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19 mai 2013 7 19 /05 /mai /2013 10:12

Mariage pour Tous:...

Posted: 18 May 2013 10:37 AM PDT

Je suis en pleine enquête sur le périple de mes grands-père durant leur captivité pendant la Deuxième Guerre Mondiale. J'ai retrouvé le premier camps de mon Papy, le Stalag X B. Ce camps faisait office de gare de triage aussi. Je ne sais pas où il est allé ensuite.
Toujours est-il que j'ai continué mes recherches sur le Net. Je suis alors tombée sur le journal du Patriote Résistant, édité par la FNDIRP.

Le Patriote Résistant : non, ce n'est pas un avatar d'un courant nationaliste raciste, c'est même le contraire: sur les derniers numéros, un article traite de la montée des extrêmes droites, sur un entretien avec Dominique Vidal.
Un autre traite de la montée de l'antisémitisme, de l'islamophobie, du racisme envers les Roms et de l'homophobie( c'est dans le rapport complet qui est cité )

On y est : l'homophobie.

Le Mariage pour tous a été promulgué. Je ne voulais pas faire un article spécial dessus, certains l'ont fait mieux que moi.
Mais Christine Boutin a déclaré hier son opposition et sa volonté de combattre le fait que des gays puissent se marier en employant le terme de trop: Madame fait de la Résistance! Cela a déjà été employé avant, dans la Manif pour tous, par Frigide Barjot.


Mais là, je suis en pleine recherche sur les camps de concentration pour prisonniers de guerre et c'est le mot de trop.
Faut-il rappeler à Madame Boutin que des homosexuels ont été déportés et que nombre en sont mort, car ceux-ci étaient traités pire que des chiens par les nazis, comme une espèce à éradiquer, dangereuse et menant la civilisation à sa perte, d'ailleurs ce que dit un des plus célèbres nazis, Himmler, en 1937, est révélateur à ce sujet et rappelle malheureusement des propos entendus dans la rue récemment:
Ceci est extrait d'un site rappelant la déportation subie par les homosexuels:

« Si j'admets qu'il y a 1 à 2 millions d'homosexuels, cela signifie que 7 à 8% ou 10% des hommes sont homosexuels. Et si la situation ne change pas, cela signifie que notre peuple sera anéanti par cette maladie contagieuse. À long terme, aucun peuple ne pourrait résister à une telle perturbation de sa vie et de son équilibre sexuel... Un peuple de race noble qui a très peu d'enfants possède un billet pour l'au-delà : il n'aura plus aucune importance dans cinquante ou cent ans, et dans deux cents ou cinq cents ans, il sera mort... L'homosexualité fait échouer tout rendement, tout système fondé sur le rendement; elle détruit l'État dans ses fondements. À cela s'ajoute le fait que l'homosexuel est un homme radicalement malade sur le plan psychique. Il est faible et se montre lâche dans tous les cas décisifs... Nous devons comprendre que si ce vice continue à se répandre en Allemagne sans que nous puissions le combattre, ce sera la fin de l'Allemagne, la fin du monde germanique.»

Discours du chef nazi Himmler sur l'homosexualité prononcé le 18 février 1937



Et franchement, comment vouloir entrer en Résistance, avec la symbolique que ce mot suscite encore, ainsi que ses valeurs, comme le clame Boutin, avec des gens qui suivent le mouvement qu'elle dit représenter, qui ont à peu près les mêmes discours...durant les manifs pour tous...

Je trouve personnellement que c'est une grosse connerie, qui insulte ce qui s'est passé durant la Seconde Guerre Mondiale, quand en plus on nous apprend que 60% des homosexuels ont été dénoncés par la population et que 50 000 ont été condamnés par des tribunaux nazis....On estime le nombre de déportés à 10 000 environ et très peu rentrèrent de ces camps. La reconnaissance de ces déportation avance vraiment doucement.

Alors mélanger le terme de Résistance à une idéologie politique résolument contre l'égalité qu'offre le mariage pour tous...cela sent en fait très mauvais et frôle le révisionnisme.

PS: je rappelle, à toutes fins utiles que je milite personnellement pour l'union libre pour tous et la fin du mariage civil (je plaisante à moitié).

 

Rosa.

((Invitée pas Steph))

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26 janvier 2013 6 26 /01 /janvier /2013 16:51

Et quelques salopards d'abrutis de plus dans l'annuaire...

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vendredi 25 janvier 2013

Le « citoyen » Etienne Chouard, admirateur de Thierry Meyssan, de Jacques Cheminade, d’Alain Soral, de Robert Ménard, de François Asselineau et des conspirationnistes américains Eustace Mullins et Anthony Sutton ; le « citoyen » Etienne Chouard, pourfendeur des antifascistes et dont les analyses sont appréciées au Front national [1] ; le « citoyen » Etienne Chouard, donc, sera à Paris les 30 et 31 janvier prochains.

(By Eva Loch-Khwua)

 

Le 30, il est convié à 19h30 à l’Espace Reuilly (12e) pour la « conférence de lancement de la (R)évolution des Colibris » [2], initiée par le mouvement des Colibris, dont l’écologiste Pierre Rabhi est la figure tutélaire [3]. Ce mouvement écolo-mou, qui pense changer le monde par une « insurrection des consciences », un retour au « sens du sacré » et la création d’un « réseau d’entreprises pour une économie locale et durable », n’en est pas à son premier dérapage : le 10 mars 2012, dans le cadre de sa campagne « Tous candidats », Colibris avait investi les rues de la petite ville de Bagnols-sur-Cèze dans le Gard à coups de « câlins gratuits » et autres joyeusetés indiniaises en compagnie de membres du groupuscule scientiste et sectaire Zeitgeist [4]. Enfin, le réseau social du mouvement Colibris regorge de conspirationnistes, et contribue à diffuser abondamment auprès de ses membres la pire propagande complotiste [5].

 

Le 31, c’est au tour d’un micro-mouvement composé d’universitaires [6] indiniais, Les Maîtres ignorants, de recevoir Chouard lors d’une session d’auto-formation sur le thème : « Quelle constitution pour une société démocratique ? » [7]. Les adeptes pourront aller boire les paroles du maître au Lieu-Dit (20e) qui, s’il a déjà accueilli Etienne Chouard par le passé, est tout de même d’ordinaire plus regardant sur ses invités.

 

Alors que de nombreuses analyses existent désormais sur le web démontrant l’inanité du phénomène Chouard – les dernières ont été publiées sur le site Reflets.info il n’y a pas plus tard que quelques jours – nous ne pouvons que déplorer qu’une certaine gauche (« écologiste » ? « altermondialiste » ? « indignée » ? « citoyenne » ?) continue d’accorder du crédit à ce genre de personnage. Mais au fond, quand on connaît les orientations de cette gauche-là sur d’autres sujets, est-ce si étonnant ?

 

Action Anti-Conspis Paris-Banlieue.

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Quelques liens sur Etienne Chouard [8] :

- Sur Reflets.info :
- Bon, ben puisque Chouard ne répond pas, parlons de son blog
- Lettre ouverte à Etienne Chouard
- Les sectes politiques et leurs gourous : Soral, Asselineau, Chouard

- Sur Conspis hors de nos vi[ll]es :
- Etienne Chouard et ses inspirateurs d’extrême droite
- Faux ami : Etienne Chouard en tournée

- Sur Conspiracy Watch :
- Etienne Chouard chez les Amis du Monde diplo : la descente aux enfers
- 11-Septembre : Finalement, Etienne Chouard dit « oui » à la théorie du complot
- 11-Septembre : D’Etienne Chouard à Bellaciao, la gauche antilibérale se lâche
- Le blogueur Etienne Chouard adoube Thierry Meyssan

- Sur le site des cinémas Utopia :
- Communiqué sur l’annulation de la venue d’Etienne Chouard

- Sur le blog Chez Fab :
- Témoignage : Oui, je me suis fait avoir par Etienne Chouard


Notes

[1] Ses analyses sont relayées sur ces deux sites frontistes : frontnat36.hautetfort.com/archive/2012/11/03/etienne-chouard-protectionnisme-frontiere-et-nation-video.html partisansmarine.com/t2013-etienne-chouard-l-arnaque-de-l-impot-sur-le-revenu Ailleurs dans la fachosphère, on le retrouve par exemple chez Soral : egaliteetreconciliation.fr/_Etienne-Chouard_.html et sur FdeSouche : fdesouche.com/tag/etienne-chouard Il comptait également parmi les invités d’honneur de l’université d’automne 2012 de l’Union populaire républicaine (UPR) de François Asselineau. Outre l’extrême droite, les rouges-bruns ne sont pas en reste pour encenser le supposé génie chouardien : à l’occasion de l’université d’automne 2012 du Mouvement pour une éducation populaire (M’pep) de Jacques Nikonoff et Bernard Cassen (désormais alliés de l’UPR au nom de la lutte contre l’Union européenne), Chouard, qui était également invité, a été interviewé par le Cercle des Volontaires.

[2] Annoncée ici : etienne.chouard.free.fr/Europe/forum/index.php ?2013/01/17/300-paris-30-janvier-conference-de-lancement-de-la-revolution-des-colibris et là : colibris-lemouvement.org/agir/la-revolution-des-colibris/conference-de-lancement-de-la-revolution-des-colibris

[3] Quelques mots sur Pierre Rabhi : figure historique de l’agriculture paysanne, se voulant philosophe, écouté jusqu’à l’ONU, Pierre Rabhi a monté des tas de structures militantes centrées autour de sa personne, et fait l’objet d’un véritable culte de la personnalité dans certains milieux. Pourtant, sa « pensée », fortement teintée de mysticisme et de moralisme, n’a rien de très radical ni de très pertinent. Actuellement, quand il n’écrit pas des livres en compagnie de l’hélicologiste Nicolas Hulot ni ne parade aux universités d’été d’Europe-Ecologie-Les-Verts, il vice-préside l’association Kokopelli qui, si elle fait un travail formidable de protection des semences paysannes, n’en diffuse pas moins auprès de son public des thèses conspirationnistes, via son blog (qui promeut actuellement les « thèses » de Sylvie Simon, connue pour ses travaux sur l’ésotérisme et sa défense des « médecines non conventionnelles ») et via les écrits de son président-fondateur Dominique Guillet (qui ne croit pas à l’origine anthropique du réchauffement climatique, thèse qui serait promue selon lui par les industries des agro-carburants en vue de justifier leur conquête des terres arables au détrimet de l’agriculture destinée à produire de la nourriture). Enfin, Rabhi comme Chouard a fait l’objet l’été dernier d’un reportage hagiographique sur le site de Daniel Schneidermann, Arrêt sur images.

