 1984. Candidat du Parti indépendantiste défait dans Deux-Montagnes en 1985. Élu président du Parti indépendantiste le 6 avril1986.
Quitta cette formation à l'été de 1988. Président de l'Amicale des anciens parlementaires du Québec de 1999 à 2001, puis, en 2002, président du Colloque sur le parlementarisme au XXIe siècle.
Chargé de cours au département des communications à l'université du Québec à Montréal en 1984 et 1985. Président des Semences Laval (1986) inc. de 1986 à 1989. Co-fondateur du journal satirique Le Couac en septembre 1997.
......(??? ndlc)
d’idées mortes, désirs malheureux, militantisme corporatif, dogmatisme, critique
« pédagogique » narcissique, les indices se multiplient dès lors que nous découvrons la charge potentielle de cette confusion qui ne rompt pas les digues mais les reconstituent ailleurs.
Le nationalisme « québécois » marque dès le départ, le contenu du Couac.
Il suffit de rappeler les positions nationalistes et chauvines de VLB, l’employeur de Nadeau.
Quant au parcours politique de Bellefeuille il est, en ce sens, exemplaire.

Il était donc normal qu’un xénophobe nationaliste et indépendantiste comme Pierre Falardeau soit publié sans aucun questionnement ni distance critique dans Le Couac.

Une des constantes du Couac consiste en effet, à diffuser l’idéologie nationale québécoise en
compagnie d’une idéologie anarchisante frileuse et molle pimentée de cette culture altermondialiste dont on sait les limites actuelles , additionnée pour terminer, d’un peu d’écologie et de droits de l’homme.

Apparemment, le projet social défendu par Le Couac consiste à essayer les débris de toutes les modes et de tous les genres idéologiques. Seulement, il semble que cela se fasse dans les vastes espaces du quantitatif et non avec en y combinant les exigences du qualitatif.
Ainsi, la critique vraie fait silence.
Les rédacteur(e)s du Couac tentent de croire en eux-mêmes en picorant des détails dans les projets sociaux du passé et dans les combats des autres et c’est pourquoi ils agissent comme tous les réformistes sans vouloir toucher à la vie même. Une critique non aliénée ne fait pas partie de leurs objectifs médiatiques.
Il leur suffit de prolonger quelques pensées qui ne leur appartiennent pas, qu’ils seraient incapables de concevoir, pour prospérer sur le terreau médiatique et culturel sans qu’à la finale rien ne change jamais.
Que
leur manquent-ils ? L’expérience réelle, l’oxygène de la négativité, le sens de l’existant, la vision de la totalité et le sens de l’histoire.
Il est vrai qu’ils prolifèrent avec d’autres ambitions, sur un terrain journalistique qui est en soi déjà fortement limité. Pourtant même sur ce pauvre terrain des spécialistes de la compensation et des désirs anodins, leur créativité fait défaut.

Quiconque lit Le Couac constate que ce journal n’est ni amusant ni même ironique contrairement à ce qu’annonce la présentation du journal sur le site.
Le sens de l’humour en est totalement absent et lorsqu’un des auteurs de ses articles se risque à un trait d’humour, celui-ci est généralement d’une platitude totale, d’un ennui pesant, d’une tristesse accablante.

Quelle est alors la différence entre le Couac, Le canard enchaîné et Charlie hebdo, journaux qui se veulent d’inspiration quasi similaire dans deux cultures distinctes ? La différence est simple.
C’est la terrifiante nature du talent qui, à une toute petite exception , n’existe pas au Couac.
Quant à leurs informations, elles sont, pour la plupart, des articles besogneux mettant en
forme restreinte des nouvelles trouvées sur le Web5, des commentaires politiques vraisemblablement faux, reprises avec un manque de rigueur professionnel indécent.
Tout cela en l’absence d’une véritable écriture !
« Éloge de la défaite », vol.6, numéro 3, décembre 2002. Lire sur ce sujet Oiseau-tempête n°8 (été 2001), «Contre-Attac : tromperie sur la marchandise », mais si l’on veut du local : « Révolte consommée, le mythe de la contre-culture » Trécarré, Montréal, 2005.
Livre confus lui aussi mais dont l’argumentaire n’est pas totalement dépourvu d’humour notammentdans l’évocation de Naomi Klein.
Cette exception concerne peut-être les articles de soutien et d’information sur les pratiques de
solidarités avec les victimes de déportation et de certificats de sécurité.
Planète stérile, Clôde de Guise, Le Couac, avril 2006, p.1.
L’Iran peut fabriquer des montres Mickey Mouse qui brillent dans l’or noir, Juan Cole, Le Couac,
Mai 2066, p.1. Juan Cole, Professeur d’histoire moderne du Proche-Orient à l’université du Michigan, auteur, notamment, de Sacred Space and Holy War. The Politics, Culture and History of Shiite Islam,
I. B. Tauris, Londres, 2002.