[4] A lire sur le site du Midi libre : midilibre.fr/2012/03/10/l-expression-populaire-a-investi-hier-les-rues-du-centre-ville,469091.php

[5] On retrouve sur colibris.ning.com, après une rapide recherche : un texte de « patriotes » auto-proclamés, un entretien avec l’ésotériste Pierre Jovanovic, un appel à des « séjours d’éveil à la parentalité positive », un article du site infowars.com du conspirationniste américain Alex Jones, une vidéo du Cercle des Volontaires en soutien au « chasseur de pédophiles » Stan Maillaud, une pétition pour un « référendum en faveur des traitements naturels », une analyse complotiste d’Hugo Chavez (soutien de Bachar El Assad) sur la crise syrienne, une promotion du théoricien d’extrême droite Pierre Hillard, etc.

[6] Le nom de domaine de leur site a été déposé par Jean-Baptiste de Vathaire, « directeur des opérations » de Cairn.info, l’un des deux plus gros portails français de revues de sciences humaines et sociales, qui travaille en lien avec de prestigieuses institutions publiques et maisons d’édition privées.

[7] Annoncé ici : etienne.chouard.free.fr/Europe/forum/index.php ?2013/01/17/301-avec-les-maitres-ignorants-a-paris-session-dautoformation-quelle-constitution-pour-une-societe-democratique et là : lesmaitresignorants.org/ ?ai1ec_event=session-dautoformation-quelle-constitution-pour-une-societe-democratique&instance_id=75

[8] Nous donnons ces liens à titre informatif, pour les personnes soucieuses d’en savoir plus, mais cela ne veut pas dire que nous partageons l’intégralité des analyses publiées sur ces différents sites.

voir les infos complémentaires ?




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http://nosotros.incontrolados.over-blog.com

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19 novembre 2012 1 19 /11 /novembre /2012 09:13

Nouvelle publication sur les AZA

Deux Croates, une mesure! Ca sent la caserne du "dessous des bras"....Et c'est pas de l'huile de palme!!!

by geneghys ((avec la participation active de Steph))

 

Ante Gotovina:Petits arrangements entre amis....

 

 

Ante Gotovina, 57 piges, est né sur une île croate.

À 19 piges, il entre en légion étrangère pendant 5 ans et devient français en 1979. En 1980, il travaille pour le «KO International», société de sécurité française qui assure la sécurité de Jean-Marie Le Pen. Il entraîne aussi des paramilitaires en Argentine, au Guatemala, au Paraguay, en Turquie, en Grèce, puis quelques délinquances ça et là, dont l'une avec prise d'otage. Fin 1990, retour au pays (Croatie, pas la France) pour s'engager dans la guerre d'indépendance. Il monte vite les échelons de la hiérarchie et devient général de division en 1994. Il participe à l'«Opération Tempête», guerre de 3 jours début août 1995, et ses troupes reprennent quelques villes aux 150'000 à 200'000 méchants civils Serbes qui ont dû fuir fissa fissa, laissant clic et clac sur place. Gotovina devient héros et est nommé général de corps d'armée de 1996 à 2000 ainsi qu'inspecteur général de l'armée croate.

Or en 2000, le nouveau président de Croatie, Stjepan Mesic, a envie d'adhérer à l'UE et demande la collaboration de son armée avec le TPIY, (ou Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie), ce qui n'est pas du tout du goût de Gotovina qui continue à faire des siennes derrière le dos de tous. Il est donc mis à la retraite et malgré quelques basses accusations, il prend la fuite en 2001, lorsque Carla Del Ponte, procureure suissesse du TPIY lui balance un mandat d'arrêt aux fesses. Gotovina se rend à l'ambassade de France à Zaghreb pour obtenir son passeport français avec lequel il va faire du tourisme jusqu'en fin 2005, où il sera arrêté juste avant les fêtes de fin d'année dans un restaurant d'hôtel de luxe sur les îles Canaries.

S'il a pu se la faire belle en se faisant la belle, c'est qu'il pouvait compter sur son solide réseau d'extrême-droite et d'anciens combattants.

Et pan, le 3 août 2010, il prend 27 ans dans les dents, peine réduite à 24 ans le 15 avril 2011 et acquitté le 16 novembre 2012.

Mladen Markac

 

Mladen Markac, 57 piges aussi, est né à Ddurdevac, dans la nouvelle République de Croatie. 1981, il obtient son diplôme à l'Université de Zagreb, fait son service militaire obligatoire en 1982 et entre dans les forces de police du ministère de l'intérieur de l'ex-Yougoslavie. En 1990, il met en place une unité de police pour des tâches bien précises, devenue la Lucko, unité antiterroriste dont il est nommé commandant adjoint. 1992, il est promu colonel-général de réserve.

En 1994, Markac nommé commandant de la police spéciale, mobilise toutes les forces des polices spéciales, y compris l'antiterroriste Lucko, pour participer à la fameuse «Opération Tempête», (et non tempête du Désert pour celles et ceux qui ne suivent déjà plus!). Et Aïe Hi, Aïe Ho, on y va au boulot pour persécuter, voler, piller et assassiner les méchants habitants serbes qui vivent sur territoire de la Krajina devenu croate depuis la mort du Maréchal Tito.

En 2004, Carla Del Ponte, procureure suissesse du TPIY, lui balance un mandat d'arrêt aux fesses et Markac, n'ayant pas le goût du voyage aussi prononcé que son coaccusé Gotovina, se rend volontairement aux autorités croates et est transféré au TPIY de La Haye.

Et pan, 18 ans dans les dents le 15 avril 2011...pour être acquitté le 16 novembre 2012.

Rideau!

Après cette épopée qui aura duré quelques années, les deux bonshommes sont accueillis en HEROS dans leur pays où ils sont arrivés sous un tonnerre d'applaudissements.

Morale d'une histoire qui se répète inlassablement: «Mieux vaut être un criminel de guerre dans un gentil pays, que criminel de guerre dans un méchant pays». (Et cela s'applique dans les pays «civilisés» en temps de paix aussi!)

Comme on dit en grec: /dø pwa dø mə.zyʁ/ (deux poids, deux mesures...pour les ignares)

 

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12 octobre 2012 5 12 /10 /octobre /2012 07:44

Bonjour,


Un visiteur de votre blog Les Amis du Négatif à l'Oeuvre vient de reporter un contenu abusif sur les pages dont vous avez la responsabilité.


careta.jpg

Seuls les morveux se mouchent !


Voici son message et ses coordonnées.

Si cette plainte est fondée, merci de bien vouloir faire le nécessaire pour retirer les textes, images et fichiers incriminés.
Cordialement,


- L'équipe d'OverBlog -

 


Ouh-là-là ! On regrette profondément !!!


Dis Raphaël...Tu le veux dans ton égard? Vraiment?


bonodoiCa peut s'arranger derrière la porte du garage...

_______________________

 


(Les amis du négatif à l'oeuvre, les Apodicticiens)

 

__________________

 


Nota Bene:

 

Dans le texte que nous avons relayé à partir du site Indymédia nous ne voyons pas où  Mr. Raphaël Barland aurait été "sali".(Nous imaginons difficilement comment il serait possible d'être  "sali"  , plus qu'il ne lui est possible de l'être par lui-même  en se commettant avec des officines soutenant des chef d’État massacreurs, qu'il s'agisse de Laurent Bagbo ou de Bachar Heil la Baffe, des Khadafi et consorts  en se commettant aux côtés pestilents d'étrons notoirement fascisants et ou révisionnistes). Il y est présenté comme un co-fondateur d'un groupuscule avide de publicité dénommé "Le Cercle des Volontaires" (ce qui est rigoureusement exact) et conséquemment comme co-responsable des fréquentations et passerelles que ce groupuscule  entretient avec tout ce que contient -à des degrés divers, variés et avariés-  la mouvance d'extrême droite  protéïforme à pustules haineuses .

Quant à un "usage abusif" de son image  "sans son égard".(Op-citatis) c'est Mr. Raphaël  Barland lui-même, forcé par un égo surdimensionné qui n'a de cesse  où qu'il se trouve et dans toutes les manifs de prendre systématiquement la pose aguicheuse devant tout ce qui porte appareils photo, micros et caméra dans le seul soucis de se mettre en avant, de jouer la figure de proue des défenseurs de l'UPR et surtout avide  de voir figurer partout la pauvre bobine de sa petite personne à peu près insignifiante.Concernant de supposés "appels à la violence" à son endroit ou à celui de son arrière-train, rien de tel hélas  dans l'article de Indymédia qui se bornait sobrement à inviter les gens à ne pas répondre aux "bonnards" constituant le "gros-gras" ses troupes et tout au plus de les écarter de la manif où ils seraient considérés comme importuns.
Il n'en faut pas plus à Raphaël Barbant pour se croire faire la cible d'une "fatwa" émanant de gauchistes et d'anarchistes féroces...

 
En conséquence de quoi nous estimons infondées les jérémiades du sieur en question et nous ne voyons ps pourquoi, jusqu'à plus amplement informés ou démentis,  nous retirerions cet article de nos pages. Mieux, nous nous solidarisons avec le ou les auteurs de ce texte et sur ce point avec Indymédia aussi qui de leur côté doivent connaitre aussi les mêmes ridicules tracasseries risibles et sans objet autre qu'hallucinatoires ou publicitaires.

 
Steph.K

--
http://nosotros.incontrolados.over-blog.com


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5 août 2012 7 05 /08 /août /2012 10:41
Samedi 4 août 2012
- Par L'Armurerie

Jeu télévisé ("Zone Xtreme") : Faire obéir les "participants" avec Milgram

Pouvoir de la télévision : le jeu de la mort, l’expérience des chocs électriques

par Jean-Léon Beauvois

 

Une transposition de la célèbre expérimentation canonique de Stanley Milgram dans le contexte d’un jeu télévisé montre que la télévision sécrète un vrai pouvoir prescriptif au moins aussi fort que celui de la science dans les années 60. On va rappeler les recherches de Milgram, leur contexte, avant d’évoquer la transposition conduite en 2009 pour un projet de documentaire consacré aux dérives télévisuelles (jeux, téléréalité) qui pourraient un jour conduire à faire un spectacle de « la mort en direct ».


 


 

 

Dès la fin de la seconde guerre mondiale, des psychologues s’essayèrent à répondre aux questions que posaient les atrocités nazies aux chercheurs en sciences humaines. Comment cela a-t-il été possible ? Est-ce que cela pourrait recommencer ? N’importe où ?

 

Deux tendances des disciplines psychologiques

 

Les disciplines psychologiques sont depuis plus d’un siècle clivées en deux tendances souvent antagonistes : une tendance clinique visant à interpréter pour comprendre et une tendance expérimentale visant à prédire pour rendre compte. Les interrogations qu’on vient d’évoquer ont donné lieu à des travaux classiques dans les deux tendances.