Dans son article, Juan Cole affirme que l’Iran est incapable de fabriquer une bombe car il lui faudrait 16000 centrifugeuses en ligne, alors qu’elle n’en possède que 180. De toute façon, affirme t-il, les iraniens affirment qu’ils ne veulent pas de bombe atomique parce qu’elle est immorale du point de vue islamique.
Curieuse affirmation que l’actualité immédiate semble démentir avec sévérité ! Il nous semble précisément que l’état iranien dit le contraire, que le monde entier dit le contraire, mais Juan Cole doit avoir des sources extraordinaires de renseignements dont par un lecteur écartelé (??? ndlc)
Les critiques de ces journalistes du contre-pied se tournent vers les « masses incultes » ; elles entendent éclairer les douleurs muettes, concentrer la souffrance de la perte, mais les masses n’ont pas grand-chose à apprendre dans Le couac qu’elles ne sachent déjà.
La pensée acritique du Couac trahit ses vagues promesses et son ambition ; nous y observons seulement le bonheur miniaturisé et quasi surnaturel de l’équipe du Couac qui consolide son ravissement de durer encore un peu.

Comment les congédier alors si ce n’est en leur rappelant qu’une véritable guérilla culturelle s’enracine dans une pratique de l’originalité et une vision radicale et objective car seulement dénoncer n’est pas abattre mais reconduire.

Poser les problèmes dans les termes de l’adversaire, c’est accepter une survie améliorée.

Mais il est vrai que « nul ne peut désirer ce qu’il n’a pas perçu».

À quoi sert l’anarcho-mou ?
Depuis sa création en 1997, l’Équipe du Couac s’est étoffée d’intellectuels universitaires se réclamant d’un projet de société anarchiste.
Nous y trouvons le mou Normand Baillargeon surnommé un peu partout Normou ou l’ineffable Francis Dupuis-Deri  toujours préoccupé de son plan de carrière universitaire et de reconnaissance spectaculaire, ainsi que plusieurs individus revendiquant un positionnement social et idéologique confusément de gauche, genre tendance altermondialiste, et qui se sont enracinés parmi les 8 pages du Couac au milieu des tenaces revendications nationalistes et souverainistes (Vadeboncoeur, Bellefeuille, Charron)
du début.

L’insuffisance du procédé saute aux yeux, le fait de publier côte à côte des positionsaussi contradictoires sinon opposées pose un certain nombre de questions sur le degré de conscience critique des auteurs de ces articles. Comment faire cohabiter des orientations anarchistes, un projet de société libertaire avec des positions citoyennes et une démocratie participative dans le cadre de l’état ?
Comment des positions nationalistes vantant un repli identitaire basé sur la langue peuvent-elles coexister avec cet humanisme sympathique et généreusement naïf qui défend les réfugiés et les illégaux ?

Nous pourrions nous émerveiller de cette cohabitation et penser qu’avec elle l’avenir de la critique sociale est assuré parce que ces questions surviennent à un moment où un fait quelconque et anodin comme la parution mensuelle du Couac serait à elle seule porteuse d’espoir. Seulement il ne reste que les débris du rêve, car une simple lecture de ces écrits caricaturaux sans idées novatrices montre bien qu’il manque à ces gens-là, un mode d’emploi : celui d’une intelligence discernable et d’une lucidité nouvelle.
Dans Le Couac rien qui ne soit connu, rien qui n’ai déjà été dit mais plutôt des compensations idéologiques, des petites gratifications entre ami(e)s, des archaïsmes sans vérité, et une absence de cohérence synonyme de faillite intellectuelle. Le contenu réel de trop de vide, une sorte de perfection dans l’aliénation qui se perpétue pétrie de la matière même de la domination : confus, faux, parcellaire, porteurs de mythes avortés mais jamais de contreaspirations ou de contre-civilisation toujours absents.