 

Une approche clinique. Comme il se doit, les premières conceptions (et les premiers travaux) furent ancrés dans le sens commun. Celui-ci voit la cause d’un acte dans la personne qui a réalisé cet acte (ou, plus souvent, dans la signification que peut avoir l’acte pour cette personne). Il commet, ce faisant, une erreur dite « fondamentale » par les psychologues sociaux [1]. Des psychologues cliniciens conduits par Theodor Adorno [2] ont étudié à l’aide d’entretiens approfondis et de longs questionnaires les fondements psychologiques et éducationnels d’une personnalité susceptible de conduire à des idées racistes ou fascistes et à l’acceptation d’ordres immoraux. Ils ont ainsi décrit ce qu’ils appelèrent la « personnalité autoritaire » et évoqué ses antécédents dans l’éducation familiale. Le terme « autoritaire » n’est pas excellent : il fait penser à une personne qui aime commander et diriger. Or, la personnalité autoritaire est plutôt celle qui est dotée d’un mental prédisposant à l’obéissance. La personne dite « autoritaire », en effet, cherche à se doter d’un système de croyances et de préjugés sans ambiguïtés, où ce qui est « bien » s’oppose clairement et définitivement à ce qui est « mal », dans lequel les déviants et les groupes minoritaires sont stigmatisés, et dans lequel enfin l’analyse psychologique des causes de ce que l’on a fait n’a aucune place [3]. Comme on pouvait le penser, ces personnes ont été dans leur enfance soumise à une éducation à la dure qui ne leur pardonnait rien (cf. le film de Haneke Le ruban Blanc). La personnalité autoritaire correspond à la personnalité de ceux qui ont réussi à sublimer cette éducation dans l’ordre des croyances qu’ils ont sur les gens et sur le monde. Une « échelle » d’attitude célèbre (l’échelle F de Californie), issue de ce travail, a longtemps été utilisée pour apprécier cet aspect de la personnalité.

 

Une approche expérimentale Guère plus de dix ans plus tard, un jeune psychologue social, Stanley Milgram, tourmenté par les mêmes interrogations, mais aussi désireux d’initier un paradigme expérimental à succès (l’un de ses mentors à l’Université, Solomon Asch, n’avait-il pas inventé, une dizaine d’années auparavant, le très célèbre paradigme expérimental du « conformisme » [4] ?) adoptait le contre-pied des positions cliniques. Plutôt que d’étudier la personnalité des personnes susceptibles d’obéir à des ordres abjects, il voulut savoir s’il n’y avait pas des situations dans lesquelles les gens « normaux », vous et moi, étaient conduits à obéir à de tels ordres. Il faut dire que l’époque commençait qui verrait s’opposer les « personnologistes » qui expliquent ce que font les gens par leur personnalité et leur histoire aux « situationnistes » qui expliquent ce que font les gens par les situations dans lesquelles ils se trouvent et les rôles qu’ils doivent y jouer.

 

Les cliniciens sont souvent personnologistes (la plupart ne doivent-ils pas s’occuper des personnes sans avoir accès aux situations auxquelles ces personnes sont confrontées ?) alors que les expérimentalistes (qui manipulent des variables, souvent de situation) sont plus volontiers situationnistes.

 

Les recherches de Milgram

 

Le paradigme. Milgram concocta un paradigme étonnant qu’il testa au début des années 60 et dont il entreprit les premières explorations [5]. Des américains moyens contactés par annonces dans la presse venaient au laboratoire pour participer à une recherche sur l’apprentissage. Arrivés, ces « sujets expérimentaux » constataient qu’ils étaient deux à avoir été convoqué ensemble. Ils ignoraient que l’autre « sujet » était en fait un comédien, complice de l’expérimentateur. Ils apprenaient que la recherche à laquelle ils allaient participer portait sur les effets des punitions sur la mémoire. L’un d’entre eux devrait apprendre une liste de mots couplés (par ex. ciel-bleu …) et il devrait ensuite, après audition de l’un des deux mots, reconnaître le second présenté avec trois autres mots ayant une fonction de parasites (pour bleu : compteur, ruban, ciel, yeux). Ils apprenaient aussi que chaque erreur entraînerait une punition : un choc électrique, et que les chocs augmenteraient régulièrement, de 15 jusqu’à 450 volts à la trentième erreur. La machine à punir portait des mentions indiquant la gravité des chocs, de « choc léger » à « attention, choc dangereux » pour finir par un énigmatique XXX (pour 435 et 450 volts). Suite à un tirage au sort truqué (les deux cartes à tirer portaient le même mot : professeur), le comédien se voyait attribuer le rôle « d’élève » devant réaliser l’apprentissage dans une pièce annexe tandis que le sujet « naïf » se voyait attribuer le rôle de « professeur » devant lire les mots,recevoir les réponses et donc punir avec des chocs électriques de plus en plus forts en cas d’erreur. Les réponses du complice, qui ne recevait évidemment aucun choc, étaient programmées pour que les (soi-disant) punitions puissent aller jusqu’à 450 volts. La séance commençait. Dans la situation qu’on dira « canonique », l’élève-comédien était dans une autre pièce, séparé du professeur-sujet par une cloison : on ne le voyait donc pas, mais on l’entendait. En effet, les réactions de l’élève (pré-enregistrées) allaient d’un léger gémissement (à 75 volts) à des cris de douleur et de désespoir accompagnés du désir d’arrêter l’expérience. Après 330 volts, il cessait même de répondre et, bientôt, le professeur ne l’entendait plus. On pouvait tout imaginer, notamment en envoyant les chocs XXX. Si le professeur manifestait sa réprobation ou son envie d’arrêter, l’expérimentateur disposait d’une série d’injonctions pour l’amener à obéir et à continuer (« continuez, professeur ; l’expérience exige que vous continuiez »…). Dans cette situation canonique, Milgram observa que plus de 60% des sujets (62,5 % très exactement) allaient jusqu’au bout et envoyaient la décharge de 450 volts. Ils ne le faisaient certainement pas dans la joie. La plupart d’entre eux exprimaient leur souffrance, voire leur désir d’en finir, mais, les injonctions de l’expérimentateur étant ce qu’elles étaient, ils obéissaient [6].

 

Les variantes. Ce résultat canonique ne suffisait pas à valider la position situationniste de Milgram. On aurait en effet pu mettre les résultats sur le compte d’une supposée « tendance sadique propre à l’homme » qui n’attend qu’une occasion pour s’exprimer, certains l’exprimant plus facilement que d’autres, ce qui serait revenu à nier le poids spécifique de la situation. Il fallait donc encore montrer qu’avec des sujets équivalents (entendre : pris dans une population statistiquement identique), le taux d’obéissance variait jusqu’à tendre vers 0 dans certaines situations. Milgram mit donc en œuvre des variantes donnant lieu, avec des sujets comparables, à moins d’obéissance. Dans la variante7, après avoir donné les directives, l’expérimentateur quittait la salle. Le taux d’obéissance ne fut que de 20%. Dans la variante11, les sujets fixaient eux-mêmes le niveau de choc qui convenait. Aucun n’alla au-delà de 165 volts. Dans la variante13, ce n’était pas un scientifique qui donnait les ordres, mais un individu « ordinaire » : les sujets ne furent que 20% à obéir à cet homme ordinaire. Dans la variante15, les sujets étaient confrontés à deux chercheurs, l’un disant à 150 volts qu’il fallait arrêter, l’autre prétendant aller jusqu’au bout. À 165 volts, tous les sujets avaient désobéi au second. Ceci pour ne citer que quelques variantes. Milgram en décrit une vingtaine dont les résultats permirent d’aboutir à une conclusion essentielle : les sujets de l’expérience canonique n’étaient pas des sadiques, ni à titre individuel, ni à titre de « représentant de l’humanité ». Dans une autre situation, ils se seraient comportés tout autrement. C’était donc bien la situation dans laquelle ils s’étaient trouvés qui les avait conduits à tant d’obéissance. Peut-on caractériser cette situation ? Sans doute : être face à un scientifique représentant une institution valorisée : la science, donc pourvu d’une autorité « légitime », une autorité physiquement présente, consistante (sans aucun doute sur ce qui doit être exigé), au comportement pressant (injonctions) ; une victime qui n’est pas trop proche. Dans cette situation, un individu « standard » (Monsieur tout le monde, homme ou femme, ouvrier ou cadre…), bref vous ou moi, peut être amené à torturer un pair jusqu’à peut-être même le tuer.

 

Les reproductions et adaptations. Les résultats de Milgram avaient terriblement secoué ses lecteurs et ses collègues. Son succès, tant dans la communauté scientifique que dans le public, fut pourtant immédiat et durable. Ses recherches sont parmi les plus connues, sinon les plus connues de la psychologie expérimentale dans le grand public. Elles restent très recherchées sur internet. Elles furent aussi très souvent reproduites par d’autres scientifiques avec succès, les dernières reproductions datant de 2009. Plus de 3000 personnes de par le monde, dans une douzaine de pays (Afrique du Sud, Allemagne, Australie, Autriche, Espagne, Israël, Jordanie, USA …), sont passées en tant que sujets par le dispositif qui vient d’être décrit [7]. Les taux d’obéissance furent toujours, dans la condition canonique, très supérieurs aux prédictions du sens commun et des publics consultés par Milgram. Des chercheurs hollandais [8] ont réalisé une judicieuse adaptation au contexte administratif du paradigme de Milgram en demandant à un sujet dont la tâche était de conduire un réel entretien d’embauche de faire au candidat, pour les besoins d’une recherche, des remarques de plus en plus déstabilisantes et donc de mettre gravement en question son recrutement. Les taux d’obéissance tournèrent autour de 90%.

 

La banalité du mal

 

En 1960, Adolf Eichmann, l’un des acteurs éminents de la « solution finale », fut jugé en Israël après avoir été enlevé en Argentine par les services secrets israéliens. Hannah Arendt suivit le procès pour un journal américain. C’est à cette occasion qu’elle déploya une thèse aujourd’hui très connue : la thèse dite de la banalité du mal [9]. La philosophe ne voyait pas le prévenu nazi comme un monstre sanguinaire. Il n’était à ses yeux qu’un homme banal ou ordinaire, un fonctionnaire simplement zélé et ambitieux. Ni haine ni idéologie dévastatrice. Elle attribuait ainsi le comportement des allemands engagés dans les actes de barbarie à la culture de l’obéissance impliquant la passivité face à des ordres, quand bien même ces ordres seraient choquants et immoraux. Cette passivité s’accompagnait d’une absence de culpabilité ainsi que d’une impossibilité pour celui qui exécute les ordres de penser en son nom la situation, notamment pour adopter le point de vue d’autrui et juger du bien et du mal. Des prises de position d’Eichmann abondaient dans ce sens. Pouvait-il ressentir de la culpabilité ? Certainement, il se serait senti coupable s’il avait désobéi. Jusqu’où pouvait-il aller dans son obéissance ? Jusqu’à tuer père et mère si les ordres le demandaient. Inutile donc d’aller chercher bien loin, dans les affres d’une psychologie morbide ou même d’une idéologie barbare et haineuse ce que la position de soumission explique parfaitement. On passera ici sur le rôle facilitateur des totalitarismes qu’analyse Arendt.

 

Les résultats des recherches de Milgram (poids brutal de la situation de soumission ; peu de variabilité due aux personnes donc à la personnalité) allaient incontestablement dans le sens de la thèse de la banalité du mal. Ces recherches montraient que des sujets comme vous et moi peuvent, pour obéir à une autorité légitime, envoyer à un pair des chocs susceptibles de le tuer (pensons aux énigmatiques XXX de la machine à punir). On se prit à voir les bourreaux des camps d’Auschwitz ou de Mauthausen sous les traits de ces braves américains que l’obéissance à l’autorité avait conduit à torturer un pair, possiblement jusqu’à ce que mort s’en suive, et que Milgram avait filmés lors de son expérience canonique pour que leur bonne bouille malheureuse et culpabilisée fasse le tour du monde. Par ailleurs, le concept Milgramien d’état agentique collait bien aux descriptions de Hannah Arendt sur la position de passivité et d’irresponsabilité du bourreau banal [10].

 

Les faits expérimentaux milgramiens (ainsi que ceux de l’expérience célèbre connue sous le nom de « la prison de Stanford » réalisée en 1971 par Philip Zimbardo [11]) ont été, en quelque sorte, « retrouvés » par un historien ayant eu suffisamment d’archives judiciaires pour suivre par le menu la vie et les violences d’un bataillon de la police allemande. Les ordres étaient notamment de rassembler une partie des Juifs des villages et de les amener, pour qu’ils y soient fusillés, dans des camps dits de travail. Ils finiront par réaliser de véritables massacres collectifs. Ce bataillon (le 101ème) était fait non de militants idéologues, mais de réservistes, d’hommes tout à fait ordinaires, ouvriers et petits bourgeois, bons pères de famille, qui s’étaient transformés dans les terres polonaises en véritables « tueurs professionnels » [12]

 

Comme on devait s’y attendre, la thèse de la banalité du mal a été critiquée. Qui s’est attaché à montrer que Eichmann n’était pas le fonctionnaire froid et détaché qu’avait cru Hannad Arendt : c’était un antisémite fanatique, parfaitement conscient de ce qu’il perpétrait. Certainement pas un homme banal. Qui encore a analysé la transmission d’ordre à Auschwitz et a pu montrer que ces ordres, en vérité pas si clairs que ça, demandaient à être interprétés par des bourreaux qui traitaient l’information et n’appliquaient pas bêtement des consignes. Certes, ces critiques conduisent à nuancer, peut-être même à réviser, la thèse d’Hannad Arendt. Encore que… Mais elles n’affectent strictement en rien les résultats et la signification des recherches de Milgram ou de celles qu’il a inspirées. Ce qui s’avère problématique, ce ne sont pas les résultats de Milgram : c’est leur extension à des faits (l’obéissance des bourreaux nazis) qui ne relèvent pas de la psychologie sociale expérimentale et des niveaux d’analyse auxquels ses recherches donnent accès.

 

Il faut en effet tenir compte du fait, pour moi décisif, que le sujet de Milgram est un individu seul face à une autorité pressante, qu’il n’a aucune possibilité de comparaison avec ce que fait ou ferait un individu modal ; il n’est pas venu comme membre d’un collectif ou d’un groupe. Il ne dispose d’aucun support social. Sa désobéissance serait un plongeon dans l’inconnu. On sait [13] que cet individu isolé que rêve, prône et peut-être construit un individualisme frelaté, grain de sable dans un agrégat irréfléchi, cet individu-là, sans le support social, les normes et sans les comparaisons sociales que fournissent les appartenances, est l’être le plus obéissant et le plus manipulable qui soit. Et c’est bien ce que montre les recherches milgramiennes. Que ces recherches ne rendent pas compte des crimes nazis est un tout autre problème [14].

 

Milgram à la télévision ?

 

Il aura bientôt quatre ans, Christophe Nick [15] m’appela en me tenant le discours suivant : Aujourd’hui, il existe d’autres pouvoirs que la science et les pouvoirs qui existaient dans les années 60. Il y a notamment la télévision. Et il est très probable qu’elle ait dans les faits plus de pouvoir que la science. Pourquoi ne pas refaire du Milgram dans un contexte de télévision ? La demande était incontestablement alléchante. J’hésitai pourtant pendant deux années.

 

Quid du pouvoir ? D’une part, l’hypothèse de Christophe Nick manquait à me convaincre. Autant une certaine forme de légitimité sociale, ancrée dans d’importantes valeurs partagées, comme la légitimité qu’on accorde à un scientifique, ou à un militant d’une ONG connue, peut, à mes yeux, compenser l’absence d’un pouvoir formel comme celui qui s’exerce dans les structures organisationnelles de délégation [16], autant je ne voyais pas la télévision comme pouvant apporter une telle légitimité. Je contestais même qu’elle puisse en avoir. De l’influence, certainement, la télévision en a, sur les idées, sur les attitudes, sur les doctrines… Elle peut même modéliser (je ne dis pas : ordonner) des comportements. J’en suis convaincu. Et j’ai même avec Claude Rainaudi proposé le concept de propagande glauque pour dénoter cette influence. Mais l’influence n’est pas le pouvoir. Je me suis toujours élevé contre l’indistinction entre ces deux concepts. Aussi, même si la télévision a de l’influence, de là à ce qu’elle ait un réel pouvoir prescriptif à déléguer à un journaliste, à un animateur… conduisant un individu banal à obéir et réaliser des actes immoraux comme conséquence de sa soumission à cette figure télévisuelle, il y a un pas que je ne franchissais pas. Je ne voyais pas les valeurs sociales partagées susceptibles de fonder la légitimité que je croyais indispensable. Mais Christophe Nick avait raison : seule, une reproduction de Milgram permettrait de trancher. Et il apportait des moyens que, n’étant pas un chantre excité de l’idéologie neuroscientifique, je n’avais jamais eus à l’Université

 

Et l’éthique ? D’autre part, plus important, j’étais parfaitement conscient des problèmes éthiques que posait une reproduction de la situation canonique de Milgram. Il faut savoir que de telles reproductions sont de fait interdites par les comités d’éthique qui sévissent dans les Universités étasuniennes ou dans les associations étasuniennes de psychologues. Et je ne suis pas insensible à ces problèmes. A-t-on le droit de mettre des « sujets expérimentaux » (les étasuniens et leurs clones diraient des « participants » !) dans un état de stress quelquefois très intense dont on ne contrôlera pas nécessairement les suites et conséquences ? A-t-on le droit de confronter ces sujets à une image d’eux-mêmes qu’ils pourront trouver dégradante et qu’ils peuvent vivre longtemps comme telle par la suite [17] ? Le droit à la connaissance ne justifie pas tout, je n’ai jamais pensé le contraire. J’ai surmonté ces hésitations pour quatre raisons très différentes. Aucune, probablement, n’aurait été,seule, suffisante.

 

 1. D’abord la prise en considération du fait que des agents sociaux dans notre société sont payés, et quelquefois terriblement bien payés, pour mettre les gens dans des états de stress au moins comparables [18]. Et je n’ai jamais accepté l’idée que l’éthique puisse interdire à des chercheurs de faire pour leurs recherches ce que d’autres font professionnellement et vont même quelquefois apprendre à faire en formation. C’est là un mode de défense que se donne la société contre la connaissance qu’on peut avoir de son fonctionnement que les chercheurs non conservateurs ne doivent pas accepter, sauf à vouloir satisfaire à tout prix les bons sentiments et les vues soi-disant humanistes de leurs voisins des classes moyennes. Interdisons d’abord dans la société ce que la morale condamne, puis interdisons-le dans les laboratoires de recherche. Les chercheurs devraient-ils être les seuls anges purs de notre univers social ?

 

 2. Une deuxième raison a été d’apprendre qu’un chercheur étasunien avait obtenu de pouvoir refaire Milgram avec de « petits » chocs ne dépassant pas 150 volts. Si c’est pas là une politique de faux-culs… Qui peut garantir n’avoir pas ne serait-ce qu’un sujet qui sera à 150 volts aussi déboussolés que d’autres le sont à 300 ou 450 ? Les étasuniens savent-ils combien d’hirondelles maintiennent le printemps ? Comme quoi l’éthique passe malgré tout, même chez nos amis de Santa Clara, après le probable désir de montrer qu’on obéit moins aujourd’hui que dans les années 60, évidemment grâce à la saine évolution de la société libérale [19]. Et enfin, Christophe Nick était d’accord pour qu’on mette en oeuvre un suivi post-expérimental des sujets calqué sur celui réalisé par Milgram ; un long suivi qui coupe court à de nombreuses critiques.

 

 3. Je me souvenais de ces nombreux collègues disant à propos des recherches de Milgram : « moi, je ne les aurais jamais faites, ces recherches. Question d’éthique, n’est-ce pas ? Mais bon Dieu ! Comme je suis heureux que Milgram les ait faites, me permettant ainsi de parler de l’obéissance avec des biscuits expérimentaux à mes étudiants ». Vous imaginez ce que pourrait donner une psychologie sociale de l’obéissance sans les apports de Milgram ? Quelque chose comme « ça se discute ».

 

 4. Une quatrième (et dernière) raison qui m’a poussé à accepter est l’intégration de la recherche projetée dans un projet de politique télévisuelle plus vaste, donnant lieu à un documentaire sur les dérives de la télévision et les dangers de la téléréalité [20]. Les comités d’éthique feraient mieux de se muer en comités d’évaluation des projets de téléréalité, car là, il y du stress, du danger, de la souffrance, de l’indignité et même de la vraie mort. Le projet de Christophe Nick avait évolué : il ne s’agissait plus de montrer le pouvoir de la télévision (en fait, de ce pouvoir, Christophe Nick était convaincu), mais de dénoncer son usage à des fins délétères avec le développement de certains jeux et de la téléréalité. Montrer que tôt ou tard, si on ne faisait rien du côté des politiques publiques, on assisterait à des meurtres en direct, devant des familles en fin de repas, à l’heure des desserts sucrés, voilà qui me convenait bien davantage qu’une simple transposition de Milgram destiné à montrer que la télévision dotait ses agents d’un pouvoir au moins aussi important que celui des scientifiques des années 60.

 

J’ai donc fait appel à deux collègues et ami(e)s non retraité(e)s (Dominique Oberlé et Didier Courbet) et, avec Christophe Nick et Thomas Bornot, on a mis en place la fausse émission « Zone Extrême [21] ».