À quoi sert Baillargeon ?
Ceci nous amène à parler de celui qui pourrait être l’intellectuel bavard type bien que mou, le philosophe/sociologue/pédagogue/ami des masses du journal : Normou Baillargeon, ce jeune vieillard vagabondant de revues en revues, de livres en livres, d’articles en articles, couve d’un oeil paternaliste les jeunes anarchistes si charmants qui incarnent une si heureuse vitalité.
Baillargeon est habité d’un rêve : celui d’un stoïcisme sans conflits, non pas de vitalité maîtrisée mais d’adieu à la vitalité.

Pour cela quoi de mieux que d’inviter ce bon vieux Chomski en plein coeur de la critique sociale ? ailleurs il ne dit rien et auxquels son article ne fait aucune référence.
Voilà le genre d’article mensonger par omission et porteur d’amalgame dangereux que l’on trouve en une du Couac. Pourquoi Cole en première page ?
Sans doute parce que Cole a été publié plusieurs fois dans le Monde Diplomatique et que sa signature vaut quitus de ce qu’il peut affirmer par ailleurs sans citer jamais aucune source.
 D.D. est bien connu dans le milieu anarchiste québécois non pour son implication mais en faire son objet d’étude. Méfiance !
Baillargeon et l’autodéfense intellectuelle

Nous parlerons donc de son dernier livre : le très ennuyeux livre Petit cours d’autodéfense intellectuelle, paru en famille chez Lux en 2005.
Avec un tel titre Baillargeon ne prend pas grand risque (concédons lui un peu d’humour éculé peut-être) et en effet il ne propose que des recettes éprouvées par d’autres ce qui semble la méthode d’écriture la plus sûre du moment.
De plus il élabore la nature de son autodéfense comme un long cours magistral et on comprend par le choix du titre et la méthode didactique utilisée qu’il s’agira pour Baillargeon, de continuer à jouer son rôle de dispensateur de connaissances et de ne pas remettre en cause sa posture universitaire.
Le livre est donc un manuel de vulgarisation des thèses de Chomsky et de Carl Sagan qu’il vaudrait mieux lire dans les textes d’origine plutôt que restituées à nouveau dans ce livre laborieux.
Le professeur Baillargeon invoque ainsi Chomsky et Carl Sagan pour expliquer la pertinence de sa thèse : initier son lecteur à la pensée critique, lui ouvrir les yeux pour qu’il comprenne les ressorts de la manipulation dont il est l’objet.

D’où Normou tire t-il sa suffisance ?
De son image d’intellectuel, de son scepticisme affiché, de son rôle social, de son amour pour l’humanité ? On ne sait, mais il veut éduquer les gens à tout prix et cela, on le comprend ne peut se faire que sur un plan intellectuel, d’homme à homme en quelque sorte même si lui est plus apte que l’autre qui l’observe quelques marches plus bas, comme le visionnaire qu’il n’est pas.
En dessous de cette plate forme de reconnaissance déséquilibrée qui semble vitale pour Normou, le vide, un néant aliénant, une régression surgie d’une littérature bonne pour le club du Reader’s Digest.

Les lumineuses explications de Baillargeon ressemblent beaucoup à des recettes confuses, un sous produit psychologique de l’économie politique.
Le livre propose des formules susceptibles de permettre à un esprit critique de se constituer entre sentences, clichés et raccourcis.
Un contenu qui présente ses méthodes de décodage du réel comme une vraie panacée avec des combinaisons qui s’élèvent comme un miroir entre la volonté subversive et son point de mire.
Car Baillargeon articule son rôle avant tout, il ne peut désintégrer ce rôle de l’image romantique et illusoire du penseur anarchiste et sceptique. Il entend au contraire le renforcer dans la figure mutante du penseur responsable, raisonnable et même sage, vertueux dans son vieux sens philosophique.
Mais par sa méthode professorale figée, il renverse la force en faiblesse et la pensée critique invoquée comme résultat final devient, au fur et à mesure des pages, quelque chose d’abstrait, d’extérieur à soi, sans mobiles et sans fins, une sorte de lubie de secte avec ses grands prêtres comme Sagan, Chomsky et bien sur Baillargeon.