 

La zone extrême et ce qu’on y a appris

 

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Une expérimentation dans un studio de télévision. Nous avons reçu 80 sujets [22]. Christophe a bien fait les choses. Nous avons pu disposer pendant deux semaines pour les recevoir d’un vrai studio de télévision, d’un vrai décor de jeu télévisé, d’un vrai « plateau », de vrais techniciens de télévision, d’un vrai réalisateur de jeux pour la télévision (Gilles Amado), d’une vraie animatrice (Tania Young), d’une vraie maquilleuse, d’un vrai comédien, d’un vrai public de télévision [23], etc. À cette ambiante télé près, nous avons collé à Milgram de telle sorte que les deux situations soient structurellement identiques [24], un jeu (appelé « fortune ou châtiment ») se substituant à une recherche sur l’apprentissage, une animatrice à un moniteur, un producteur (du jeu) à un scientifique (directeur de recherche), le but de participer à l’amélioration d’une émission se substituant au but d’aider la science [25], le statut de joueurs se substituant aux statuts d’élève et professeur. La procédure collait à celle de Milgram, la tâche étant de même type (reconnaissance d’un mot parmi quatre), le simulateur de chocs électriques allant de 20 à 460 volts, les manettes se trouvant regroupées par ensembles étiquetés successivement « chocs légers » (20, 40, 60 volts), « chocs modérés » (80, 100, 120), « chocs forts » (140, 160, 180), « chocs très forts » (200, 220, 240), « chocs intenses » (260, 280, 300), « chocs très intenses » (320, 340, 360), « chocs dangereux » (380, 400, 420) et, enfin « XXX » (440, 460). Un tirage au sort truqué avait attribué au sujet le rôle de « questionneur » et au comédien le rôle de « candidat », le questionneur devant punir le candidat pour ses erreurs par des chocs électriques de plus en plus forts. Lorsque le questionneur commencerait à hésiter ou voulait arrêter, l’animatrice intervenait par des injonctions préalablement arrêtées pour l’amener à continuer. Ces injonctions étaient conformes à l’esprit de Milgram pour ce qui est des quatre premières (« continuez questionneur », « continuez, ne vous laissez pas impressionner », « la règle veut que vous continuiez », « continuez, nous prenons l’entière responsabilité »). Seule la cinquième injonction « vous ne pouvez pas le faire perdre, d’ailleurs qu’en pense le public ? » était spécifique à l’habillage télévisuel de la situation, le public, animé par un chauffeur de salle, insistant pour que le jeu continue [26]. Le candidat était placé dans un caisson l’isolant du plateau et du public. Comme dans la situation canonique de Milgram, le joueur ayant le statut de sujet-questionneur ne le voyait pas mais l’entendait. Dès le voltage 80 on percevait ses réactions pré-enregistrées, petites plaintes et petits cris d’abord, puis cris forts accompagnés du refus de continuer, puis hurlements et supplications d’arrêter le jeu. A partir du voltage 380, le candidat disait refuser de poursuivre le jeu. A partir du voltage 420 on ne l’entendait plus.

 

Le jeu prenait fin soit quand le questionneur (alors « obéissant ») allait au bout des 27 questions prévues (ce qui impliquait 24 erreurs punies, donc deux chocs de 460 volts) soit lorsque, malgré les cinq injonctions de l’animatrice, y compris l’appel au public, il/elle décidait d’arrêter (questionneurs désobéissants).

 

Dès qu’ils sortaient du plateau, les questionneurs étaient informés du trucage. Puis, dans un lieu calme, ils étaient alors longuement débriefés par deux doctorants de psychologie ou de sciences de l’information et de la communication. Les sujets étaient rappelés quelques jours plus tard au téléphone. Après quatre semaines, on leur adressait un rapport sur la recherche et ses résultats ainsi qu’un questionnaire-bilan. Il est prévu de les contacter à nouveau au bout d’une douzaine de mois.

 

variantes et résultats. Disons tout de suite que rien ne différencie les jeunes des vieux, les femmes des hommes, les ouvriers et employés des petits bourgeois et cadres. Nous venons de décrire la situation canonique.

 

Nous attendions, dans cette situation, un maximum d’obéissance puisqu’elle « reproduisait » la fameuse situation dans laquelle Milgram avait obtenu 62,5 % d’obéissance. Et de fait, 81% de nos sujets-questionneurs allèrent jusqu’au bout, envoyant à deux reprises un choc de 460 volts.

 

Dans une première variante, nous disions aux sujets que le pilote auquel ils apportaient leur concours passerait à la télévision pour essai, même s’il n’y avait pas de gains en jeu. À ceci près, les choses se passaient comme dans la situation canonique. Nous pensions que la diffusion engageant sérieusement l’image des sujets auprès de leurs proches, ils auraient tendance à moins obéir que dans la situation canonique. Ce ne fut pas le cas. 72% des questionneurs allèrent jusqu’au bout.

 

Dans une deuxième variante, la personne qui avait reçu les sujets et leur avait remis le chèque correspondant à leur défraiement intervenait sur le plateau alors qu’ils en étaient à 150 volts pour s’en prendre à l’animatrice et dire que le jeu dérapait, qu’il devenait dangereux et qu’il fallait arrêter. L’animatrice rabrouait l’intruse et reprenait le jeu sans tenir compte de cette intervention. Nous attendions plus de désobéissance dans cette variante dans la mesure où un membre de l’équipe de production venait apporter un support social à la désobéissance et ainsi casser la consistance de l’autorité. Milgram avait observé, nous l’avons rappelé, qu’un second expérimentateur proposant d’arrêter à 150 volts entraînait la désobéissance des sujets au premier expérimentateur désireux de poursuivre. Nous dûmes observer que, même dans ces conditions, 74% des questionneurs se montrèrent obéissants.

 

Ce n’est que dans une troisième variante que nous réussîmes à produire une majorité de désobéissants. Après que le jeu ait commencé, l’animatrice rappelait au questionneur qu’il était « maître du jeu » et quittait le plateau. Ainsi livrés à eux-mêmes, les questionneurs furent nettement moins obéissants (28%). Dans une variante semblable (voir ci-dessus), Milgram avait déjà observé une très forte chute de l’obéissance (variante 7 : 20,5%).

 

Que penser de tout cela ? Nous nous en tiendrons à ces principaux résultats. Pour y réfléchir, il faut savoir que l’analyse statistique nous dit :

 

 qu’on peut tenir la différence entre les proportions 81% et 62,5 % (zone extrême, Milgram, condition canonique), les effectifs étant ce qu’ils sont, pour n’être pas due au hasard avec une chance sur 10 d’avoir tort en affirmant cela [27].

 

 que les proportions 81%, 72% et 74% (zone extrême : situation canonique, première et deuxième variantes) doivent être considérées comme équivalentes, les effectifs étant ce qu’ils sont, les différences ayant de grandes chances de relever du seul hasard. On supposera que les trois situations produisent autant d’obéissance les unes que les autres.

 

 que les proportions 28% (zone extrême, troisième variante) et 20,5 % (Milgram, variante 7) doivent être considérées comme équivalentes pour les mêmes raisons.

 

 que les proportions 81% et 28% (zone extrême, situation canonique et troisième variante) peuvent être considérées comme différentes, les effectifs étant ce qu’ils sont, avec moins de deux chances sur cent d’avoir tort.

 

 qui si l’on prend en compte le nombre de chocs moyens envoyés au candidat comme indice d’obéissance (et non le nombre de questionneurs étant allés jusqu’au bout), la troisième variante (retrait de l’animatrice) donne lieu à moins d’obéissance que les trois autres prises ensembles (moins de trois chances sur cent d’avoir tort).

 

Alors ?

 

L’emprise. Si nous n’avions que la condition canonique à discuter, je ne prendrais aucun risque et je dirais que nous avons, tout simplement, avec la télévision comme institution de référence, reproduit en 2009 les résultats obtenus par Milgram en 1963 avec la science. Ce serait déjà, en soi, intéressant. Les gens n’ont pas besoin de grandes valeurs, comme la connaissance, la science… pour obéir à une personne qui leur donne des ordres immoraux dans un contexte institutionnel dans lequel ils sont venus pour faire ce qu’on leur demande de faire et, donc, pour mobiliser leur prédisposition à l’obéissance, cette prédisposition à l’obéissance qu’ils doivent à leur éducation et à leur pratique des organisations (écoles, universités, usines, hôpitaux…). J’ai bien travaillé la phrase précédente : elle constitue la conclusion prudente de notre transposition de Milgram à la télévision. Notez bien que tant les sujets de Milgram que les nôtres, ne sont pas institutionnellement soumis à l’expérimentateur ou à l’animatrice, comme un ouvrier est institutionnellement soumis à son contremaître ou un étudiant à son professeur dans une structure de délégation de pouvoir. Ils ne sont que « de passage » dans l’institution qui leur demande de se soumettre et ne sont aucunement des « obligés institutionnels ». D’où vient alors ce « pouvoir » de l’expérimentateur ou de l’animatrice qui ne présuppose ni « grande valeur » (la science avec Milgram, soit, mais la télé ne représente aucune grande valeur), ni obligation institutionnelle ? Il ne peut guère venir que du poids qu’à sur eux, disons : l’emprise qu’a sur eux l’institution dans laquelle ils sont de passage. Ce concept d’emprise qui nous vient de Robert Pagès me semble devoir être surimposé à celui de pouvoir, un concept peut-être plus précis, pour ce qui est de la télévision et peut-être même de la science.

 

L’illusion de liberté. Mais il y a heureusement plus que la différence entre les deux situations canoniques (81% contre 62,5%), différence qui n’est significative qu’avec dix chances sur cent de ne pas se tromper. Il y a aussi ce fait essentiel que deux situations dans lesquelles nous avions de bonnes raisons d’attendre de la désobéissance (passage à la télévision, support social) ont autant produit d’obéissance que la situation canonique elle-même. Alors, je prendrais le risque d’avancer que plus de pouvoir s’est exercé dans notre zone extrême qu’il ne s’en est exercé en 1963 à l’Université de Yale (Université de Milgram). Et cela s’est déjà observé sans être attendu : dans sa « reproduction » de 2009, Burger constate lui aussi qu’une situation qui aurait dû —ce qui était le cas chez Milgram— produire de la désobéissance (un pair du sujet — ils sont venus par trois, dont deux complices de l’expérimentateur— refuse de continuer) produit plus d’obéissance que la situation de référence de Milgram. Donc, dans deux situations où nous attendions de la désobéissance, nous avons surtout de l’obéissance. Et là oùnous attentions de l’obéissance, nous en avons peut-être un peu plus que nous en attendions.

 

Alors quoi ? Alors qu’on nous serine, avec de vrais élans propagandistes, que dans nos démocraties « libérales » le pouvoir ne s’exerce plus comme avant et désormais se « négocie », que l’autorité s’effondre en tant que telle [28], que la permissivité galope avec l’individualisme libérateur, qu’il faut prendre de plus en plus de gants pour diriger et animer des équipes ou des classes, bref que l’obéissance n’est plus une valeur, que nous montrent les reprises de Milgram ? Qu’on obéit toujours autant, et peut-être même plus. Cela remet les pendules à l’heure et montre que l’insistance sur la valeur « liberté » [29] a peut-être conduit les gens à s’illusionner sur leur liberté réelle pour rester les braves gens obéissants, les nice guys, dont la société a besoin [30]. Les psychologues sociaux savent parfaitement que si l’illusion de liberté n’induit aucune rébellion, preuve que cette liberté est illusoire, elle est le préalable aux manipulations, à l’internalisation et à la rationalisation des comportements [31]. On obéit autant qu’avant, mais en se donnant de bien meilleures raisons d’obéir, ce qui nous fait finalement oublier qu’on obéit comme on le doit.

 

Ce n’est pas là qu’une intuition de gauchiste immature et loin des saines réalités. Un collègue de Grenoble, Laurent Bègue, s’est attaché à retrouver nos « questionneurs » pour voir si, des fois, on ne pourrait pas trouver quelques menues différences entre les questionneurs obéissants et les questionneurs désobéissants. Pourquoi pas, après tout… Il a utilisé deux types de mesures : des mesures portant sur la valeur psychologique des personnes (dans mon jargon : la « valeur personnologique » [32], et des mesures en rapport avec les positionnements politiques, voire militants. Quel bonheur de constater que, lorsqu’on trouve quelque différence, elles montrent que les gens biens (« psychologiquement bien » : les consciencieux, les aimables, ceux qui se sentent bien dans leur peau, les "internes"…) ont tendance à davantage obéir que ceux qu’on pourrait tenir pour de « sales bougres », ceux qui sont plutôt mal dans leur peau, qui s’en prennent au monde entier et qui, en outre, se lancent sans réfléchir dans des actions revendicatives quelque peu limites… Bon. Je ne vais pas me mettre à attribuer plus d’importance aux « différences individuelles » que je ne l’ai fait jusqu’à présent. Mais celles qu’a trouvées Laurent Bègue mettent du baume sur le cœur de quelqu’un qui prétend depuis plus de 30 ans [33] que, depuis que le pouvoir social existe, et cela date d’avant le paléolithique, la psychologie de tous les jours (que reprennent si volontiers la psychologie académique de la « personnalité » et la psychométrie) n’est qu’une paraphrase internalisante de l’activité sociale d’évaluation des personnes, paraphrase facilitant grandement la reproduction des choses.

 

Et la télé ? La télévision a donc un réel pouvoir prescriptif sur les gens [34]. Elle en exerce en tout cas sur ceux qui passent dans ses studios [35] comme Tania Young a exercé du pouvoir sur nos questionneurs. La question immédiate est « que va faire la télévision de ce pouvoir ? » Nous constatons déjà qu’elle peut s’en servir pour amener les gens à donner au téléthon comme elle peut s’en servir pour leur faire manger des araignées ou se mouvoir parmi des rats. Pourrait-elle, surtout lorsqu’elle est publique, mettre ce pouvoir au service d’un vrai projet doté d’une utilité sociale ?

 

Rappel sur la procédure de recrutement des « questionneurs »

 

Cette procédure est clairement exposée dans le livre de Christophe Nick et Michel Eltchaninoff : L’expérience extrême (p. 53 sq). Les sujets qui ont été contactés (13000) étaient répertoriés sur des fichiers marketings, en particulier sur un fichiers de potentiels volontaires pour des tests de produit. Ils recevaient un mail leur proposant de « participer à la mise au point d’un jeu de télévision ». On ne leur proposait donc pas de venir jouer. Ont été éliminées de la population toutes les personnes ayant déjà participé à un jeu télévisé ou s’étant porté volontaires pour participer à un jeu. Le taux de réponse à ce mail (environ 2600 personnes) est conforme au taux de réponses obtenues à ce genre d’enquête (pas d’effet « jeu télévisé »). C’est l’application de critères a priori (sexe ; âge ; catégories socio-professionnelle, critères de santé…) qui a encore réduit le nombre de volontaires potentiels pour aboutir à un tirage de 90 personnes (80 sujets convoqués plus 10 sujets convocables en cas de défection). Ce n’est qu’arrivés au studio que les sujets en savaient plus (émission pilote, règles du jeu, pas d’argent à gagner etc…)

 

Cette procédure permet de penser que le recrutement a été suffisamment large pour éviter un biais d’autosélection des sujets n’ayant amené que des fanatiques de jeux télévisés. La motivation principale fut plutôt de savoir "comment ça se passe à la télé".

 

Notes

[1] Pour la fonction sociale de cette erreur, voir mon livre : Les illusions libérales, individualisme et pouvoir social. Grenoble, Presses Universitaires de Grenoble.

 

[2] Adorno, T.W., Frenkel-Brunswik, E., Levinson, D.J. & Sanford, R.N. (1950). The authoritarian personality. New York, Harper & Row

 

[3] Les spécialistes appellent cela l’ « anti-intraception ».

 

[4] Dans les sciences expérimentales, un « paradigme expérimental » est une situation type aisément reproductible, dans laquelle s’observe un « effet » —par exemple l’effet de conformisme : un sujet qui a raison se range à l’avis d’une majorité qui a tort— et dans laquelle on peut manipuler de nombreuses variables susceptibles d’affecter cet effet, par ex. la compétence supposée, faible ou forte, de la majorité.

 

[5] voir Milgram, S. (1974). Soumission à l’autorité. Paris, Calmann-Lévy

 

[6] Ces résultats étaient réellement stupéfiants : plusieurs publics variés (dont un de psychiatres et un d’américains des classes moyennes) auxquels on avait demandé de prédire les résultats avaient annoncé une désobéissance précoce (vers 150 volts), aucune des 110 personnes consultées n’ayant prédit que quelqu’un irait au-delà de 300 volts.

 

[7] Et cette statistique ne compte pas les sujets de Milgram !

 

[8] voir Meeus, W.H.J., Raaijmakers, Q.A.W. (1995). Obedience in modern society : the Utrecht studies. Journal of Social Issues, 51, 3, 155-175.

 

[9] voir son livre de 1966, Eichmann à Jérusalem. Rapport sur la banalité du mal. Paris, Gallimard.

 

[10] Pour Milgram, l’obéissance est due au fait qu’en situation d’obéissance, l’agent d’exécution entre, précisément, en « état agentique ». Ce concept dénote trois choses : 1. l’obéissance impliquée par la position d’agent (d’exécution), 2. la non responsabilité concernant ce qui peut advenir, 3. l’acceptation de la définition sociocognitive de la situation avancée par l’agent exerçant le pouvoir. Je ne développerai pas ici l’idée que l’état agentique s’oppose à un « état d’autonomie » car je ne crois pas qu’un tel état soit réellement possible dans nos sociétés. Une autonomie relative, éventuellement. Et encore…

 

[11] Des étudiants jouent les rôles de prisonniers et d’autres de gardiens de prison : Philip Zimbardo, 2007, The Lucifer Effect : Understanding how good people turn evil, Random House

 

[12] Browning, C., 1996, Des hommes ordinaires. Le 101e bataillon de réserve de la police allemande et la Solution finale en Pologne, Tallandier, 2007.

 

[13] voir encore mes Illusions libérales…

 

[14] Je ne reprends pas ici les critiques, en vérité assez inefficaces, qui relèvent de l’anti-expérimentalisme primaire et que connurent en leur temps la physique et la physiologie (artificialité de la situation expérimentale qui n’est ni la nature pour la physique, ni la vie pour la physiologie, ni l’existence sociale pour la psychologie etc. et, aujourd’hui, ni le marché pour l’économie expérimentale.

 

[15] Journaliste et producteur de documentaires pour la télévision : Chroniques de la violence ordinaire ; Résistances ; La mise à mort du travail…

 

[16] voir Beauvois, J.-L., 1983. Structures organisationnelles : hiérarchie et autogestion. Connexions, 39, 47-64

 

[17] Il faut se souvenir que Milgram avait mis en place un très long suivi de ses sujets expérimentaux pour leur « déniaisement » et pour la restauration de leur image de soi impliquant plusieurs entretiens et questionnaires (y compris un an après la session expérimentale). Un an après, un nombre parfaitement dérisoire de sujets, tant parmi les obéissants que parmi les désobéissants, regrettaient d’avoir participé à l’expérimentation.

 

[18] La thèse déjà ancienne de Joseph Torrente a remarquablement décrit la « souffrance » dans laquelle peuvent être des salariés auxquels on demande de réaliser des actions contraire à leurs valeurs ou à leurs attitudes. Et ils ne font pas l’objet, eux, d’un suivi !

 

[19] le titre de l’article auquel cette reproduction de Jerry Burger, de Santa Clara, a donné lieu est, précisément : Would People Still Obey To-day (American Psychologist, 64, 1-11) ? Pas de chance : oui, on obéit toujours, et peut-être même davantage, même dans cette reproduction. J’y reviendrai bientôt.

 

[20] Ce documentaire sera diffusé sur France 2 vers la mi-mars.

 

[21] voir Eltchaninoff, M., Nick, C., Beauvois, J.-L., Courbet, D., Oberlé, D., 2010. L’expérience extrême. Paris : Don Quichotte éditions (le Seuil). Voir aussi la présentation de la recherche dans deux revue scientifiques : Beauvois, J.-L., et al., The prescriptive power of the television host. A transposition of Milgram’s obedience paradigm to the context of TV game show. Revue Européenne de Psychologie Appliquée (2012), doi:10.1016/j.erap.2012.02.001 et Oberlé, D., Beauvois, J.-L., Courbet, D. (2011). Une transposition du paradigme d’obéissance de Milgram à la television : enjeux, resultats et perspectives. Connexions, 95, 71-88.

 

[22] Il n’en restera que 76 dans les statistiques, une personne ayant refusé dès son arrivée d’envoyer des chocs électriques, deux autres connaissant la situation de Milgram pour avoir vu I comme Icare, une dernière ayant réalisé que le tirage au sort était truqué.

 

[23] Comme pour tous les jeux télévisés, un public était présent sur des gradins de part et d’autre du plateau. Ce public avait été recruté par une entreprise à la suite d’une annonce sur Internet.

 

[24] Ce dont nous nous sommes assurés en comparant ces deux situations sur un ensemble de quinze critères d’analyse d’une situation de pouvoir.

 

[25] En fait, les sujets apprenaient en arrivant qu’ils allaient participer au test d’un « pilote » et que si le jeu proprement dit impliquait des gains, eux, dans ce « pilote », n’avaient rien à gagner. Ceci nous a permis d’éliminer la motivation économique, les sujets ayant reçu 30 € pour leur défraiement.

 

[26] En fait, le public n’a pas eu l’influence qu’on pouvait attendre, au moins à ce niveau là.