Notons que le terme de résistance utilisé dans le titre et qui imprègne toute l’argumentation du livre est, au niveau dialectique, un concept particulièrement insuffisant.
Il est vrai que les mouvements anti-mondialisation s’incarnent bien dans ce concept fourre-tout qui leur sert
essentiellement à avancer des idées réformistes et à aménager la société pour moins d’inégalités, moins de pauvretés mais sans qu’il soit bien entendu question, sous couvert de réalisme, de les supprimer.

Baillargeon applique ses thèses professorales avec un sérieux militant pénible mais il est vrai constant.
Du Couac à son livre, il sévit en écrivant une littérature pour convalescents rebelles qu’il faut guérir.
Normou nous prépare d’ailleurs pour bientôt un livre futur suite à une rafale d’articles annoncés sur l’éthique.
Vaste débat, sujet labyrinthique, équivalent général assez lourd pour justifier l’immobilisme mais peut-être pas pour interroger l’éthique d’un Baillargeon anarchiste qui cohabite avec des nationalistes à peine reconvertis dans l’altermondialisme comme Pierre Vadeboncoeur.
Rappelons que c’est de la praxis que peut renaître la conscience de la totalité et celle-ci a appris à ne jamais se suffire d’objectifs intermédiaires. La conquête historique se fait du point de vue de la totalité.
Or que montre Baillargeon dans son « Petit cours d’autodéfense intellectuelle »?
Une radicalité dénudée ramenée à des techniques scientifiques, des Introduction à l’éthique, Le couac, vol. 9, numéro 8, p.6. automatismes, des stimulis sans connaissance vivante et sans désirs où la subjectivité ne se
dévoile pas, une pensée réduite en miniature. Le contraire d’une pensée critique.

Ce n’est pas dans des pratiques intellectuelles d’autodéfense sans volonté de dépassement que se joue la lutte contre les guerres et les opérations de police. Un projet radical de changement social fonde sa propre cause sur lui-même et c’est là qu’il faut identifier les vecteurs du dépassement de toute résistance, sur le refus de toute fausse objectivité, sur le retour du subjectif, sur la fin de l’antagonisme radical entre le vraisemblable et le vrai, sans tolérance et sans compromis.

La résistance n’est jamais un ennemi irréconciliable d’avec le monde qu’elle combat, elle peut même en être un moment particulier car elle n’est pas toujours généralisable du point de vue radical de la critique en actes, d’une critique qui se sait négation.

Les esprits lucides de ce temps doivent savoir définir les champs de ruptures possibles, détourner en vérité critique les sens abusés, fixer eux-mêmes leurs propres règles sous peine de reconduire
précisément ce qu’ils nient dans leur pratique et leur théorie. Ils doivent ouvrir à une connaissance réelle par une pratique concrète de la rupture, en évitant les fausses sorties offertes par l’idée même de résistance, idée qui contient déjà l’absence à la radicalité mais autorise le maintien ou la reconstitution du monde aliéné. Baillargeon nous propose de comptabiliser le « taux de liberté », de choix et d’autodétermination dans le cadre donné des rôles sociaux ou l’intellectuel se consomme en « personne sociale ».
Sommes-nous sociaux à ce point dans le processus de la guerre en cours ?
Alors quoi ? Pour désagréger la puissance de la coercition, nous utiliserons plutôt le détournement, du sabotage, de l’ironie critique et matérielle, des pratiques anti-idéologiques
liées au refus des rôles, une critique véritablement terroriste.
Ce sont des pratiques à réinventer pour sortir des temps morts et des illusions véhiculées par Baillargeon et consorts.
Il faut pour dépasser la mesure, un débordement permanent des frontières au quotidien et qui ne sont pas seulement symboliques loin de là.
Convenons toutefois que Baillargeon a inventé un concept original : le principe de « charité argumentative ».
Le retour du refoulé sous sa forme religieuse nous manquait assez peu, mais avec Baillargeon rien n’est impossible.
Une telle pensée sent la soutane souillée et le confessionnal, pas le changement social.
Reste les questions de la participation et du militantisme qui, sans doute, soutiennent un projet, du genre « mieux vaux faire quelque chose que ne rien faire ».
À cela Guy Debord a depuis longtemps répondu : « … Ce sont les lois de la pensée dominante, le point de vue exclusif de l’actualité, que reconnaît la volonté abstraite de l’efficacité immédiate, quand elle se jette vers les compromissions du réformisme ou de l’action commune de débris pseudo révolutionnaires.
Par là le délire s’est reconstitué dans laposition même qui prétend le combattre.
Au contraire, la critique qui va au-delà du spectacle
doit savoir attendre. »
MISÈRE ET MERVEILLE DE LA CRÉATIVITÉ

Il est difficile de douter qu’avec les développements écrasants de la domination spectaculaire, le projet révolutionnaire mainte fois annoncé mourant ou disparu, ne soit contraint de se métamorphoser à nouveau en réaffirmant la signification ontologique de son expérience créative.
Il lui faut en effet réactualiser constamment ses propres bases : la créativité, la liberté et la réalisation directe de l’homme, afin de respecter sa nature et son combat.
Petit cours d’autodéfense, p. 80. «…selon lequel nous devons présenter les idées que nous contestons sous leur jour le plus favorables. » Qu’en est-il Normand, du négationnisme, du racisme, de l’antisémitisme, du chauviniste, du nationalisme ? Quel est leur jour le plus favorable ?
 Thèse 220, La société du spectacle.

Au milieu du ciel de l’idéologie, des pensées se lamentent, des paroles se condamnent à la fuite, la réalité est muette sur les désirs et la vraie vie absente.
La créativité, portée en trophée, vend des céréales ou des baskets.
Sur ces ruines médiocres, la créativité doit être réaffirmée comme le bras armé de l’émancipation, elle doit être exigée de tous afin d’établir un programme de libération d’ensemble.

La pression de l’échec est telle que tout projet radical apparaît aujourd’hui réduit à la confusion, aux
programmes factices des idéologies passées, à une régression devant l’immense positivité spectaculaire qui l’a dépossédé de ses capacités.

Le projet révolutionnaire a à s’affirmer méthodiquement ailleurs, à être seulement lui-même plutôt que contre cette représentation qui l’inverse en coupable et qui le ramifie en fausses luttes pour se défendre, fausses luttes éternellement résolues en conciliation avec le système et son avenir le plus prévisible.
Sa priorité consiste à s’investir d’une totale compétence critique et à se saisir unitairement de cette critique.

Mais quelle est donc le secret si profondément caché de cette critique radicale? Sans doute, faut-il se laisser aller et remonter jusqu’aux racines mêmes des idées, aller déterrer leur réalité et supprimer les raisonnements basés en quelque sorte sur des abstractions concrétisées comme publicité du vide. Pour cela, il faut du caractère et de l’originalité, sinon, il ne reste que des êtres de culture, entièrement faits de culture, des images, des formes, sans contenu perceptible et malheureusement de mauvaises formes et uniformes de surcroît.

Avec une critique vivante, non neutralisée, l’histoire existe, chacun fait l’histoire.

Agir sur la vie et l’action révèle matériellement la facticité des compromissions et la réalité de l’aliénation, ce secret mal dissimulé de la plénitude et du souffle du pouvoir. Résultats obtenus du consensus général, la passivité et la résignation déploient un quotidien de pensées mortes, de corps éteints.
Faut-il craindre alors l’excès de l’exploration et de l’aventure devant l’impotence et l’illusion ? Non, car ces excès là ne sont pas aveugles.
Une des réponses les plus directes et les plus claires aux présomptions mutilantes de la culture, à l’apparence du vécu répandu partout, consiste pour les révolutionnaires à élaborer un projet critique explicitement anti-idéologique.