 

[27] Si vous lancez dix fois une pièce en l’air, si vous notez le nombre de piles et de faces ; et si vous recommencez cette opération une centaine de fois, vous constaterez que le hasard ne crée pas l’uniformité. Certes, ce que vous observerez le plus souvent, c’est probablement 5 piles et 5 faces, puisque chacun ont une chance sur deux d’apparaître à chaque coup. Mais vous observerez aussi, sans doute moins souvent, 6 piles et 4 faces, et encore moins souvent 7 faces et 3 piles... Le calcul des probabilités permet de savoir qu’elle est la probabilité pour que le seul hasard produise, par exemple, 9 piles et 1 face. Cette probabilité, c’est le nombre de chances que vous avez d’avoir tort en affirmant que cet "état de la nature" (9 piles et 1 face), lorsque vous venez de l’observer une fois, a une détermination autre que le hasard (la pièce est truquée, celui qui la lance a un tour de main...

 

[28] Sur ses bases ?

 

[29] Je ne dis pas l’insistance sur le fait de la liberté. Il suffit d’aller dans les usines, dans les hôpitaux ou dans les universités pour constater que la liberté démocratique s’est arrêtée à leurs portes. J’ai appelé cette dissociation entre le politique et le social une « coupure libérale » (voir Les Illusions libérales…).

 

[30] Quand j’étais tout petit, mon père, un anti-communiste primaire, ne manquait jamais de me seriner que j’avais énormément de chance d’être libre dans un pays libre et qu’en conséquence je n’avais qu’à fermer ma gueule.

 

[31] Voir Joule, R.-V. et Beauvois, J.-L., 2002, Petit traité de manipulation à l’usage des honnêtes gens. Grenoble, Presses universitaires de Grenoble.

 

[32] Ce que le sens commun et des psychologues très américanisés appellent « la personnalité » : les personnes "honnêtes" ont incontestablement plus de valeur sociale que les personnes "menteuses" ; les traits de personnalité sont fait pour évaluer les personnes et ne servent qu’à ça.

 

[33] voir mon article de 1976 : problématique des conduites sociales d’évaluation, Connexions, 19, 7-30. Voir aussi sur maniprop l’article de Mollaret

 

[34] Christophe Nick qui ne partage pas toujours mes analyses un peu sociologisantes est convaincu que la différence entre Milgram 63 et la zone extrême 2009 s’explique surtout par ce pouvoir propre de la télévision.

 

[35] Sur les autres, les téléspectateurs, elle a au moins, et ceci sûrement, de l’influence.

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29 juillet 2011 5 29 /07 /juillet /2011 07:13
ILS NE S'ARRÊTERONT JAMAIS  !!!

mercredi 27 juillet 2011



Un appel au secours vient d’être lancé ce mercredi matin par les animateurs du Théâtre de la Liberté à Jénine qui sont attaqués par l’armée israélienne venue les arrêter et détruire ce symbole de la résistance palestinienne. Après s’être débarrassé de son directeur Juliano Meir Khami, lâchement assassiné, il y a quelques mois, le gouvernement israélien veut faire table rase de ces militants qui soutiennent le moral des jeunes de Jénine par leurs activités théâtrales.

 

Quand Israël entend le mot culture, il sort son révolver.


 

Appel au secours du Théâtre de la Liberté :


04.46 (gmt+2), July 27, 2011


"Les forces spéciales de l’armée israéliennes ont attaqué le Théâtre de la Liberté, situé dans le camp de réfugiés de Jénine, ce mercredi matin à 3 H 30.


Ahmed Nasser Matahen, étudiant technicien qui garde le théâtre la nuit, a été réveillé par d’énormes blocs de pierre lancés contre la porte du théâtre.

En ouvrant cette porte, il s’est trouvé face à une soldatesque lourdement armée et masquée, entourant le théâtre.


"Ils m’ont dit de lever les bras et m’ont obligé à baisser mon pantalon. J’ai pensé que mon heure était venue et qu’ils allaient me tuer. Mon frère se trouvait à côté de moi, menotté."


Pendant ce temps, le directeur en charge de la location des lieux, Adnan Naghnaghiye, était arrêté et emmené vers une destination inconnue, ainsi que Bilal Saadi, un des membres du Conseil d’administration du Théâtre.


"Quand le directeur général du théâtre, le Britannique, Jacob Gough, et son co-fondateur, le Suédois Jonatan Stanczak, sont arrivés sur les lieux, ils ont été obligés de rester sans bouger aux côtés d’une famille palestinienne avec ses 4 enfants, entourés d’une cinquantaine de soldats israéliens armées de pied en cape.


Jonatan indique : "Quand nous avons essayé de leur dire qu’ils étaient en train d’attaquer un lieu culturel et d’arrêter les animateurs du Théâtre, ils nous ont menacés de nous rouer de coups. J’ai essayé de joindre l’administration civile de l’armée mais on m’a raccroché au nez".


Pour plus d’infos, contacter :

Jacob Gough at +972 (0)59 534 83 91

Jonatan Stanczak at +972 (0)54 391 57 08


Email : Jonatan Stanczack : jonatan.stanczak@gmail.com

Jacob Gough : jacobllyr@hotmail.co.uk

http://poeticinjustice.net/news/fre...

 

Merci appeler l’ambassadeur d’israël aux USA pour lui demander de faire cesser cette attaque et de libérer immédiatement le personnel du théâtre : Michael Oren 202.364.5500."

(Traduit par CAPJPO-EuroPalestine)

 


Cette attaque signe l’assassinat de Juliano Meir Khamis. Présenté par Israël comme l’oeuvre d’extrémistes palestiniens, ses véritables commanditaires viennent de se démasquer.

CAPJPO-EuroPalestine

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28 juillet 2011 4 28 /07 /juillet /2011 23:40
Jeudi 28 juillet 2011
...il serait bon, ce nous semble, d'aborder graves réalités liées, de par "chez nous", comme aimeraient à le prétendre encore amateurs de drapeaux et autres souches bonnes à crâmer en cheminées! (..ah oui, tout de suite, dès qu'on entre dans la "subtilité", ou ça ferait marrer... ou pas du tout?...

 

(..avant d'être pécho là  http://rebellyon.info/, pour la technique, relayé perso par Eva, pour la pratique, et retransmis par Nosotros Incontrolados pour les mêmes raisons, faites tourner la gerbe! qu'on en habille quelques-un-e-s de peau de renard et du panache qui va de paire, des baffes!!...)

 

 

Des violences lyonnaises d’extrême-droite à celles de Norvège

Publié le 26 juillet

Maj le 28 juillet

Il ne s’agit pas ici de tenter de ramener à nous la couverture médiatique des drames norvégiens. Ou de comparer ce qui n’est pas comparable. Mais de montrer dans quelle mesure les violences et les théories d’Anders Breivik ne sont pas celles d’un fou, d’un néo-nazi taré ou d’un loup solitaire [1] égaré qui aurait grappillé sur internet des idées alambiquées pour s’en faire une folle croisade... Mais qu’elles sont représentatives d’un courant dont les théories et pratiques sont malheureusement connues sur Lyon.

Cibler et attaquer les personnes opposées au racisme

Depuis 18 mois, les vio­len­ces d’extrême droite contre des mili­tant-e-s anti­ra­cis­tes, anti­fas­cis­tes ou tout sim­ple­ment liber­tai­res se sont mul­ti­pliées à Lyon. Celles qui ont fait l’objet de plain­tes ont cumulé plus de 270 jours d’ITT, sans comp­ter celles qui n’ont pas été trans­mi­ses à la jus­tice comme la der­nière. La plu­part d’entre elles n’ont rien à voir avec des ren­contres mal­heu­reu­ses dans une ville deve­nue trop petite pour un mou­ve­ment liber­taire rela­ti­ve­ment implanté et des mou­ve­ments racis­tes radi­caux cher­chant à s’affi­cher sur le ter­rain. Le Préfet a beau parler d’une gué­guerre, expli­ca­tion bien pra­ti­que reprise par la plu­part des jour­naux locaux, il s’agit en fait d’une stra­té­gie au long cours de ter­ro­ri­sa­tion, de plus en plus grave. Pour ne citer que les épisodes lyon­nais les plus mar­quants sur cette ques­tion depuis début 2010 [2] :
- atta­que d’une manif anti­ra­ciste contre le projet de loi Besson ;
- attente et agres­sion de mili­tants syn­di­ca­lis­tes reconnus comme tel alors qu’ils vont au res­tau­rant, avec barres de fer et chaî­nes de vélo ;
- guet-apens de per­son­nes iso­lées sor­tant d’un concert dans un squat, à coups de barre de fer et de battes de base-ball ;
- agres­sion de mili­tants dif­fu­sant des tracts à l’entrée d’un lycée, au gomme-cogne ;
- suivi, attente et agres­sion vio­lente d’une per­sonne iden­ti­fiée comme étant proche d’anti­fas­cis­tes dans son hall d’immeu­ble.

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Nervis d’extrême-droite devant la cathédrale St Jean lors du Kiss-In

Il nous semble que Breivik, dans toute sa para­noïa et son délire, a pla­ni­fié, orga­nisé son mas­sa­cre en pre­nant la mesure de la haine dif­fu­sée à l’encontre des per­son­nes qui sont ici oppo­sées au racisme d’Etat, et celles en Norvège repré­sen­tant poli­ti­que­ment un sou­tien aux per­son­nes immi­grées. Tous les jours des mes­sa­ges de ce type sont publiés par de poten­tiels Breivik sur leurs sites de pro­pa­gande, de Novopress [3] à Fdesouche [4], comme sur les forums des jour­naux indus­triels, du Progrès au Figaro en pas­sant Libération, qui leur ser­vent de for­mi­da­bles cais­ses de réso­nance.

En abat­tant froi­de­ment des dizai­nes de jeunes du Parti tra­vailliste, Breivik cher­che à mon­trer à cette mou­vance isla­mo­phobe plus ou moins orga­ni­sée tout à la fois une cible et un modus ope­randi à suivre. Cette mou­vance s’y reconnait d’ailleurs : elle dénonce dans cet atten­tat un com­plot franc-maçon tout en for­mu­lant des mena­ces simi­lai­res à peine voi­lées et en trou­vant des excu­ses au mas­sa­cre (Riposte Laïque, Bloc Identitaire, etc.).

" Pourquoi a-t-il ciblé ses com­pa­trio­tes et non ceux qui font l’objet de ce qui serait, d’après la presse, sa haine ordi­naire, les musul­mans ? Si la chose était avérée, je l’expli­que­rais tout sim­ple­ment par le détour­ne­ment de sa haine envers ceux qui ont toléré, rendu pos­si­ble ce mul­ti­cultu­ra­lisme et le rem­pla­ce­ment de popu­la­tion qui lui serait devenu insup­por­ta­ble. "
Riposte Laïque [5]

L’extrême-droite lyon­naise, néo-nazie ou « iden­ti­taire », n’a elle pas attendu Breivik, même si ses actes peu­vent paraî­tre anec­do­ti­ques au regard d’Utoeya. Cette vio­lence prend la forme quasi reli­gieuse d’une puni­tion à l’égard non pas des immi­gré-e-s mais de celles et ceux, qui, cons­ciem­ment, volon­tai­re­ment, pen­sent que l’immi­gra­tion ne doit pas servir de main d’oeuvre cor­véa­ble à merci qu’on jette quand on n’en a plus besoin, qui refu­sent qu’une reli­gion fasse office de bouc-émissaire cari­ca­tu­ral, ou qui n’ont pas le sen­ti­ment para­noïa­que de perdre leur culture (cari­ca­tu­rée, fan­tas­mée) au contact des autres.