Les perspectives de la révolution sociale ont profondément changé.
Elles nous contraignent à reconnaître les accessoires courants de tout ce qui de près ou de loin s’apparente à elles en entretenant le flou sur un réformisme ordonné comme allant de soi; elles nous imposent de discerner les instruments dévoyés de la révolution de la révolution elle-même, de discerner la texture de l’effet, de ne pas se contenter de prolonger la vie d’outils théoriques ponctuels, mais plutôt de les abandonner dés que leur transparence s’assombrit.
Passages fragiles, croisements vulnérables, de leurs alternatives surgissent de nouvelles significations à l’opposé de celles qu’on pourrait croire évidente.

L’intégrité ne recoure pas aux masques, la conception de la totalité assiége les théories étroites, déstabilise les stratégies atrophiées des luttes partielles.
Elle anéantit les pures manifestations d’un esprit révolutionnaire, d’une essence par nature manquante.

La façon de composer avec un temps créatif à créer, de tirer avantage de la vitesse de l’information, de faire l’histoire, la façon de casser la rigidité des formes idéologiques en jouant avec leurs significations, en révélant leur sens caché, créent des espaces ouverts.
L’intelligence et la pensée créatrices allument en rencontrant l’inconnu, l’accident, le désordre, L’absurde, et l’impossible.

L’intelligence c’est de rendre possible l’impossible, de rendre connu l’inconnu. (Asger Jorn).
Il faut sans cesse se reposer cesquestions de base. La participation et le partage sont-ils aujourd’hui des outils nécessaires ?
À quoi peut servir un nouveau projet si c’est pour proposer un style et un contenu semblables à ce que l’histoire a produit de mieux ? Comment aller plus loin, plus vite ?

Une approche différente doit révoquer le passé, construire des pistes, proposer des affrontements présents et futurs et montrer les équivoques de notre temps, en clair se rapprocher d’une critique exacte du quotidien, tout en sollicitant ouvertement son changement, voilà le projet créatif lié à de nouvelles pratiques.

Une révolte contre le destin et l’irrémédiable ! Mais n’est ce pas là – vu avec plus de recul – depuis toujours l’origine de toute insurrection? Toute révolution n’a t’elle pas surgi de profundis d’une honte subie, d’humiliations répétées, de fiertés foulées aux pieds, d’une créativité pillée et dépréciée dont la substance est mesurée comme un paradoxe. Une substance faîte pour mépriser la capacité à l’innovation, elle-même réduite à maintenir une distance passive entre chaque individu? Sur ce seuil, la servilité s’extasie devant une oeuvre d’art.
Pour moi, elle dévoile l’âme anéantie de son créateur.
Dans les grandes symphonies de sons, de couleurs et d’idées de l’histoire, je vois d’extraordinaires révoltes, stridentes comme l’éclat d’une trompette, qui se lèvent comme un tour de force. Une intuition lointaine de la grande vision créative qui, pour de courts instants seulement, a élevé l’individu au-dessus de l’univers chaotique de la perte et de la souffrance.

Les lumières du spectacle oscillent sur les piliers de l’outrance et de la démesure. Le prolétariat quant à lui oscillerait entre la tentation de la violence et la reconnaissance de son impuissance désarmée.
Terrorisme ou apathie généralisée sont ce que l’idéologie perpétue à son propos.
Dés lors, la praxis révolutionnaire s’éloigne, elle s’incarne dans des valeurs obéissant à des dynamiques externes, reconduisant les séparations qu’elle entend nier.

La violence, le sacrifice ou le renoncement règnent seuls, jugulant, au fil de ses défaites, une attristante et perpétuelle lutte des classes. Ce n’est pas ce que nous voulons.

La praxis révolutionnaire n’est pas une parodie ni une thérapie, ni un camouflage ni une contradiction de plus mais une exigence sociale, une affirmation historique de l’être et de sa volonté pour ne pas se renier, sans aucune présomption.

La praxis s’adresse à des sujets dans leur réalisation.

Une association révolutionnaire est une critique pratique de l’aliénation, une rupture mise en oeuvre dans le rapport entre des sujets qui se veulent réellement vivants, qui n’ont pas renoncé à se saisir de ce qui les rend vrais.
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(Un incident informatique techn
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