L’acte lui-même de Breivik, par son carac­tère mons­trueux, de masse, a pour effet (ou pour but) de désin­hi­ber la vio­lence des isla­mo­pho­bes, en la légi­ti­mant théo­ri­que­ment d’une part, et d’autre part en ren­dant mineure toute future agres­sion. Il faudra long­temps espé­rons-le avant qu’un mas­sa­cre de cette ampleur ait à nou­veau lieu en Europe mais il reste toute la place à ces vio­len­ces quo­ti­dien­nes, de har­cè­le­ment, atté­nuées par avance par la radi­ca­lité de cette décla­ra­tion de guerre.

Breivik, un nazi ? Identitaire plutôt

Alors que l’on se plait chez nos éditocrates à nous res­sor­tir le cliché des nazis, et avec elle une peste brune cari­ca­tu­rale, tatouée jusqu’au cou, bête à manger du foin avec une pas­sion com­pul­sive pour l’ico­no­gra­phie de la seconde guerre mon­diale [6], il nous semble impor­tant d’ana­ly­ser le dis­cours de Breivik pour le situer clai­re­ment dans la famille de l’extrême-droite. Il se dis­so­cie très clai­re­ment des nazis [7], dont il qua­li­fie l’idéo­lo­gie de « hai­neuse ». Il appa­raît beau­coup plus proche théo­ri­que­ment des Identitaires, implan­tés entre autres à Lyon, notam­ment :
- par la cen­tra­lité de son isla­mo­pho­bie ;
- à tra­vers la para­noïa d’une extinc­tion cultu­relle de l’Ouest de l’Europe (l’Occident) ;
- par son sou­tien affirmé à la poli­ti­que de l’Etat israë­lien [8].

Accessoirement, il est en rup­ture avec une extrême-droite par­le­men­ta­ri­sée, plus rin­garde théo­ri­que­ment, et peut-être moins radi­cale dans ses propos. Pour autant il n’est pas hos­tile à la conquête du pou­voir par les urnes, comme nos Identitaires, tandis que chez les néo-nazis cela tient actuel­le­ment de l’épiphénomène. Les Identitaires ont bien reconnu leur proxi­mité théo­ri­que, en héber­geant rapi­de­ment en Russie la vidéo de Breivik pour pou­voir la dif­fu­ser à la une de leur pseudo agence de presse [9] Novopress le len­de­main du mas­sa­cre, ainsi que son traité pra­ti­que de ter­ro­ri­sa­tion.

La ques­tion qui taraude : com­bien d’Identitaires fran­çais ont-ils reçu le mail de Breivik du 21 juillet qui conte­nait son opus­cule [10] ? Il est à peu près sûr que cer­tains l’ont reçu, étant donné
- les liens qui ne sont plus à démon­trer du nor­vé­gien avec l’English Defence League anglaise [11] ;
- les rela­tions étroites des Identitaires fran­çais avec le groupe anglais, qui s’était déplacé en masse pour la marche avor­tée « des cochons » à Lyon, en mai der­nier [12] ;

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- l’uti­li­sa­tion impor­tante de Facebook parmi les deux grou­pes, l’un des moyens appa­rem­ment par lequel Breivik com­mu­ni­quait inter­na­tio­na­le­ment et sur­tout grâce auquel il a choisi les des­ti­na­tai­res de son docu­ment. On saura cer­tai­ne­ment pro­chai­ne­ment qui de nos petits iden­ti­tai­res lyon­nais l’a reçu.

Une stratégie médiatique

Enfin, ce qui rap­pro­che le plus Breivik des « Identitaires » c’est sa stra­té­gie média­ti­que uti­li­sant l’ensem­ble des tech­ni­ques de com’ qu’on peut appren­dre dans une Ecole de Commerce. Teaser, vidéo, stra­té­gie en réseaux sociaux, maî­trise de son image [13], com­mu­ni­ca­tion gra­phi­que et mar­quante, com­pré­hen­sion pré­cise du fonc­tion­ne­ment des jour­na­lis­tes et des jour­naux [14], notion d’événement, de buzz, etc. Rien ne manque à la pano­plie du serial killer mar­ke­teur, comme à celle du radi­cal hai­neux d’extrême-droite déguisé en petit citoyen inof­fen­sif amou­reux de son picrate. Ca tombe bien, ils ont des « concepts » qu’on peut faci­le­ment repren­dre : depuis la presse qui donne un for­mi­da­ble écho à un ras­sem­ble­ment ridi­cule à Lyon, jusqu’à l’assem­blée natio­nale et l’igno­ble apéro sau­cis­son-pinard isla­mo­phobe pour la partie voyante et décom­plexée, le reste se retrou­vant dans des textes de lois. Jusqu’au jour où le masque du concept tombe et que le monde entier voit clair dans ce jeu.

De Lyon, nous envoyons un salut fra­ter­nel et déter­miné à toutes les per­son­nes tou­chées par cette froide et machia­vé­li­que décla­ra­tion de guerre.

Le nombre d’arti­cles sur le sujet sur inter­net est énorme, ci-des­sous quel­ques liens pour une mise en pers­pec­tive :
- Carnage d’Oslo : les droi­tes ultras fuient leurs res­pon­sa­bi­li­tés., com­pre­nant une mise en pers­pec­tive avec la situa­tion lyon­naise. (LePost.fr)
- Petites réflexions sur l’atten­tat et le mas­sa­cre per­pé­tré à Oslo. (bibifa.word­press.com)
- Des enne­mis ima­gi­nai­res qui font de vrais morts, avec entre autres infos inté­res­san­tes, une ana­lyse gra­phi­que de l’implan­ta­tion du terme « de souche » dans le champ lexi­cal.
- D’Oslo : « inex­cu­sa­ble » drame face au danger d’extrême droite, - inter­view de Mad Andreas, Institut de Sciences-Politique à Paris (rue89)
- À propos de la foca­li­sa­tion pre­mière des médias sur un atten­tat sup­posé « isla­mi­que », voir pour rappel un papier de 1995 dans le monde diplo­ma­ti­que, inti­tulé Experts en ter­ro­risme et fai­sant suite à l’atten­tat d’Oklahoma.
- Les réac­tions de l’extrême-droite fran­çaise sont très inté­res­san­tes. Plus inté­res­sante encore sont les réac­tions d’une partie de la droite (UMP, droite popu­laire) qui porte plainte contre le MRAP, suite au com­mu­ni­qué publié dans la presse.
Coté Front National, après les réac­tions de Gollnish, voici deux cap­tu­res d’écran assez éloquentes de la posi­tion de deux cadres de ce parti, dont un membre de son bureau poli­ti­que :
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Capture ecran blog Jacques COUTELA (FN)
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Capture ecran twitter de Laurent Ozon (FN)

Portfolio

Banderole unitaireNervis d'extrême-droite devant la cathédrale St Jean lors du (...)Capture ecran twitter de Laurent Ozon (FN)Capture ecran blog Jacques COUTELA (FN)Un membre de l'EDL à l'entrée du local des identitaires lyonnais, (...)

Notes

[1] Sur la notion de « Lone wolf », voir Le cas Anders Behring Breivik : un imaginaire de « lone wolf » ? sur le blog Droites Extremes.

[2] Pour une liste plus exhaustive, voir l’article Retour sur 2 ans de lutte à Lyon contre l’extrême-droite et ses agressions.

[3] Les identitaires ont publié sur leur pseudo agence de presse, novopress, plusieurs articles au sujet du massacre. Après avoir affirmé que les liens d’extrême droite sur la page Facebook du tueur étaient le résultat d’un montage (Gabriac, es-tu là ?), ils se sont empressés de publier la vidéo du tueur, apologie de la croisade moderne contre l’islam.

[4] Fdesouche, après avoir recueilli des milliers de commentaires racistes, dont un grand nombre ne se privent pas d’approuver le massacre, au nom notamment d’une prétendue inévitable guerre civile européenne, titre en Une : « Immigration en Norvège : on ne reconnaît plus notre pays ! »histoire de légitimer un peu plus le massacre. voir notamment l’article Lu sur Fdesouche : Anders Behring Breivik « a des arguments cohérents ».

[5] Pour ne citer que cet article de Sylvia Bourdon du 25 juillet, d’autres du même acabit sont disponibles sur ce site, qui a pour vocation de fournir des kits d’argumentaires islamophobes tout prêts.

[6] Du genre de celle que nous offre régulièrement le site FafWatch.

[7] Sur Lyon, les Identitaires ne manquent pas non plus une occasion pour tenter de se dissocier publiquement des néo-nazis, stratégie électorale oblige, mais leurs fréquentations communes sont nombreuses et ils ne sont franchement pas assez nombreux pour organiser un rassemblement sans le renfort de ces troupes moins présentables. Le stade de Gerland sert de point de rencontre entre les deux groupes.

[8] Sur le soutien de Breivik à Israël et sa proximité théorique avec les auteurs israëliens les plus conservateurs voir les recensions de Nidal

[9] Qui ne trompe que Google News.

[10] Breivik aurait envoyé à 5700 contacts son manuel, ne voulant pas risquer sa non-diffusion par l’échec possible de son action. Le nombre est suffisamment large pour ne pas trop impliquer judiciairement les destinataires, mais pas assez important pour ne pas marquer localement ses contacts.

[11] English Defence League, pour voir les liens suivre le compte Twitter @everythingedl de veille antifasciste sur le groupe islamophobe anglais. Voir aussi le site associé : Exposing The English Defence League (en) ainsi que les nombreuses captures d’écran à charge

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Un membre de l’EDL à l’entrée du local des identitaires lyonnais, Montée du Change à Saint-Jean

[12] L’EDL avait notamment été invité à Lyon par le Bloc identitaire à l’occasion de leur rassemblement du 14 mai dernier.

[13] Quand on voit sa tête sur les dernières photos, elles n’ont pas grand chose à voir avec celles du jeune blondinet diffusées dans un premier temps : c’était celle qui était le plus facilement retrouvable sur internet, son « avatar Twitter ».

[14] Qui ont ainsi, avec les réseaux sociaux, aidé à la diffusion massive de sa propagande, ce qui semble avoir été l’un de ses objectifs.

 

Communauté : les amis du negatif
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